Léger est un cousin très éloigné de Modeste, Parfait, Constant, Fidèle...
Saint Léger est issu d'une vieille famille franque du Poitou, apparenté aux nobles burgondes ; il fut évêque d'Autun à partir de 663 ; il fut mêlé de très près aux luttes entre la Burgondie (Centre et Est de la France) et la Neustrie (Nord de la France). Contre la tendance centralisatrice de la Neustrie, il défend les usages et l'autonomie de la Bourgogne. Mais Ebroïn, le maître du palais de Neustrie, assiégera Autun. Pour épargner la famine à sa ville, saint Léger se livre ; il a les yeux brûlés et la langue coupée. Un synode convoqué par Ebroïn le déclare "prêtre indigne" et il est interné chez des religieuses. Deux ans après, il sera assassiné, dans une forêt, non loin de Fécamp. Un autre synode le réhabilitera et lui donnera le titre de martyr. "La complainte de saint Léger", écrite en 970, sera l'un des tout premiers textes littéraires de la langue romane, qui commence à devenir une langue populaire. Tout ce laïus pour situer pour le personnage fêté aujourd'hui, dont on se moque éperdûment.
Ce que m'évoque saint Léger, c'est une église, l'église Saint-Léger, celle de MA ville... enfin MA ville d'avant ! MA ville de quand j'étais jeune, MA ville de mon adolescence et de mes premières amours, MA ville avec ses cafés, sa bière, ses corons, son lycée, son cinéma, son jardin public... qui restera toujours MA ville !
Cette église dont je rêvais de franchir le seuil au bras de mon amour, revêtue d'une splendide longue robe blanche - encore plus belle que celle de mon premier bal - pour entrer grâce à lui dans la vie de femme. Oui, je sais, ça fait midinette, et alors ? J'avais l'âge de croire encore aux contes de fées, d'ailleurs, je vais vous faire une confidence : malgré le poids des ans, j'y crois toujours... ce qui n'est guère plus nocif que la croyance en certains dieux !
Michel Bar, tel était le nom du curé en ces années-là, qui succéda à Paul Beun.
Depuis près de mille ans, trois édifices se sont succédé sur le même lieu. En 1919, après la destruction totale de Lens, des "pèlerins de la paix" viennent en procession sur le monceau de briques qu'était auparavant l'église du centre-ville. En 1926, Saint-Léger est reconstruite presque à l'identique.
Un jour peut-être, j'y retournerai, dernier regard vers le passé. Nostalgie, quand tu nous tiens !
Je me permets d'apporter une précision sans aucune importance. Paul Beun n'avait pas le titre de curé mais de chanoine. Et une information supplémentaire qui va dans le sens de cette note : un abbé qui officiait "dans ces années là" portait le patronyme prometteur de "L'heureux". On retrouve un Henry L'Heureux évêque de Perpignan bien plus tard... le même ?
Rédigé par : Grincheux Grave | 02 octobre 2009 à 11:52
L'Heureux... comme Ulysse ? Moi aussi, je voyage, depuis quelque temps, en espérant que vous m'accompagnez par la pensée, très chers lecteur-teuses...
Mais d'où connais-tu donc cet évêque ? Aurais-tu habité Perpignan ? Aurais-tu traveré une période mystique ?
Rédigé par : Caritate | 02 octobre 2009 à 12:22
Le ou plutôt les voyages d'Ulysse ; l'Odyssée fleure bon le parcours initiatique, tel qu'il se pratique encore.
Alors oui, heureux qui comme Ulysse a fait un/ce long voyage.
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 02 octobre 2009 à 23:10
Clin d'oeil de l'histoire ou du destin ? J'ai quitté dans la douleur jamais bien cicatrisée une ville où l'église était dédiée à St Léger pour une autre si différente où l'église l'était aussi.Ca n'était pas Léger que j'aurais voulu garder...
Rédigé par : MF8 | 11 octobre 2009 à 11:19