Pentecôte humide, Noël splendide ! Femme humide, homme turgide !
Cinquante jours après Pâques, les chrétiens fêtent la Pentecôte, c'est immuable. Pentecôte signifie cinquantième en grec. La Pentecôte, célébrée en suivant l'Evangile de Luc, commémore le don de l'Esprit saint aux apôtres qui reçurent le don des langues* pour répandre la Bonne Nouvelle.
La Pentecôte correspond à Chavou'oth, la fête des Moissons chez les juifs, célébrée cinquante jours après Pessah, aussi apprelée fête des Semaines, fête des Prémices, fête de la Moisson. Mais c'est surtout la fête du Don de la Torah, synonyme de joie pour le peuple juif qui reçut la Torah, cette nourriture de l'âme. C'est le jour où l'on rappelle l'histoire de Ruth, cette Moabite qui se convertit au judaïsme et épousa Booz ; tous deux furent les aïeux de David.
Je suis particulièrement attachée à ce personnage de Ruth qui représente une fécondité séculaire :
L’histoire de Ruth est une parabole de l’exil. Elle met en scène une existence faite d’attente et de désir. Un désir d’où peut surgir une fécondité qui se prolongera de siècles en siècles. Ruth enfante un fils mais ne se laisse pas remplir pour autant : cet enfant, elle le place dans les bras de Noémi. Parce que ni Ruth ni Booz n’enferment ce fils dans leurs bras possessifs, celui-ci peut s’appeler Obed, ce qui signifie « serviteur » de Dieu. Parce qu’il a été rendu libre par le retrait de ses parents, Obed peut se mettre au service du désir de Dieu qui a en vue le salut de tout le peuple : il sera le grand-père de David. Ruth enfante ainsi un avenir : « Booz enfanta Obed avec Ruth, Obed enfanta Jessé, Jessé enfanta le roi David, David enfanta Salomon […]. Jacob enfanta Joseph l’époux de Marie de qui est né Jésus le Messie. (Source : Réforme, n° 3191, 21/09/2006)
Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.
Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.
Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.
Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
(Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi)
Nicolas Poussin, L'été ou Ruth et Booz
* Les langues de feu : le feu symbolise souvent Dieu lors de ses apparitions que l'on nomme "théophanies". On pense au buisson ardent que vit Moïse. Ici le feu prit la forme de langues, terme qui jour sur deux sens, en grec comme en français : celui des flammes et celui des langues diverses dans lesquelles s'exprimaient les apôtres lorsqu'ils enseignaient la parole de Dieu.
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