Mais qu'est-ce qu'ils ont tous les journaux depuis quelque temps à nous bassiner avec la rétrosexualité ? C'est la nouvelle mode : être rétrosexuel est dans l'air du temps. Vous n'avez pas un(e) ex qui traîne quelque part ? C'est que vous n'avez pas bien cherché. Un Français sur quatre recherche un ex, c'est ce que disent les statistiques. Copainsdavant, Facebook, LinkedIn... sont là pour vous aider. Inscrivez-vous, tapez le nom de votre chéri(e) d'antan... et le miracle se produit ! Tu te souviens de moi ? Mais bien sûr. Que deviens-tu ? Tu sais, je ne t'ai jamais oublié(e)... Quelques échanges de mails, puis un rendez-vous, pourquoi pas ? Les rapports sont sublimés. Alors évoquer ensemble des souvenirs du passé ne pourra que faire du bien à l'âme. Fébrile, vous voilà prêt(e) à le/la rencontrer. Est-ce lui, cet homme au crâne dégarni qui portait cheveux longs (mais pas idées courtes) en classe de terminale ? Est-ce elle, cette femme grassouillette, qui avait la silhouette d'une sylphide mais des fesses charnues ? Les années ont passé, vous avez changé, l'autre aussi, ce n'est que justice. Et maintenant, que fait-on ? "Ne sois pas sotte, dis-moi de monter !" Marianne se gausse : "Désolée, même si c'est une histoire ancienne, j'ai besoin de préliminaires..."
Les journaux, les réseaux sociaux, des émissions de télévision s'emparent du phénomène. Et bien entendu, les psycho, les socio, les -logues et les -thérapeutes y vont de leur ritournelle. C'est qu'il faut analyser la rétrosexualité ! Et pourquoi ? et comment ? problème de société ? problème d'individu ?... Toutes les questions sont posées, toutes les réponses sont données. A chacun(e) de choisir celle qui lui convient. Parce que chaque cas est unique, chaque motivation est différente. Certain(e)s ont peur de vieillir et s'imaginent que leur amour d'antan les verra toujours avec des yeux d'adolescent(e). D'autres veulent vérifier qu'ils ont gardé leur pouvoir de séduction. D'autres encore mijotent une vengeance, ah ! tu m'a quitté(e), eh bien cette fois, quand je t'aurai à nouveau séduite(e), je te laisserai tomber comme une vieille chaussette ! Les motivations des individus ne sont pas claires dans ces amours rétrosexuelles, souvent magnifiées comme tout souvenir de jeunesse. Parfois (souvent), ils ne seront pas au diapason, l'un tombe en pamoison, l'autre tourne tout en dérision.
Et puis, il y a ceux qui aiment toujours leur ancien amour, sans nostalgie, ils savent que le passé est le passé, ils sont conscients qu'ils ont changé l'un et l'autre, mais sont persuadés qu'une nouvelle vie est possible, qu'ils ont encore tant à partager, leurs souvenirs bien sûr, mais aussi l'avenir qui s'offre à eux. Ceux-là passeront pour des utopistes, des fêlés du bocal, voire des égoïstes s'ils décident sur le tard de tout recommencer à zéro. Ils seront bien souvent montrés du doigt, mais surtout enviés, car "on a tous dans l'cœur une petite fille oubliée, une jupe plissée, queue d'cheval à la sortie du lycée", qu'il s'agisse d'une petite fille aimée ou d'une petite fille amoureuse ! Mais qui peut savoir s'ils ne se trompent pas, eux aussi.
A la demande de certains lecteurs, avec le regret de ne pouvoir mettre ici l'interprétation de Cabrel, Youtube ayant désactivé la vidéo qu'on peut cependant voir sur http://www.youtube.com/watch?v=C27QQXWle6c
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