Inutile de rappeler la signification de ce mot que tout le monde connaît, et tel n'est pas mon propos. Pas plus que de faire preuve d'une légère grivoiserie, même si le printemps peut provoquer chez certains une brusque montée de sève, en traitant de "foutre au cul" ; de nombreux sites pornographiques sont présents sur la toile, un clic et vous voilà parés !
Je ne résiste pas cependant à publier ces quelques phrases du divin marquis qui, s'il est légitime d'en critiquer les moeurs, n'avait pas la plume dans le cul.
Mme de Saint-Ange : Ce sont de vieilles habitudes. Quand on pense comme moi, on veut être foutue partout et, quelle que soit la partie qu'un engin perfore, on est heureuse quand on l'y sent. Je suis pourtant bien de votre avis, et j'atteste ici à toutes les femmes voluptueuses que le plaisir qu'elles éprouveront à foutre en cul surpassera toujours de beaucoup celui qu'elles éprouveront à le faire en con. Qu'elles s'en rapportent sur cela à la femme de l'Europe qui l'a le plus fait de l'une et de l'autre manière : je leur certifie qu'il n'y a pas la moindre comparaison, et qu'elles reviendront bien difficilement au devant quand elles auront fait l'expérience du derrière.
J'ai appris qu'à je ne sais quelle époque (j'écoutais la radio d'une oreille distraite), les homosexuels étaient appelés "foutre-en-cul" ou "foutre-au-cul". Inutile de faire un dessin... Je trouve que cette appellation est un peu réductrice. Parce que le foutre en cul - coït anal, enculerie ou enculade, sodomie (1), pédication pour les plus cultivés... - n'est pas l'apanage des homos, et que d'autres pratiques ont cours, fellation (royale voire impériale), irrumation, pipe, plume, sucette, pompier, gâterie, turlute (2)..., sans oublier l'anulingus, plus poétiquement nommé feuille de rose, dont Apollinaire se fit le chantre :
Julie ou la rose
Ah faites-moi feuille de rose
Prenez pitié en mon aveu
C'est une langue que je veux
C'est mon cul que je vous propose
Mon cul s'éveille au souvenir
D'une inoubliable caresse
Que m'enseigna une négresse
Dans un hôtel rue d'Aboukir
J'avais seize ans et des torsades
La noire me jugeant à point
Régala mon cul d'un shampooing
Plus savoureux qu'une enculade
Je porte aujourd'hui les cheveux
Roulés en chignon sur la nuque
Mais j'aime encore qu'on me trouduque
Car j'ai le sphincter très nerveux
Et j'ai gardé très peu de hanches
Afin de pouvoir exhiber
Le tralala le plus bombé
Des tralalas que l'on emmanche
Et mon anus est pour le doigt
Une merveilleuse alliance
Mais tu n'es pas bègue commence
Par le baiser que tu me dois
Je sens que ta langue pénètre
Et je décharge ô mon joli
Dufayel paierait cher peut-être
Pour voir ce qu'on fait dans son lit.
(1) Wikipédia nous cultive : "Culbutation", "tassement de crotte", "pousser le plat de la veille" ou "boxe du ver solitaire". De manière extrêmement vulgaire, on utilise les termes "péter la rondelle", "prendre le cul", "casser le cul", "prendre par derrière", "baisage de boule " ou de "fion" et "enculade". Ce dernier, "se faire enculer" et enfin "casser les pattes arrière", est aussi utilisé pour désigner le fait d'être victime d'une escroquerie ou d'être le perdant d'une bagarre. Dans le canular dit Catalogue des prix de l'amour de Marcelle Lapompe (!), le terme utilisé est "voyage en terre jaune". Un manuel taoïste érotique du XIIe siècle nomme le fait de sodomiser "jouer avec la fleur du jardin de derrière".
(2) Wikipédia nous propose aussi le baiser au grand chauve, le pipou, la bouffarde, la flûte (éventuellement enchantée), ainsi que de descendre au barbu, de remonter la grande échelle du chef de la police, de fournir le dentifrice, de faire un karaoké, de chanter dans le micro, de fumer le cigare à moustaches, de taper dans la glotte, de détartrer le larynx ou de repeindre l'oesophage...
*
De ce foutre-au-cul dérivent deux concepts (au moins) :
- Le foutroccultisme, qui désigne un ensemble de courants préoccupés par les forces mystérieuses du foutre et de l'homme. Parfois adeptes des incubes et des succubes.
- La foutrecuidance, qui traduit une confiance excessive en son membre viril et en particulier en la richesse de son liquide séminal.
- Sans oublier les foutrageurs, qui baisent à couilles rabattues, et les foutranciers, qui en veulent toujours plus.
Vous auriez peut-être souhaité quelques illustrations sur lesquelles axer vos fantasmes ? Ne compter pas sur moi. Mais un peu de musique, peut-être ?
La decadanse...
http://www.youtube.com/watch?v=zC8ZzLeezx8&feature=related
Rédigé par : cruella | 21 mars 2011 à 19:31
Rien n'est préférable à se déprendre de l'ennui méticuleux pour rebâtir un possible empire de soi, sinon à ne pas se surendetter sur la vie.
Rédigé par : JeanBalthazar | 21 mars 2011 à 21:45
Au XVIIIème siècle, âge d'or de notre langue, les homosexuels étaient joliment appelés "les déserteurs du chemin des Dames".
Rédigé par : Le Nain | 22 mars 2011 à 08:08
"Joliment", c'est vite dit ! Se faire traiter de déserteur ne me paraît pas spécialement flatteur. L'appellation a-t-elle perduré après la guerre de 14-18 ?
Rédigé par : Caritate | 22 mars 2011 à 09:06
Voilà un billet comme je les aime.
Rédigé par : Grincheux Grave | 22 mars 2011 à 09:20
J'ai écrit au XVIIIème, elle avait disparu depuis belle lurette au XXème.
Les armées de cette époque étaient composées de volontaires, mais les désertions étaient fort nombreuses.
Rédigé par : Le Nain | 22 mars 2011 à 10:09
Voilà qui a le mérite de ne pas être une parole de faux cul ! Nous savons bien que c'est le sexe - sous toutes ses formes, creuses ou saillantes - qui mène le monde.
Rédigé par : Caritate | 22 mars 2011 à 10:15
Votre texte est digne d'éloge! Mais cette poésie écrite de nos jours aurait mis cul par-dessus tête les LICRA, SOS machin et affiliés... qui auraient attaqué le Guillaume en justice... se faire enseigner des voluptés par une négresse... quel scandale!
Rédigé par : adamastor | 22 mars 2011 à 11:53
Tu mérites que l'on te prenne au mot ; ta position est plus difficile à dire qu'à tenir.
Rédigé par : JeanBalthazar | 22 mars 2011 à 19:32
Mais qui donc veux-tu prendre au mot ? Et prendre à quel mot d'ailleurs ? Ami ? A quels maux ? sans vouloir jouer sur les mots...
Rédigé par : Caritate | 22 mars 2011 à 19:46
Tenir le sexe ? Non, ce n'est pas une position difficile...
Rédigé par : Caritate | 24 mars 2011 à 22:37