Ah les chats ! Si l'on pouvait aimer l'Autre comme on aime son chat, sans rien attendre de lui, hormis qu'il se laisse parfois caresser et qu'il ronronne de plaisir. Le chat n'aliène pas, ne s'aliène pas, il garde son indépendance quoiqu'il arrive. On ne peut pas soumettre un chat, il n'en fait qu'à sa tête, et cela ne nous empêche pas de savoir qu'il partage d'heureux moments en notre compagnie. C'est le rêve de toute proximité avec un être cher : vivre côte à côte, ne pas lui marcher sur la queue (je voulais dire les pieds), le caresser quand il le souhaite, partager des moments complices... et lui foutre la paix le reste du temps !
J'idéalise peut-être, mais j'aime tellement les chats que je ne peux distinguer aucun de leurs défauts... ou alors je les accepte avec plaisir, les transformant en qualités ! J'ai pour les chats les yeux de Chimène... C'est peut-être ça, l'amour ! (J'entends des grincements de dents).
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos chats.
Chat, chatte, chaton : l'origine du mot provient du bas latin cattus (de cattare, guetter), alors que felis vient du latin classique et a donné le mot félidé. Le minet ou la minette désigne un jeune homme ou une jeune fille qui "fait des mines", qui se préoccupe de son apparence. L'expression dès potron-minet est "l’heure où l’on voit le derrière du chat", poitron désignant le postérieur. Le chat est aussi appelé matou quand il n'est pas castré ; cela a-t-il un rapport avec la chattemite ?
C'était un chat, vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas. (La Fontaine)
Le chat, essentiellement carnivore, est un grand chasseur et développe deux stratégies de chasse : soit la chasse à l’approche, où d'abord il s'approche de sa proie, puis passe à l’attaque ; et la chasse à l’affût, où il est attentif et immobile avant d’attaquer. Les méthodes de chasse utilisées s'emploient quelle que soit la proie. La chasse n'est pas toujours nécessaire à la survie de l'animal, elle peut se dérouler dans une optique de jeu. C'est bizarre, cela me fait penser à l'homme, tout au moins à certains hommes dont le principal jeu est la chasse !
Vous voulez jouer vous aussi ? Cliquez sur chat (et vous passerez un petit moment complètement nunuche !). Je vous prévens, vous allez être déçus !
Le mot "chat" se rencontre dans de nombreuses expressions ; dont plusieurs concernent le jeu :
- jouer à chat : ancien jeu de poursuite dans la cour de récréation (ça défoule les enfants)
- jouer à chat perché : variante du précédent où un joueur en hauteur est invulnérable (ça se complique)
- jouer au chat et à la souris : s'épier sans vouloir ou pouvoir se rencontrer (ça va un moment)
- jouer comme un chat avec une souris : faire durer cruellement une situation déplaisante (ça devient sadique)
Sans oublier que l'on peut tout simplement jouer avec son chat... ou avec sa chatte.
(Photographie de Tim Walker, Pastel Cats)
Pour cette dernière note, j'envie envie d'honorer mon animal favori, et de vous dire maladroitement ma passion pour la gente féline. Comment vivre sans chat ?
Le chat est un sujet qui a passionné les hommes depuis l'Egypte antique, où la déesse Bastet symbolisait la fécondité. Si l'islam voit dans le chat un animal bienveillant car un chat aurait sauvé Mahomet de la morsure d'un serpent, la chrétienté moyenâgeuse le considère comme maléfique, surtout s'il est noir, l'attribuant aux sorcières et au diable. Au Japon, le chat porte bonheur, surtout lorsqu'il met sa patte derrière l'oreille ; on peut se procurer des talismans le représentant dans cette position : Maneki-Neko (j'en ai un, d'ailleurs, ne vous moquez pas !)
J'ai eu un chat (non, une minette) qui n'avait d'yeux que pour son maître, jusqu'au jour où je fus gravement malade. Lorsque je rentrais de l'hôpital, épuisée, elle venait s'allonger tout le long de moi et ronronnait. Elle m'a beaucoup aidée par sa présence apaisante.
Je ne sais pas si le chat a neuf vies. Ce que je sais, c'est que les chats ont toujours embelli ma vie !
Il paraît qu'en France, tout finit par une chanson ? alors...
La plus belle note de l'année, à mon sens et à mes sens ; merci Caritate.
Tout est dit, mais, éternel bavard, je ne résiste pas à quelques additifs.
Cattus signifie aussi "voir" pour "distinguer", "observer avec discernement" : "Cattus quia videt" dit le sage. Plus voluptueux, Baudelaire a offert de belles pages aux aficionados ; je ne manquerai pas d'en faire une énieme lecture après cette note.
Une dernière pour la route au "gattu" :
"Je salue en toi, calme penseur,
Deux exquises vertus : septicisme et douceur."
Rédigé par : JeanBalthazar | 31 décembre 2010 à 10:38
@ JB : Mille fois merci de ton compliment. Il suffit parfois d'arpenter le Cours pour trouver l'inspiration ! Sache que les additifs sont plus que bienvenus puisqu'ils enrichissent la note initiale en élargissant le débat et en offrant des points de vue diversifiés.
"Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux..."
... et d'autres poèmes de Baudelaire sur les chats sont ici :
http://pascalitsa.unblog.fr/2006/11/25/les-chats-de-charles-baudelaire/
Et puis, et puis... il y a tant à dire sur les chats.
Rédigé par : Caritate | 31 décembre 2010 à 11:08
Je souhaite dans ma maison:
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
Apollinaire.
Le chat est discret, silencieux et indépendant, tout ce que j'aime.
Rédigé par : Le Nain | 31 décembre 2010 à 11:32
Un homme qui aime les chats ne peut pas être foncièrement méchant !
Rédigé par : Caritate | 31 décembre 2010 à 14:32
Breliène jusqu'au derniers instants de l'année, tu arrive à écrire sur les chats sans parler de Brassens !...
Rédigé par : Dominique | 31 décembre 2010 à 16:06
Mon animal favori (et pourtant, j'aime pas les bêtes). Seul bémol : l'intolérable odeur de son pipi - la pire qui soit.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 31 décembre 2010 à 17:17
Dominique, le sujet est tellement vaste qu'on ne saurait penser à tout. On pourrait y consacrer un blog entier et parler des chats chaque jour de l'année.
Et détrompe-toi, j'apprécie autant Brassens que Brel mais je le connais moins bien ; j'ai découvert Brel très jeune et il ne m'a jamais quittée dans toutes les étapes de ma vie.
Rédigé par : Caritate | 01 janvier 2011 à 09:52
Je n'aime pas du tout les chats !
Mais j'aime le cha cha cha
*¨`*•♫..*¨`*•♫.•
Rédigé par : heleanne | 02 janvier 2011 à 01:21
Je suis d'accord avec JeanBalthazar : ceci est ta plus belle note de l'année, placée in extremis le 31 décembre. Déjà, en la lisant, je fus touché. J'entretenais une liaison passionnelle avec un chat, une femelle aguicheuse, depuis plus de dix-huit ans, et mon blog tout entier (2200 notes à ce jour) ne suffirait pas pour dire tout ce que je pense de cet animal, tous les moments merveilleux que je lui dois. Le lendemain de ta note, samedi premier janvier 2011 à l'aube, j'ai retrouvé mon chat étendu sur le plancher, raide mort. Je suis allé dans une forêt proche lui donner une sépulture digne, auprès des autres animaux. Il était midi et la température était de zéro degré quand j'ai mis la dernière pelletée de terre humide mêlée de feuilles rousses sur la tombe de cet animal magnifique qui n'a cessé, pendant cette longue cohabitation, de m'éblouir par sa beauté, son élégance naturelle, sa discrétion, mais aussi la soudaineté imprévisible de ses assauts câlins. Je place le chat en N° deux des animaux de compagnie après la femme.
Rédigé par : Grincheux Grave | 02 janvier 2011 à 15:10
En 1890, les archéologues ont trouvé un cimetière entier de chats près de Bubastis. Après l'examen des restes d'animaux qui s'y trouvèrent, les scientifiques ont conclu qu'ils étaient déjà très différents des chats sauvages. Les chats étaient sous protection spéciale: tuer un chat accidentellement, et encore plus délibérément était passible de mort. Le roi de Perse dans la guerre contre Pharaon Psammeti III ha en a profité. Il ordonna à ses soldats de capturer le plus grand nombre de chats et de les lier à leurs boucliers. Stratagème a réussi: les Égyptiens se rendirent. Ils ont considéré qu'il valait mieux perdre la bataille que de blesser ou de tuer un animal vénéré.
Rédigé par : cruella | 02 janvier 2011 à 17:28
Un chêne vert au creux de l'anse.
Sa chaîne d'or fixée au tronc
Un chat savant, dans le silence,
Nuit et jour déambule en rond.
A droite il chante une rengaine,
A gauche il ronronne un secret.
Ce lieu est hanté de silènes,
D'esprits hirsutes des forêts.
Ici, l'ondine sur la branche
Se berce au-dessus des buissons
Le clair de lune sur sa hanche
Frise l'écaillé de poisson.
Traces de bêtes solitaires,
Sur des sentiers inexplorés,
Fourrés obscurs pleins de mystère,
Silence glauque des marais,
Halliers perdus et terre vierge
Qui n'a jamais connu le soc,
Cabane aveugle qui émerge
Sur pilotis de pieds de coq.
Vallons et bois chargés de rêve...
La mer y lance sur la grève
Un flot toujours renouvelé,
Puis se retire en un murmure
Abandonnant sur le piton
Des chevaliers dans leur armure
Sous la conduite d'un triton.
Un jeune prince à tête blonde
S'empare au passage d'un tyran
Et dans les nues aux yeux du monde
Par dessus les gouffres béants
Un magicien porte un géant.
Dans sa cellule une princesse
Se lamente sur son destin.
Un loup gris, dévoué s'empresse
A la servir soir et matin.
Là le mortier de la sorcière
S'en va tout seul, clopin-clopant,
Le roi Kastchei dans sa tanière
Se consume aux feux des diamants...
C'est là que souffle l'âme russe,
Et son parfum, je l'ai humé,
Et goûté l'amertume douce
A la coupe de l'hydromel.
Au bord de l'eau, sous le grand chêne
J'ai rencontré le chat savant.
Il m'a susurré ses rengaines
Dans la crique à l'abri des vents.
Il m'a murmuré ses histoires
A l'heure des chauves-souris,
A l'heure où tous les chats sont gris,
J'en garde une dans ma mémoire...
"Rouslan et Ludmila" A.Pouchkine, 1820
Rédigé par : cruella | 02 janvier 2011 à 17:39
D'où la fine déduction du Pr Finkelzohn : les égyptiens plaçaient la femme en numéro deux et GG n'a pas été pharaon dans une vie antérieure. Les soldats perses furent soulagés et Paco va être déçu.
Rédigé par : JeanBalthazar | 02 janvier 2011 à 17:42
Un fantôme est encore comme un lieu
où ton regard se heurte contre un son ;
mais contre ce pelage noir
ton regard le plus fort est dissous :
ainsi un fou furieux, au paroxysme
de sa rage, trépigne dans le noir
et soudain, dans le capitonnage sourd
de sa cellule, cesse et s'apaise.
Tous les regards qui jamais l’atteignirent,
il semble en lui les recéler
pour en frémir, menaçant, mortifié,
et avec eux dormir.
Mais soudain, dressé vif, éveillé,
il tourne son visage dans le tien :
et tu retrouves à l’improviste
ton regard dans les boules d'ambre
jaunes de ses yeux : enclos
comme un insecte fossilisé.
(Rainer Maria Rilke, Le chat noir)
Rédigé par : Caritate | 02 janvier 2011 à 18:21
Je viens de découvrir un site : la chatterie des jardins de Bubastis, consacrée à l'élevage de Selkirk Rex, race de chats que je ne connaissais pas. Ils sont à tomber amoureux fous.
Rédigé par : Caritate | 02 janvier 2011 à 21:21
"Les chats, c'est rien que des branleurs"
Signé le C.C.C.
En souvenir de ma chatte laissée en Guadeloupe à des amis : http://img513.imageshack.us/img513/7999/dscn0749d.jpg
Rédigé par : porcoleader | 11 janvier 2011 à 13:18
T'as une belle chatte, tu sais !
"Branleur", ce n'est pas un défaut, que je sache...
CCC : http://www.youtube.com/watch?v=XkOYGrZQqmU
Rédigé par : Caritate | 11 janvier 2011 à 13:52
Ah pardon, j'ai pas vérifié s'il y avait une réponse ! Oui elle est magnifique, toute blanche avec des yeux bleus ! Et assez câline en plus, alors que je l'avais juste depuis quelques semaines.
Les vidéos des Nuls sont toujours marrantes !
Rédigé par : porcoleader | 23 janvier 2011 à 19:26