Oui, Libertine est mon surnom Mais je n'suis pas un démon Ainsi, en ce jour de saint Claude, A la pipe je n'écris pas d'ode Et laisse le chocolat qui crépite Dans la bouche d'une certaine Pépite Laquelle, sans vergogne aucune Décroche des lambeaux de lune.
J'aimerais qu'une femme cultivée et expérimentée dans ton genre nous explique comment cette pratique délicieuse (je parle de mon point de vue) est passée en deux ou trois décennies de la nomination de "pompier" à celle de "pipe".
Toutes les façons de le dire, mais pas trente-six bonnes manière de le réussir : brouter l'asperge, faire une gourmandise, faire une pipe, faire une turlute, faire un pompelard, scalper le mohican, tailler une plume, tutoyer le pontife.
Le site DOCTISSMO nous informe... doctement :
Pratique sexuelle qui consiste à sucer, lécher, introduire dans sa bouche le sexe en érection de son partenaire et effectuer des mouvements de va et vient simulant le rapport sexuel.
Rappel : le terme fellation, souvent écrit "felation", s'orthographie avec deux "l".
Souvenez-vous qu'il faut habituellement être deux pour pouvoir la pratiquer.
(NDGG : très utile rappel destiné à ceux qui ne sont pas contorsionnistes de métier).
Termes familiers : faire un pompier, une pipe
Cette pratique provoque pour l'homme des sensations érotiques intenses pouvant mener à l'orgasme (NDGG : je confirme, c'est bon et ça peut conduire à l'orgasme), l'éjaculation pouvant se faire dans la bouche du partenaire ou en dehors. Le sperme pouvant être avalé sans crainte si l'homme n'est pas infecté par le SIDA ou autre maladies sexuellement transmissibles. En dehors d'une infection réelle, le sperme est stérile mais bien sûr il peut également être recraché.
Certaines personnes éprouvent un dégoût pour cette pratique, au fil des expériences sexuelles cette répulsion peut disparaître (NDGG : question d'entraînement, cent fois sur le métier...) ou se confirmer. La sexualité est avant tout un jeu pour un plaisir partagé, elle ne peut se vivre dans la contrainte et le dégoût (NDGG : certains disent que la sexualité sert à la reproduction de l'espèce, les cons !) ; chacun doit savoir affirmer ses besoins et ses limites. Le pénis est aussi le lieu d'excrétion (les urines). Cette proximité est souvent l'origine de la répulsion. Une hygiène intime quotidienne est nécessaire et suffisante pour permettre l'expression des émotions sans provoquer le dégoût du partenaire. Les odeurs des sécrétions sexuelles sont particulières et parfois fortes, elles sont pour certains source d'excitation sexuelle (NDGG : bonne remarque, ne pas oublier l'influence des odeurs, c'est ce qui me manque le plus quand je visionne une vidéo X).
Rédigé par : Grincheux Grave | 15 février 2011 à 07:57
A qui veux-tu faire avaler ça de bon matin ?
Rédigé par : PS & LL | 15 février 2011 à 08:30
Il est conseillé aux Claude de ne pas fréquenter les Agrippine, surtout si elles leur préparent des champignons.
Rédigé par : Le Nain | 15 février 2011 à 08:44
GG, si tu veux quelque chose, tu n'as qu'à me demander. Voici une explication (du site expressio) :
Au début du XXe siècle, les fumeurs du peuple se roulaient leur cigarette, les cigarettes manufacturées apparues à la fin du siècle précédent étant réservées aux personnes de la haute société et aux femmes. Ils disaient alors qu'ils "s'en roulaient une" ou "se faisaient une pipe" (si la cigarette s'appelait aussi la pipe en argot, ce serait parce que la quantité de tabac nécessaire pour fabriquer la cigarette était à peu près équivalente à celle utilisée pour une pipe).
De là, il est facile d'imaginer que les dames de petite vertu qui faisaient des pompiers à leurs clients comparaient leurs gestes à ceux que font les fumeurs d'abord méticuleusement avec leurs doigts et puis le long de la cigarette avec leur langue avant d'aboutir à une pipe prête à être fumée.
Vu qu'il est question de pipe et de fumée, on ne peut s'empêcher de lier cette expression avec "avaler la fumée" qui lui est antérieure (milieu du XIXe siècle) et qui désignait une fellation complète, avec avalement du sperme.
Les esprits très curieux se demanderont pourquoi on disait aussi "tailler une plume", expression maintenant oubliée.
D'après Cellard et Rey dans leur Dictionnaire du français non conventionnel, cela viendrait du fait qu'autrefois, et c'était une tâche plutôt réservée aux femmes, avant de tailler au canif les plumes d'oie qui servaient à écrire, il fallait en humecter l'extrémité avec la langue.
Et le "pompier", alors ? me direz-vous, titillé par votre curiosité insatiable.
La même source rappelle qu'autrefois, les pompiers alimentaient leurs lances à incendie en activant à la main les pompes de leurs citernes. Ces mouvements de va-et-vient du piston dans le corps de la pompe rappellent le fait qu'au cours d'une fellation, l'homme se fait 'pomper' par un autre type de va-et-vient, et le tout mélangé à la similitude entre 'pomper' et 'pompier' aurait fait le reste.
Te voilà satisfait ? Sinon, je peux faire d'autres recherches plus poussées.
Rédigé par : Caritate | 15 février 2011 à 11:58
A noter que le terme latin était déjà fellatio, qui vient du verbe fello, āre : téter, sucer.
Rédigé par : Le Nain | 15 février 2011 à 12:38
Agrip-pine, tout un programme !
Fello, are, et si je révisais mon latin ?
Un lien de parenté avec "félibrige", je crois, me trompé-je ?
Rédigé par : Caritate | 15 février 2011 à 14:26
N'étant pas du tout de langue d'oc, j'ai fait ine petite recherche, et une des étymologies possibles du terme félibrige serait le latin fellibris (celui qui tête) qui désigne le nourrisson.
Mais je préfère celle-là, qui est aussi peu assurée que la précédente, et qui ferait venir ce terme du grec φίλαβρος, ami du beau.
Rédigé par : Le Nain | 15 février 2011 à 14:46
Après le site DOCTISSIMO qui précisait que "fellation" s'écrit avec deux L, je me permets d'ajouter que le mot "bitte" s'écrit avec deux T. et non "bite". BITTE : Borne d'amarrage [Marine].
Rédigé par : Grincheux Grave | 15 février 2011 à 18:11
Voudrais-tu nous mener en bateau ?
Etymologie du mot (Wiktionnaire) : Probablement par formation régressive de l’ancien français abiter (s’approcher, toucher à), croisé auparavant avec le verbe habiter (dans le sens de : avoir des relations charnelles avec). Cela à partir d’un terme normand de l’ancien français, le verbe abiter, lui-même dérivé de biter (à) ou bitter (à) = toucher (à). Une seconde hypothèse se base sur l’homophonie et l’analogie de forme avec le terme maritime bitte d’amarrage, qui viendrait du bas-latin bitus (poutre).
PS : comme les mecs disent parfois d'une nana qu'elle est imbitable, j'ai imaginé que nous pourrions dire d'un mecqu'il est "invulvable" ; mignon, non ?
Rédigé par : Caritate | 15 février 2011 à 18:43
Un mec est toujours "vulvable", il suffit d'attendre que les femmes mariées dépassent la quarantaine. Cela demande toutefois un minimum d'effort, comme de dire la pire connerie sans scrupule ; on n'a qu'une seule vie, par exemple ...
Rédigé par : JeanBalthazar | 15 février 2011 à 20:01
L'idée de deux êtres qui ne "peuvent" pas coucher ensemble me parait à proprement parlé insupportable ; ne veulent pas, ne doivent pas, au nom de l'amitié à venir, est acceptable.
Rédigé par : OrbisNonSufficit | 15 février 2011 à 20:06
JeanBalthazar, arrête de faire le fier à bras !
Rédigé par : Caritate | 15 février 2011 à 23:43
Le comble est que ce constat me désole sûrement plus que les concernées elles mêmes !
Le palier, quelle belle invention !
Rédigé par : JeanBalthazar | 16 février 2011 à 09:03
Le mot "palier" vient de l'ancien français "paele" (une poêle). J'en connais qui vont un jour s'en prendre un coup sur la tête à force de goujaterie !
Le palier est non seulement l'endroit où l'on "remercie" les indésirables (les imbitables comme les invulvables, j'insiste), mais c'est aussi une phase de stabilisation dans une évolution ; intermède nécessaire dans toute tentative de progression. Et de palier en palier, on peut finir par atteindre le sommet de l'édifice, même en démarrant par le barreau le plus bas qui sert ainsi de point d'appui.
Rédigé par : Caritate | 16 février 2011 à 10:06
Je n'aurais pas mieux nuancé et, de la facile évidence, fait ressortir la difficile subtilité. Voilà une "leçon" sémantique que je prends et garde précieusement.
Rédigé par : JeanBalthazar | 16 février 2011 à 11:00
Entre Caritate Libertine et Pépite de soleil, mon coeur balance...
Rédigé par : Jean-François | 18 février 2011 à 15:28
Oulalà! Un vrai régal du discours, digne d'un Guitry.
Caritate: votrepoème est magnifique et me plait beaucoup.
GG vous êtes incorrigible! Surtout n'ayez pas cette définition en tête en Allemagne où le mot "Bitte" signifie "S'il vous plait".
Bonne soirée à tous ces beaux parleurs
Rédigé par : Hélène | 18 février 2011 à 19:40