La Toussaint, c'est la fête de tous les saints ! Sans blague ! C'est pour ça qu'on fête les morts ; ce n'est pourtant que demain la fête des défunts. Il y a des choses qui m'échappent !
La Toussaint, ce sont des souvenirs d'enfance : le froid, souvent les premières gelées, un nouveau manteau, une nouvelle écharpe, souvent un bonnet assorti et des gants, des chaussures fourrées, et les marrons chauds à la sortie du cimetière. L'odeur un peu âcre des chrysanthèmes. Les "bonjour, comment allez-vous ?" à ceux qu'on ne rencontre qu'une fois l'an, que l'on oubliera jusqu'au 1er novembre prochain. Le tour du cimetière, pour voir quelle est la tombe la mieux fleurie - un concours ? - et les commentaires, soit pour s'extasier devant la prolifération de "potées", soit pour constater qu'aussitôt enterré, aussitôt oublié !
J'avais droit à la visite de deux cimetières, l'un qui m'emplissait de tristesse réelle, me renvoyant plus encore à ma condition d'orpheline ; l'autre me faisant équarquiller les yeux, tourner la tête dans tous les sens comme une girouette, à la recherche d'une personne connue, au milieu des siens... La dernière fois que je suis retournée dans ces deux cimetières, j'ai ressenti exactement les mêmes impressions que dans ma jeunesse; J'ai vérifié ce qui est écrit souvent sur les tombes : le temps passe, le souvenir reste.
Irai-je encore un jour sur ces tombes familiales ? Elles sont si loin par la distance, si proches par la pensée. Pourquoi suis-je si loin de mes racines ? J'en ressens chaque année plus profondément la blessure. L'an prochain, peut-être ? Si Dieu me prête vie.
Tiré d'un livre étrange qui s'appelle "lettres d'adieu", la dernière lettre envoyée par Louis Ferdinand, la veille de sa mort. Elle est adressée à Gaston GALLIMARD.
"Mon cher Editeur et ami
Je crois qu'il va être temps de nous lier par un autre contrat pour mon prochain roman "RIGODON"...dans les termes du précédent sauf la somme -1500 NF au lieu de 1000- sinon je loue, moi aussi, un tracteur et vais défoncer la NRF, et pars saboter tous les bachots !
Qu'on se le dise !
Bien amicalement votre
DESTOUCHES
(il meurt le lendemain d'une rupture d'anévrisme)
Rédigé par : Géronte | 01 novembre 2009 à 17:52
Même si j'arrive un peu tard pour vous le dire... peu importent les distances, ce genre de "rendez-vous" n'a pas de jour précis. Quand on peut, quand on en ressent le besoin.
Vos racines seront toujours là où vous placerez votre coeur. Et Dieu a bien intérêt à vous prêter vie, ma Dame. On a bien besoin ici de celle qui nous fera la litanie des saints.
Rédigé par : Blandine | 02 novembre 2009 à 01:39
Bien précieux commentaires...
Le trait de L.F est étonnamment représentatif, me semble-t'il, des éternels conflits amicaux entre auteurs et éditeurs. Sans doute CariLi
serait-elle plus à même d'en parler.
Quant à cette fête des morts, elle me fait chaque fois plonger avec une délectation bien difficile à définir dans la présence chaleureuse des disparus. Il existe tant de sociétés ou civilisations qui vivent avec au quotidien.
Rédigé par : Le fils Goriot | 02 novembre 2009 à 04:07
Bonjour CariLi ,
alors l'année prochaine si vous venez dans le Nord, je vous invite à monter un peu plus haut encore et à venir vers vos racines belges . Je peux vous loger , si Dieu me prête vie jusqu'à là .
Je ne suis plus venue commenter parce que je suis totalement dépassée par votre niveau de culture, mais j'apprends toujours en vous lisant ...
Rédigé par : Julie | 02 novembre 2009 à 11:16
JULIE, je vais vous décevoir, je vais lever le pied sur mes notes, je n'en écrirai plus quotidiennement ; d'une part, j'ai besoin de prendre du recul par rapport à la blogosphère, d'autre part je vais disposer de beaucoup moins de temps. Et cessez donc de m'admirer ! Tout individu mis sur un piédestal est destiné à en tomber... à plus au moins long terme, même (et surtout) quand on ne veut pas le voir tel qu'il est ! Je vous écris en particulier... en attendant d'accepter votre invitation.
Rédigé par : Caritate | 02 novembre 2009 à 12:51
Alors soyez rassurée , je ne vous admire pas VOUS , Caritate mais vos connaissances ainsi que l'ordre et la méthode qui se dégage de votre blog ! Il y a une nuance et elle est de taille . C'est intéressant pour moi de venir vous lire, voilà tout...parce que j'ai une soif d'apprendre . Et que je persiste à dire que c'est intéressant ici . Et détrompez vous aussi je ne vais pas être déçue si vous prenez la décision de lever le pied . Tout cela vous appartient et vous avez sans doute de bonnes raisons de le faire .
Auriez vous du mal à recevoir des compliments , qui ne sont point un jeu de séduction ou des jeux de mots , mais un élan spontané .
Si je vous ai agacée , j'en suis désolée ! Cela m'aura au moins valu une réaction de votre part !
Rédigé par : Julie | 02 novembre 2009 à 18:37
Soyez rassurée, Julie, vous ne risquez pas de m'agacer, bien au contraire. J'aime bien votre allusion aux compliments, je vais m'interroger sur cette question ! Et quand je "monterai", je pousserai jusqu'à Bruxelles, j'ai tellement hâte de retrouver mes racines, bientôt il sera trop tard.
Rédigé par : L'éphéméride de Caritate Libertine | 02 novembre 2009 à 19:01