-- Elle : "Comme ce week-end de la Saint-Valentin commence bien ! Je suis si heureuse de le passer avec toi ! Comme je t'aime ! Tout à l'heure, dans la grande allée, quand je t'ai pris la main, une onde de plaisir m'a submergée !"
-- Lui : "Oh oui, moi aussi je me sens bien avec toi ! Je suis ravi de me promener ainsi, main dans la main. Mais si tu savais comme j'ai hâte d'être à la Sainte-Marguerite !"
-- Elle : "Un peu de patience, mon aimé, tout vient à point à qui sait attendre. Et sais-tu qu'avant la Sainte-Marguerite, il y a la Sainte-Proserpine ?"
Que cette historiette ne vous monte pas à la tête ! N'oubliez pas ce qui est arrivé à cette malheureuse petite souris, un quatorze février de l'an de grâce neuf cent soixante-sept :
Une souris veut traverser une route assez fréquentée car elle est attirée par un alléchant morceau de fromage qui se trouve de l'autre côté. Donc elle traverse mais, juste au moment où elle est pratiquement arrivée, une voiture survient et lui coupe un bout de la queue. La souris est désemparée et se dit : de quoi ai-je l'air sans ma queue ? Alors, elle décide de tenter de récupérer son bout de queue pour le recoller. C'est alors qu'une autre voiture survient, qui la percute violemment... et la souris perd la tête. Moralité : ne perdez pas la tête pour un petit bout de queue !
Pauvre petite souris sans queue ni tête !
Les petits bouts de queue ont fait et font toujours de nombreuses victimes, qu'il s'agisse du monde des souris ou des hommes. Même si, on le sait, errare humanum est, on dit aussi que perseverare diabolicum. Moi je crois que persévérer dans l'erreur est humain car, sans même être spécialement maso, je pense que certains ont une elle quantité de peaux de babanes sur les yeux qu'ils ont beau les ôter les unes après les autres, il leur en reste toujours une pour les conforter dans le chemin tortueux qu'ils ont un jour emprunté et dont ils ne parviennent pas à s'écarter. Des optimistes invétérés, qui croient qu'en insistant et insistant encore, l'horizon va s'éclaircir miraculeusement ? Ceux qu je connais ne me donnent pas cette impression, je les crois parfois plutôt suicidaires. Alors quoi ? Ils ont l'espérance chevillée au corps, l'espérance dans l'homme, l'homme qu'ils persistent à croire perfectible malgré l'accumulation de preuves contraires. De ceux-là, on fera des héros, ou des saints... ou des malades mentaux ! La Piétra(galla) se qualifie elle-même d'"utopiste pessimiste" ; j'aime assez ce que l'association de ces deux termes peut évoquer, et suis assez tentée de la rejoindre...
Mais je ne saurais clore cette note sans avoir une pensée émue pour une Valentine d'antan - prénom qui n'est plus très à la mode, mais le monde tourne, ainsi que la vogue des prénoms... Alors, Valentine, si vous lisez cette note de là où vous êtes, sachez que je vous remercie, même (et surtout) si vous ne savez pas pourquoi !
En résumé : elle prit sa main, il prit son pied.
Rédigé par : P. | 14 février 2009 à 10:59
C'est l'histoire d'une dinde qui se félicitait chaque jour de son sort. Chaque jour une main généreuse lui donnait une nourriture abondante, entretenait son enclos et veillait à ce qu'aucun prédateur ne vint la saisir.
Toutes les informations, que son expérience put lui donner, allaient dans le sens d'un avenir radieux.
Cette histoire pleine de félicité s'est brutalement interrompue le jour où l'on servit la dinde au repas de Noël.
Ne jamais oublier que l'absence de preuve ne constitue pas une preuve de l'absence.
Nassim Taleb a écrit un livre passionnant à ce sujet.
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 14 février 2009 à 11:38
Je ne connais pas Nassim Taleb, mais je vais le lire car cette notion d'"absence de preuve qui ne constitue pas une preuve de l'absence" m'intéresse au plus haut point, quelle que soit l'angle sous lequel on l'envisage...
Rédigé par : Caritate Libertas | 14 février 2009 à 11:48