« À d'austères devoirs le rang de femme engage,
Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,
Pour être libertine et prendre du bon temps.
Votre sexe n'est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance. »
Molière, L'Ecole des femmes.
Je ne suis pas férue en pogonologie, loin de là, mais rien de ce qui est humain me me laisse indifférente ; alors pourquoi ne pas être un peu sérieuse pour une fois, et vous parler d'un sujet inhabituel : la barbe, en espérant de pas trop vous barber.
La barbe, qui apparaît lors de la puberté, est un caractère sexuel secondaire, c'est-à-dire qu'il différencie l'homme de la femme, sans être un organe sexuel. Les caractères sexuels secondaires, régis par les hormones sexuelles - testostérone chez l'homme - ont une importance lors de la compétition pour s'accoupler avec un individu du sexe opposé (cf. les plumes colorées de la queue du paon lors de la parade nuptiale - ah si l'homme avait... mais je m'égare)
La mode de la barbe varie selon les époques. Voyez les dieux et les héros de la mythologie grecque, David, Apollon... Mais le dandy, imberbe, délicat et fragile, fut apprécié en son temps (et l'est encore !). Si elle fut parfois un critère de beauté ("ornement de l'homme", dans le Talmud), de maturité ou de sagesse, elle fut en d'autres temps décriée, considérée comme un signe de négligence voire un manque de propreté.
Aujourd'hui, certaines femmes apprécient qu'un homme soit barbu, croyant trouver dans cette pilosité un gage de générosité, de bonté et surtout de virilité (l'homme "brut", cf. Chabal). D'autres au contraire sont rebutées, la trouvant sale, piquante, voire dissimulatrice (on peut "rire dans sa barbe").
Il existe différents styles de barbes : le collier, le bouc avec ou sans moustache, la barbiche, les favoris... Et le gratte-foufoune ? Qu'en pensez-vous, Mesdames ? Efficace ?
Et il y a la barbe de trois jours à la Gainsbourg, faussement négligée et extrêmement sexy.
Que voit un barbu lorsqu'il se regarde dans son miroir ? Mais a-t-il l'occasion de se voir puisque, ne se rasant pas, il ne lui est pas nécessaire de passer chaque matin quelques minutes à contempler son reflet ? Cherche-t-il à fuir son image ?
Je garde un souvenir ému de la première fois où j'ai vu un homme se raser, au petit matin. Regarder un homme qui se rase me trouble toujours, peut-être parce que, abandonnant à cet instant l'un de ses attributs masculins, il me laisse le voir dans sa fragilité, dans sa "nudité". Mais peut-être suis-je tordue ? Il faut que j'en parle à mon psy !
Observez, réfléchissez : on ne se méfie jamais assez d'un homme qui ne se rase pas, question de temps passé à affronter le colloque singulier.
Rédigé par : JeanBalthazar | 14 mars 2011 à 12:12
Il faut se méfier des barbus, mais aussi des imberbes, des Narcisse en puissance ! Bref, il faut se méfier des hommes en général, et des femmes aussi d'ailleurs (ou surtout ?)
Rédigé par : Caritate | 14 mars 2011 à 13:36
Pour un Romain de la République, le barbu est un barbare, quelqu'un de non-civilisé qui est encore au stade primitif.
Voilà comment un Gallo-romain hautement lettré et civilisé voit les barbares au mileu du Vème siècle.
"Je vis au milieu des hordes chevelues ! J’ai à supporter le langage germanique ; je dois applaudir, malgré mon humeur noire, les chansons du Burgonde gavé, qui s’enduit les cheveux de beurre rance. Heureux tes yeux et des oreilles, heureux aussi ton nez, toi qui n’a pas à subir l’odeur de l’ail ou de l’oignon infect que renvoie dès le matin la cuisine des barbares .
Sidoine Apollinaire.
On y revient, on y revient.
Rédigé par : Le Nain | 14 mars 2011 à 15:41
Le bon côté de la méfiance est que celà occupe ; le mauvais côté est que celà occupe seul.
Rédigé par : JeanBalthazar | 14 mars 2011 à 19:02
... comme la masturbation, alors ?
Rédigé par : Caritate | 15 mars 2011 à 11:40
Faire totalement confiance, se laisser à cœur ouvert...?
Cruel dilemme!
Rédigé par : Ditch | 15 mars 2011 à 18:39
Le bon côté de la masturbation est justement que cela n'occupe que soi ; son mauvais côté est que cela peut préoccuper de devoir être si mal accompagné pour y échapper.
Rédigé par : JeanBalthazar | 16 mars 2011 à 08:37