Valentine se moque bien que la Saint Valentin soit surtout la fête des marchands de lingerie, de champagne, de fleurs et de gâteaux en forme de coeur... Ce qu'elle veut, c'est l'entendre lui murmurer des Je t'aime à l'oreille, dans n'importe quelle langue. Ich liebe diche / I love you / Ana behabik / Maite zaitut / Karout a ran ac'hanout / Wo ai ni / En ka emé ou / Jeg elsker dig / Te quiero / S'agapo / Ti amo / Seni seviyorum / T'ame / T'aimi / Amo-te / T'estimo / Dji t'veû vol'ti / Da garout a ran / Ya tibya loublyou / Ik houd van jou / Szeretlek / Nakupenda / Ua here au ia oe / avec une préférence marquée pour le romantisme de ces mots : J't'ai ker !
Et s'il ne sait pas prononcer ces mots-là - c'est un homme après tout -, qu'il les lui écrive, elle en ressentira autant de bonheur. D'ailleurs, ne dit-on pas que "les paroles s'envolent, les écrits restent" ? On voit souvent ce dicton écrit sur les couronnes mortuaires dans les cimetières...
Valentine se moque tout aussi éperdûment d'être considérée comme une incorrigible midinette, qui croit que l'amour existe, un amour absolu, capable de défier le temps, et même sans espoir de réciprocité.
Elle a découvert cette chanson de Brel en 1956, bien avant de découvrir l'amour. Chaque chose en son temps ! Cette chanson fait partie des plus belles chansons d'amour, à l'instar des chansons de Ferrat sur des textes d'Aragon (un grand amoureux, celui-là, elle regrette parfois de ne pas s'être appelée Elsa).
Mais Valentine, c'est joli aussi comme prénom. Un peu désuet, mais comme elle n'est pas de première fraîcheur, il ne lui siérait pas de s'appeler Chloé ou Manon.
Maurice Chevalier interprétant Valentine se serait imposé pour clore cette note mais, craignant que d'autres blogueurs aient eu envie de le diffuser en ce jour de Saint Valentin, voici une autre Valentine. Sans comparaison, bien sûr, mais les roses sont si belles...
Fugit irreparabile tempus écrivait déjà Virgile. Dédions ce jour aux amours passés, à la folie qui fut nôtre et qui avec le temps est devenu plus raisonnable, plus quotidienne, et faisons le avec Lamartine:
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
Rédigé par : Le Nain | 15 février 2010 à 07:56
LE NAIN, j'attendais ce poème de Charles d'Orléans, je me suis trompée !
Le beau souleil, le jour saint Valentin
Le beau souleil, le jour saint Valentin,
Qui apportoit sa chandelle alumee,
N'a pas longtemps entra un bien matin
Priveement en ma chambre fermee.
Celle clarté qu'il avoit apportee,
Si m'esveilla du somme de soussy
Ou j'avoye toute la nuit dormy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.
Ce jour aussi, pour partir leur butin
Les biens d'Amours, faisoient assemblee
Tous les oyseaulx qui, parlans leur latin,
Crioyent fort, demandans la livree
Que Nature leur avoit ordonnee
C'estoit d'un per* comme chascun choisy.
Si ne me peu rendormir, pour leur cry,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.
Lors en moillant de larmes mon coessin
Je regrettay ma dure destinee,
Disant : "Oyseaulx, je vous voy en chemin
De tout plaisir et joye desiree.
Chascun de vous a per qui lui agree,
Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy,
A prins mon per dont en dueil je languy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee."
ENVOI
Saint Valentin choisissent ceste annee
Ceulx et celles de l'amoureux party.
Seul me tendray, de confort desgarny,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.
Rédigé par : Caritate | 15 février 2010 à 08:49
Oui, j'y ai pensé, mais que voulez-vous, la nostalgie de mes vertes années l'a emporté.
Rédigé par : Le Nain | 15 février 2010 à 09:03