Monsieur Salmigondis se regarde dans la glace : quelle sale mine ce matin ! Il a passé une mauvaise nuit, l'estomac tout barbouillé, probablement à cause de ce ragoût de viandes diverses et réchauffées qu'il a dû ingurgiter hier soir. Ce ragoût était fade, il y a ajouté du sel pour en relever l'assaisonnement, mais sa main fut trop lourde... il ne parvenait plus à étancher sa pépie.
Déjà, au moment de l'apéritif, il avait englouti plusieurs tranches d'un gros saucisson de porc (ou de mulet peut-être ?) dont le diamètre laisse toujours songeuse la gente féminine ! Monsieur Mortadelle ayant fait récemment un voyage d'affaires en Italie, il en avait profité pour rapporter quelques produits du terroir, et surtout quelques bouteilles de Lambrusco dont il tenait à régaler ses convives...
Monsieur Salmigondis ne voit qu'un moyen pour se remettre d'aplomb : boire à nouveau. Il se rend dare-dare à son bistrot habituel, situé à deux pas, sur la place principale de son village, Sallaumines*. Il sait qu'il y fera de nouvelles rencontres, des personnes réunies là au hasard, dont certaines deviendront peut-être des piliers de "son" bar et qu'il aura plaisir à retrouver de temps à autre pour partager des moments de beuverie.
Il doit s'éclaircir les idées car il a un plat à confectionner pour se rendre ce soir chez les De Cervelas qui, n'étant pas - et c'est le moins qu'on puisse dire - de fins cordons-bleus, ont pour coutume de demander à leurs invités de venir avec un plat ou une partie du repas. En revanche, les De Cervelas sont d'authentiques bas-bleus, et les conversations seront comme à l'accoutumée fort intéressantes et non pas, comme chez bien d'autres hôtes, des croisements confus de discours disparates.
A 7 heures 58, il franchit la porte du bar et il la voit, elle est là, attablée devant un thé et quelques tartines de pain beurrées... Il apprendra, mais bien plus tard, qu'elle se nomme Brandade...
S'il vous plaît, ne me tenez pas rigueur si cette note n'est qu'un salmigondis !
* J'espère que plus personne de nos jours ne confond les monts de Sallaumines et les mines de Salomon.
Je me reconnais dans le cochon, où tout est bon de la tête à la queue. J'ai bien aimé cette astuce que je ne connaissais pas sur la ville de Sallaumines, bien qu'ayant vécu plus vingt à quelques kilomètres de là. Dans nos blagounettees d'enfants en Primaire il y avait les devinettes "quelle est la ville la plus pointue ?" Lens ; la plus légère ? Liège : la plus lourde ? Lourdes ; la plus féroce ? Lyon ; la plus sale ? Sallaumines (à cause du charbon qui salopait tout).
Je sens que la nouvelle tournure de ce blog en 2010 va nous enseigner plein, plein de choses. Déjà "Esperluette" hier était fort instructif.
Rédigé par : Grincheux Grave | 03 janvier 2010 à 08:32
Je suppose qu'aucun sens du mot "salmigondis" ne t'a échappé, lecteur matinal et grand amoureux de la langue française. Profitons de tels mots avant leur enfouissement dans les ténèbres de la bêtise humaine (je pèse mes mots).
Rédigé par : L'éphéméride de Caritate Libertine | 03 janvier 2010 à 08:50
Grand "amateur" du cochon, GG vous connaissez sans doute la QUARTICOLEMIE: méthode d'élevage des cochons, consistant à maintenir ces derniers dans une position tordue pour qu'au cours de leur engraissement le travers de porc soit redressé et qu'on obtienne ainsi du droit de porc.
Rédigé par : cruella | 03 janvier 2010 à 21:27
Monsieur Salmigondis se regarde dans la glace...
quelle sale pine tu as, ce matin, mon pauvre ballotin soupire t'il en inspectant, avec effort, un bout de cartilage coincé entre ses dents..
celles du fond, les pires, les plus tocardes, les premières à battre en retraite, les plus infâmes. Voilà t'y pas que je vais devoir me trainer chez ce foutu dentiste, moi et mes abattis. Il va encore se moquer de ma mine défaite, de ma pauvre pine, de mes boyaux enflés. Puis, à la vue de mon clavier, je vais voir les francs poincarés s'aligner dans ses mirettes...
Mortadelle, dieu des saucisses soit béni, veille au gras ! D'un prompt coup de Laguiole, la voilà qui lui raccourci la pignole. Et gloup, un belle tranche de saligondis vaudra pour toutes les pipes que j'ai dû lui infliger le bougre. Le voilà raccourci. Plus de dents, plus de pine.
Il ira son chemin, ainsi allégé. Mais deux fois plus vaillant.
Salmigondis le bref, nouveau roi des français et de la saucisse !!!
Rédigé par : Cath | 04 janvier 2010 à 15:51
Cruella, et pour la queue en tire-bouchon, on fait quoi ?
Cath, il paraît que certains apprécient les pipes d'édentées...
Rédigé par : Caritate | 04 janvier 2010 à 17:42
Pour tous les gens bons, le cochon fait figure de sale ami !
Rédigé par : Alius | 07 janvier 2010 à 08:17