Ninon de Lenclos, femme de lettres, courtisane, épicurienne, a collectionné les amants. Elle tenait salon "de cinq à neuf" et recevait des invités talentueux.
A l'âge de 77 ans, elle eut encore une aventure avec l'abbé de Châteauneuf, alors qu'elle entretenait une liason avec un chanoine. Quelques jours avant sa mort, elle se fit présenter le jeune Arouet (Voltaire) alors âgé de 13 ans, à qui elle légua 2000 livres pour qu'il s'achète des livres.
Quelques pensées, qui toutes parlent de l'amour, extraites de ses Correspondances (source : Evène) :
Si les hommes connaissaient nos faiblesses, ils nous prendraient toujours.
Les premiers billets doux sont ceux que les yeux lancent.
Je n’ai jamais eu que l’âge du coeur.
Défiez-vous des choses posthumes : quel que soit l'esprit avec lequel une vieille femme parle de sa beauté perdue, il y a toujours dans sa louange la funèbre solennité de l'office des trépassés.
En amour, on plaît plutôt par d'agréables défauts que par des qualités essentielles.
L'amour est la pièce du monde où les actes sont les plus courts et les entractes les plus longs ; de quoi voulez-vous remplir les intermèdes, si ce n'est par les talents ?
Lorsque l'ivresse de l'amour est passée, on rit souvent des comparaisons qu'elle nous a fait faire.
Les hommes manquent plus de conquêtes par leur maladresse que par la vertu des femmes.
En bonne arithmétique, un plus un égale tout et deux moins un égale rien.
Il faut plus d'esprit pour faire l'amour que pour conduire des armées.
Il n'appartient qu'à un homme de peu d'expérience de faire une déclaration en forme. Une femme se persuade beaucoup mieux qu'elle est aimée par ce qu'elle devine que par ce qu'on lui dit.
On ne prend pas une femme par le raisonnement. On ne la prend pas par la prière. On la prend.
Plaignons les tourterelles qui ne baisent qu'au printemps !
Une beauté sans grâce est une beauté sans appas.
Jamais les hommes ne deviennent plus tendres que lorsqu'on leur a pardonné une infidélité de passage.
Il n’y a rien de si varié dans la nature que les plaisirs de l’amour, même s’ils sont toujours les mêmes.
Si Dieu m'avait fait l'honneur de me consulter, je lui aurais conseillé de placer les rides des femmes sous le talon.
Le désir de plaire naît chez les femmes avant le besoin d'aimer. Rien de si aimable qu'un homme séduisant, mais rien de plus odieux qu'un séducteur.
Il est plus difficile de bien faire l’amour que de bien faire la guerre.
Si l’amour donne de l’esprit aux sots, il rend quelquefois bien sots les gens d’esprit.
L’amour ne meurt jamais de besoin, mais souvent d’indigestion.
Et j'ai gardé ma préférée pour la fin :
Les femmes détestent un jaloux qui n'est point aimé ; mais elles seraient fâchées qu'un homme qu'elles aiment ne fût pas jaloux.
A Ninon (Alfred de Musset)
Avec tout votre esprit, la belle indifférente,
Avec tous vos grands airs de rigueur nonchalante,
Qui nous font tant de mal et qui vous vont si bien,
Il n'en est pas moins vrai que vous n'y pouvez rien.
Il n'en est pas moins vrai que, sans qu'il y paraisse,
Vous êtes mon idole et ma seule maîtresse ;
Qu'on n'en aime pas moins pour devoir se cacher,
Et que vous ne pouvez, Ninon, m'en empêcher.
Il n'en est pas moins vrai qu'en dépit de vous-même,
Quand vous dites un mot vous sentez qu'on vous aime,
Que, malgré vos mépris, on n'en veut pas guérir,
Et que d'amour de vous, il est doux de souffrir.
Il n'en est pas moins vrai que, sitôt qu'on vous touche,
Vous avez beau nous fuir, sensitive farouche,
On emporte de vous des éclairs de beauté,
Et que le tourment même est une volupté.
Soyez bonne ou maligne, orgueilleuse ou coquette,
Vous avez beau railler et mépriser l'amour,
Et, comme un diamant qui change de facette,
Sous mille aspects divers vous montrer tour à tour ;
Il n'en est pas moins vrai que je vous remercie,
Que je me trouve heureux, que je vous appartiens,
Et que, si vous voulez du reste de ma vie,
Le mal qui vient de vous vaut mieux que tous les biens.
Je vous dirai quelqu'un qui sait que je vous aime :
C'est ma Muse, Ninon ; nous avons nos secrets.
Ma Muse vous ressemble, ou plutôt, c'est vous-même ;
Pour que je l'aime encor elle vient sous vos traits.
La nuit, je vois dans l'ombre une pâle auréole,
Où flottent doucement les contours d'un beau front ;
Un rêve m'apparaît qui passe et qui s'envole ;
Les heureux sont les fous : les poètes le sont.
J'entoure de mes bras une forme légère ;
J'écoute à mon chevet murmurer une voix ;
Un bel ange aux yeux noirs sourit à ma misère ;
Je regarde le ciel, Ninon, et je vous vois ;
Ô mon unique amour, cette douleur chérie,
Ne me l'arrachez pas quand j'en devrais mourir !
Je me tais devant vous ; - quel mal fait ma folie ?
Ne me plaignez jamais et laissez-moi souffrir.
Ninon, en lettres de feu j'écrirai ton nom !
Car à la Sainte Ninon,
Mon petit patachon
s'est bien torché le brugnon !!!
(véridique)
Rédigé par : Cath | 15 décembre 2009 à 17:13