Le "bon roi René" fut tour à tour duc d'Anjou, comte de Provence, duc de Bar, duc de Lorraine, roi de Naples, titulaire de Sicile et roi nominal de Jérusalem. Deuxième fils de Louis II d'Anjou, roi de Sicile, et de Yolande d'Aragon, frère cadet du chimérique Louis III, il naquit le 16 janvier 1409 au château d'Angers. Orphelin à 9 ans, il fut marié à Isabelle, fille et héritière du duc Charles II de Lorraine, le 24 octobre 1420. Elevé par son oncle, le cardinal Louis de Bar, et par son beau-père, il succéda au premier en 1430 et au second l'année suivante. Beau-frère du roi Charles VII, il assiste au sacre de Reims en 1429, ce qui lui attire l'animosité de Philippe le Bon. Battu et captif des Bourguignons, il fut libéré en échange de ses fils Jean et Louis. lui fut confirmé à Bâle en 1434 par l'empereur Sigismond de Luxembourg lui confirma son titre de duc de Lorraine à Bâle, mais Philippe le Bon contesta cette décison, il l'emprisonna à nouveau pour ne le libéraer contre rançon qu'en 1437. Trois ans plus tôt, à la mort de son frère Louis III, il avait hérité de l'Anjou et de la Provence, mais aussi des droits sur le royaume de Naples. Une fois libéré, il tenta de s'imposer à Naples où il s'était installé dès 1438. Mais attaqué par Alphonse d'Aragon, assiégé durant plusieurs mois, il renonça et rentra en France, ne gardant de son royaume que le titre (1442). Toujours ami de Charles VII, il contribua à l'arrêt des luttes franco-anglaises et maria sa fille Marguerite à Henri VI d'Angleterre en 1445. Après la mort de sa femme, il tenta à nouveau vainement de faire valoir ses droits sur le royaume de Naples, transmit le duché de Lorraine à Jean de Calabre et confia l'administration du duché de Bar à son gendre.
Remarié à Jeanne de Laval, il renonça alors à la grande politique et voyagea de l'une à l'autre des provinces qui lui restaient, l'Anjou et la Provence, comme on le faisait couramment à l'époque, par la Loire et le Rhône, s'attachant à restaurer leur prospérité économique et se consacrant à la réforme de leur administration. En Provence furent créés un général des Finances, un receveur général des Finances, un grand président de la Chambre des comptes et un maître des ports, percevant une taxe sur les blés, les peaux, etc. ainsi qu'un général des Monnaies.
Dans ses différentes résidences, il se livra à l'étude et à la pratique des lettres, des arts et des sciences, car c'était un esprit cultivé et un mécène éclairé qui protégea les artistes, comme Nicolas Froment, l'auteur du Buisson ardent, cet admirable triptyque de la cathédrale d'Aix. Il était aimé pour sa générosité, sa participation aux fêtes, sa simplicité envers les petites gens. Il se retire en Provence en laissant son neveu Louis XI intervenir en Anjou, mais ce dernier fit saisir ses duchés de Bar et d'Anjou, qu'il récupéra en promettant de choisir pour héritier Charles du Maine, lequel, à sa mort, fut contraint de les abandonner à Louis XI.
Homme d'action malchanceux, piètre politique, il laissa le souvenir d'un prince débonnaire qui sut ramener la prospérité dans ses États et dont la mémoire resta longtemps populaire. Il a composé plusieurs ouvrages ornés de miniatures, comme le Mortifiement de vaine plaisance et le Cœur d'amour épris. Il est enterré à la cathédrale d'Angers.
Si vous séjournez à Aix-en-Provence, testez le Grand Hôtel du Roi René, situé au centre de la ville de Cézanne, proche du Cours Mirabeau et du quartier des affaires. Cet hôtel vous invite à découvrir ses chambres chaleureuses, sa table raffinée aux saveurs du Sud, ses salles de réunion fonctionnelles. Dans la ville aux 100 fontaines, son patio fleuri vous offre un havre de paix en terrasse ou au bord de la piscine.
Un site d'un genre un peu particulier vous propose une autre façon de découvrir le Roi René.
Il est curieux de constater que les nullités politiques laissent les meilleurs souvenirs dans l'inconscient des peuples. Finalement, nos politiques qui s'agitent en tout sens pour laisser un nom dans l'Histoire devraient méditer sur le roi René.
Sinon, la meilleure biographie que je connaisse sur ce personnage est celle de Jean Favier publiée l'an dernier chez Fayard.
Rédigé par : Le Nain | 19 octobre 2009 à 08:22
Bonjour...Belle occasion d'escapade à Aix, effectivement, où le roi René est incontournable, pour le moins.
Merci pour la référence de la biographie.
Rédigé par : JeanMarc | 19 octobre 2009 à 09:23
Jean Favier, que j'ai eu l'heur de rencontrer lorsqu'il était directeur des Archives nationales (dont je dépendais alors par le biais des Archives d'Outre-Mer à Aix), un homme d'une culture immense, passionné et passionnant. Merci, Le Nain, de le citer ici.
Rédigé par : Caritate Libertine | 19 octobre 2009 à 10:17
J'ai lu quasiment tous les livres de Favier, y compris "De l'or et des épices" où l'auteur sait rendre un passionnant un sujet plutôt aride.
Rédigé par : Le Nain | 19 octobre 2009 à 11:53
Heu...Je crois que l'Histoire a largement enjolivé le caractère du personnage. Les provençaux, qui ont eu à payer sa rançon, doivent-ils vraiment se féliciter de l'avoir eu pour roi ? Je pense avoir lu des choses contradictoires là-dessus. Mais c'est bien loin et puis après tout, ne gardons que les bonnes choses en bouche...
Rédigé par : Roberto | 19 octobre 2009 à 20:55
Oui, il est certain que le "bon" roi René est très controversé... Ne gardons que le meilleur, de lui comme des autres humains...
Rédigé par : Caritate Libertine | 19 octobre 2009 à 21:29
En bref, une "fin de race" dont la soi-disante popularité a pour unique origine le troupeau servile des artistes de l'époque et de la noblesse loco-régionale qu'il caressa de ses largesses dans la dernière partie de sa vie, ie une fois viré de tous les "trônes et couronnes" auxquels il prétendit.
A propos, les provençaux l'ont eu pour comte et non pour roi.
Ach ! la jet-set déjà !
ps : merci à caritate de regrouper ici et maintenant quelques amateurs de Favier ; la magie éphémère des blogs sans doute. A bientôt pour Duby.
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 19 octobre 2009 à 22:09
Bon, j'ai peut-être été trop sévère : le "Bon Roi René" aurait introduit le raisin muscat en provence.
Comme le dirait Bart : Putain, ça calme !
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 20 octobre 2009 à 00:04