Il y a très très longtemps, les vacances scolaires commençaient le 14 juillet. L'été donnait lieu à une correspondance enflammée entre les jeunes amoureux séparés durant de longues semaines.
Voici la lettre qu'un élève de terminale écrivit à sa petite amie :
Ma Molécule Adorée,
De même que la lune est attirée par le soleil, je suis attiré par toi avec une ardeur universellement proportionnelle au carré de la distance qui nous sépare.
C'est une permutation circulaire que mon cœur dévie et tout s'annule en moi, sauf la racine carrée de mon cœur.
C'est en vain que j'essaie d'oublier le jour où le rayon de tes yeux s'est réfracté sur les lentilles de mes sentiments, et je ne pense qu'à toi.
Tu es le lien géométrique de mes pensées, le sinus de mon cœur, la tangente de mon esprit, le point de concours de mes rêves, le point d'inflexion de ma vie. Il existe entre toi et moi un intervalle qui n'admet pas de racine réelle et dont l'équation a pour inconnue l'infini.
Quand je considère le polynôme de ta force, je perds le centre de gravité, j'abandonne le principe de Newton. Mon point de concours étant mon cœur, sa résultante prend mon cœur pour toi, vers toi. Il se lance comme une hyperbole vers l'infini, s'élève comme la phénophtalène qui rougit l'hydrate par un phénomène de feu.
Daigne accepter un baiser inoxydable dont l'intensité et la teneur spécifique ont pour coefficient sa charge électrique.
La pression atmosphérique menace de faire rage jour et nuit et de soulever la soupape de ma timidité.
Si j'étais une étoile, tu serais mon pôle Nord.
Fais la synthèse de mes pensées les plus stériles et en attendant les réactions chimiques, reçois mes sentiments calorifiques et mes baisers électromagnétiques.
Mathématiquement à toi, mon facteur aimé.
Ne me dites pas que vous n'avez jamais reçu de lettres d'amour quand vous étiez au lycée. Moi j'en ai reçu, mais une comme celle-là, ça ne risquait pas ! Et j'ai reçu des poèmes aussi... incontestablement aussi beaux que cette lettre.
J'ai bien envie de partir, moi aussi, de mettre les voiles, de changer d'horizon... Mais pourquoi ai-je cette chanson dans la tête ?
L'amoureux est-il devenu Prix Nobel de littérature ou de sciences ?
Ou rédacteur de romans à l'eau de rose ...
Rédigé par : Dominique | 14 juillet 2010 à 09:39
C'était en tout cas un matheux. L'horreur des jeunes filles romantiques.
J'essayais d'écrire comme Musset, mais je n'avais pas le don.
Rédigé par : Le Nain | 14 juillet 2010 à 10:46
Pourquoi avoir précisé "j'en ai reçu, mais une comme celle-là ça ne risquait pas" ?
Rédigé par : Grincheux Grave | 14 juillet 2010 à 11:29
@ GG. Parce que je ne fréquentais guère les scientifiques, et que je préférais - et préfère toujours - les littéraires, romantiques et poètes, aux scientifiques trop raisonneurs et raisonnables ! Même s'il existe des littéraires pleins de raison et des scientifiques pleins de déraison. Mais voilà que je dois justifier mes écrits, maintenant ! On aura tout vu ! Pour avoir plus de précisions et pénétrer mon intimité, m'envoyez un MP...
Rédigé par : Caritate | 14 juillet 2010 à 11:44
Un amour imaginaire pur est un amour complexe qui se conçoit sous la forme i x a avec a réel. Ainsi, i, -i et 0 sont des imaginaires purs et les amours complexes ont une partie réelle nulle
Le carré d'un amour imaginaire pur est un amour réel négatif, et les racines carrées d'un amour réel négatif sont des imaginaires purs.
Historiquement, les travaux de Cardan au XVIe siècle ont montré l'intérêt d'utiliser des racines carrées d’amour négatif dans les calculs libidineux. Considérés dans un premier temps comme "imaginaires" ou "inconcevables", ces amours commencent à prendre véritablement un sens autour d'un verre d'alcool.
Quand j'entends le mot "kultur", je sors mon révolver.
Quand j'entends le mot "amour", je sors fumer une clope.
Rédigé par : JeanBalthazar | 14 juillet 2010 à 12:17
@ JB. Quelle brillante démonstration !
"Amour" n'est pas à être dit, mais à être fait.
Que fais-tu quand tu entends le mot "humour" ?
Rédigé par : Caritate | 14 juillet 2010 à 12:26
... je sors de mon ennui !
Rédigé par : JeanBalthazar | 14 juillet 2010 à 13:02
Pour moi la chanson de Fugain.. Elle me bouleverse à chaque écoute..C'est une émotion que je ne sais pas analyser et c'est bien ainsi..Elle va au coeur, enfin au mien..
Rédigé par : Alain | 14 juillet 2010 à 21:24
C'est pas récent ce genre d'histoires... Les djeunz d'aujourd'hui écriraient sur le mur bookfèyce de leur dulcinée "Yo la taspé, tu vien niké là?"
Rédigé par : porcoleader | 14 juillet 2010 à 21:30
Monsieur Porcoleader me semble un connaisseur de notre belle jeunesse...
Rédigé par : Caritate | 14 juillet 2010 à 22:11
Sieur CorpoDealer, j'ai voici une quinzaine d'année vu et entendu ce type de population banlieusarde et "typée" draguer ainsi sur les grands boulevards deux jeunes filles styles étudiantes de bonne famille du quartier latin, et faute de répondant des donzelles, et ne comprenant pas le décalage, pour ne pas dire le gouffre, culturel ne savoir que les traiter de lesbiennes !
Ils étaient pitoyables ...
Rédigé par : Dominique | 15 juillet 2010 à 00:33