"Un cartésien désabusé", ainsi se définit Gaspard Proust : "Je pense donc je suis... mais je m'en fous !"
Si cogito ergo sum, il est de mon devoir de douter, d'utiliser tous mes sens pour imaginer et (res)sentir, concevoir et bâtir, vouloir et refuser. Serai-je ainsi conduite plus loin que je ne le pense ? Je l'espère et le crains à la fois...
Mais sautons allégrement de Descartes à Pascal. "L'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant". Ainsi cet être fragile aperçoit sa condition, et c'est par sa conscience qu'il se représence la place qu'il occupe dans l'univers, cela lui confère sa dignité. C'est de penser qui fait sa force. Et de se connaître ; faible comme le roseau de La Fontaine, à moins de se connaître étranger ?
Je ne ferai pas à mes bien-aimés lecteurs l'affront de leur rappeler la fable de La Fontaine, Le chêne et le roseau. Par contre, Jean Anouilh en a tiré un pastiche, une sorte de continuité de la fable, où il inverse les rôles : le roseau est arrogant et le chêne reste digne, même à l'instant de sa mort.
Le chêne un jour dit au roseau :
« N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
La morale en est détestable ;
Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots.
Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop,
Le pli de l'humaine nature ? »
« Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ;
Le vent qui secoue vos ramures
(Si je puis en juger à niveau de roseau)
Pourrait vous prouver, d'aventure,
Que nous autres, petites gens,
Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents,
Dont la petite vie est le souci constant,
Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde
Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. »
Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde.
Et le souffle profond qui dévaste les bois,
Tout comme la première fois,
Jette le chêne fier qui le narguait par terre.
« Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé -
Il se tenait courbé par un reste de vent -
Qu'en dites-vous donc mon compère ?
(Il ne se fût jamais permis ce mot avant)
Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ?"
On sentait dans sa voix sa haine
Satisfaite. Son morne regard allumé.
Le géant, qui souffrait, blessé,
De mille morts, de mille peines,
Eut un sourire triste et beau ;
Et, avant de mourir, regardant le roseau,
Lui dit : "Je suis encore un chêne."
Alors, chêne ou roseau ? Qui suis-je ? Ou cours-je ? Dans quel état j'erre ? Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est que je partage avec Vian cette définition : "L'humour est la politesse du désespoir."
Du même : "l'Homme est un animal gai et inconsolable"
Rédigé par : JeanBalthazar | 17 janvier 2011 à 20:57
Alors que "la femme est le chef-d'oeuvre de Dieu, surtout quand elle a le diable au corps." (A. Allais)
Rédigé par : Pépites & Lambeaux | 18 janvier 2011 à 06:47
Laquelle ? Eve ou Lilith ?
Rédigé par : JeanBalthazar | 18 janvier 2011 à 13:19
Voyons, JB, ignorerais-tu que dans chaque femme, brune ou blonde, jeune ou vieille, canon ou laideron, Marie-Madeleine ou Marie-Noëlle..., il y a un succube qui sommeille ?
Rédigé par : Caritate | 18 janvier 2011 à 13:36
Hé bien succubons à la tentation .
Rédigé par : Louis | 18 janvier 2011 à 13:54
Il ne faut jamais refuser ce qui peut nous faire du bien ! A moins d'être maso !
Rédigé par : Caritate | 18 janvier 2011 à 14:38
L'homme est un roseau pensant, la femme un roseau dépensant.
Période de soldes oblige, n'est-ce pas ?
Rédigé par : Le Nain | 18 janvier 2011 à 14:44
Il est vrai, Le Nain, que nous prenons plaisir à (nous) dépenser sans compter pour ceux que nous aimons !
Rédigé par : Caritate | 18 janvier 2011 à 14:53
"Je sens, donc je suis."
Rédigé par : Jeanne | 18 janvier 2011 à 16:27
Je renifle, donc j'agis
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 18 janvier 2011 à 18:38
"Nihil est in intellectu quod non prius in sensu"
Je sais cela fait bouffon, mais c'est tellement vrai.
Rédigé par : JeanBalthazar | 18 janvier 2011 à 19:29
Oui mais si après avoir éprouvé la sensation, il arrive qu'une femme dans un second temps devienne intelligente, sera-t-elle condamnée à n'être aimée que par un pédéraste ?
Rédigé par : PS & LL | 19 janvier 2011 à 01:30
Si j'ai compris le propos auquel tu fais allusion : cette femme sera toujours aimée en vertu de la sensation première et tant mieux si son intelligence, du temps, empêche l'effet d'usure ou tant pis si cela la rendait plus raisonnante, car Platon est un con et son idéal ascétique une usine à petits girons et vieux dégueulasses.
Rédigé par : JeanBalthazar | 19 janvier 2011 à 10:46
Larguée, je suis larguée, sur mon popre blog ! Complètement à l'ouest, bien plus que ne l'est, selon les dires, PS & LL ! Je regrette bien d'avoir longtemps préféré les math à la philo ; à quoi me servent les math, aujourd'hui, à compter les points ? Alors que la philo me permettrait - peut-être - de déchiffrer certains propos de mes commentateurs parfois trop abscons. J'ai du mal à dépasser le binaire : 0-1 ou oui-non !!!
Rédigé par : Caritate | 19 janvier 2011 à 13:07
1. C'est la sensation qui génère l'élan amoureux
2.1 L'intelligence peut pallier l'émoussement de la sensation en intériorisant (je préfère à "en rationalisant") le vécu amoureux.
2.2 L'intelligence peut aussi être l'eau que l'on jette sur la braise au prétexte de raison, bonne ou mauvaise d'ailleurs et peu importe.
3. Platon privilégie l'Idée (et un Idéal corollaire), donc accessible en seule intelligence, comme le chemin vers la Vérité de l'Etre. Ce positionnement disqualifie la conception de l'être comme vérité d'abord sensible et possiblement suffisante comme telle.
Je pourrais aussi montrer mes lucioles, mais je craindrais que ce raccourci pédagogique ne soit pas plus explicite.
Sincèrement désolé d'être peu ou pas compréhensible ; je vais corriger cela.
Rédigé par : JeanBalthazar | 19 janvier 2011 à 13:55
Une bonne intelligence émotionnelle... le rêve
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 20 janvier 2011 à 20:17