Monsieur Candélabre, une espèce de grand chandelier dégingandé à sept branches, ne sait pas encore qu'il va se faire allumer par un petit bout de femme, une dénommée Mademoiselle Bougie, vêtue d'une robe rouge qui moule sa plastique irréprochable, elle dont on dit en se moquant : "trois pouces de jambes et le trou du cul tout de suite", lui grand comme une perche à houblon, qui trace la route à grandes enjambées.
Candélabre a fière allure, des épaules carrées, des traits réguliers, un visage qui attire les regards, tant masculins que féminins. Mais c'est un grand timide, sentimental aussi à ses heures. Il cache soigneusement sous une épaisse carapace d'humour ce qu'il considère comme des faiblesses.
Les joues rouges d'avoir tant couru pour le rattraper, la petite Bougie est maintenant parvenue à sa hauteur. Elle est attirée par Candélabre comme par un aimant. Elle vacille sur ses jambes, toute tremblante, c'est la première fois qu'elle rencontre l'amour, c'est pour elle un commencement...
C'est avec prudence qu'elle s'approche plus près de lui ; elle sait qu'elle doit tempérer le désir qu'elle éprouve. Si elle agit avec trop d'impudeur, il va la rejeter, pensant qu'elle est une fille de peu, une petite salope, et ce ne serait que justice qu'il la rabroue. Elle le dévore des yeux, admirative devant la force qui émane de sa personne.
Tout allumé, il la contemple alors qu'elle se livre à une envoûtante danse des sept voiles, dont le souffle pourtant si léger le fait trembler sur ses bobèches. Une fragrance subtile émane d'elle, mélange de son parfum favori, "Ange ou Démon", et de délicates odeurs corporelles attisées par les tourbillons de la danse.
Elle ne serait pas charitable si elle se refusait maintenant à lui, alors qu'il n'a plus qu'une envie, la serrer contre lui, l'embrasser à bouche-que-veux-tu, alors qu'il il sent grandir en lui l'espérance de caresses bien plus intimes. Bougie tourbillonne autour de lui, amplifiant ses mouvements de hanches, enflammée par le regard qu'il porte sur elle.
Bougie est une toute jeune fille, qui a foi en l'amour. Et qui ignore qu'elle va se brûler les ailes à trop frôler Candélabre ! Pourtant, malgré toutes les souffrances qu'il lui infligera au fil des ans et qui ne cicatriseront pas, sa passion pour lui ne s'éteindra jamais et elle ne pensera pas un seul instant à le moucher !
Mon dieu que ce texte est beau... je suis jalouse !
Et Dame Caritate... j'ai beau détester les conventions de ce genre... une bonne année à la femme qui me fait rêver chaque jour, ou rire...
Rédigé par : Blandine | 05 janvier 2010 à 09:56
Votre éphéméride prend un tour admirable que seule la consommation effrénée de stropharias, conocybes et autres psilocybes peut expliquer.
Mais je suis inquiet, Caritate, car avec une telle consommation vous risquez de ne pas tenir toute l'année 2010...
J'ai donc décidé de vous venir en aide en vous donnant quelques noms de saints peu connus mais qui devraient vous inspirer. Il s'agit de saint métaphraste, de saint bédane, de saint géromé, de sainte emblavure, de sainte monoblepsie, et de l'incontournable saint bousingot (celui que je préfère) qui fit beaucoup de bruit à son époque.
J'attends avec grande impatience la suite...
Rédigé par : Géronte | 05 janvier 2010 à 19:12
J'ai le souffle coupé !
Rédigé par : Julie | 05 janvier 2010 à 22:07
Je suis charmée par ce texte, Caritate, je voudrais encore être une une petite bougie, moi qui me sent plutôt grosse chandelle........
Rédigé par : Tatami | 06 janvier 2010 à 17:36
L'important est de porter la lumière...
Rédigé par : Caritate | 06 janvier 2010 à 17:43
Géronte, vous avez raison ; comme j'ai arrêté la consommation de substances illicites (une bonne résolution pour la nouvelle année !), l'inspiration va rapidement me faire défaut, malgré vos suggestions... Et je suis envahie d'une grande lassitude, le sevrage peut-être ? Je crois que je vais faire long feu...
Rédigé par : Caritate | 07 janvier 2010 à 10:13