Les roses de Saadi
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées,
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Elégies à celles qui pleurent
Vous surtout que je plains si vous n'êtes chéries,
vous surtout qui souffrez, je vous prends pour mes soeurs ;
c' est à vous qu'elles vont, mes lentes rêveries,
et de mes pleurs chantés les amères douceurs.
Prisonnière en ce livre une âme est contenue.
Ouvrez, lisez : comptez les jours que j'ai soufferts.
Pleureuses de ce monde où je passe inconnue,
rêvez sur cette cendre et trempez-y vos fers.
Chantez ! Un chant de femme attendrit la souffrance.
Aimez ! Plus que l'amour la haine fait souffrir.
Donnez ! La charité relève l'espérance :
tant que l'on peut donner on ne veut pas mourir !
Si vous n'avez le temps d'écrire aussi vos larmes,
laissez-les de vos yeux descendre sur ces vers.
Absoudre, c' est prier. Prier, ce sont nos armes.
Absolvez de mon sort les feuillets entrouverts !
Pour livrer sa pensée au vent de la parole,
s'il faut avoir perdu quelque peu sa raison,
qui donne son secret est plus tendre que folle :
méprise-t-on l'oiseau qui répand sa chanson ?
Les commentaires récents