Relisons Voltaire, qui traite de la félicité dans son Dictionnaire philosophique :
Félicité est l'état permanent, du moins pour quelque temps, d'une âme contente ; cet état est bien rare. Le bonheur vient du dehors, c'est originairement une bonne heure ; un bonheur vient, on a un bonheur, mais on ne peut pas dire : Il m'est venue une félicité, j'ai eu une félicité, et quand on dit : "Cet homme jouit d'une félicité parfaire", une alors n'est pas pris numériquement, et signifie seulement qu'on croit que sa félicité est parfaite. On peut avoir un bonheur sans être heureux : un homme a eu le bonheur d'échapper à un piège et n'en est quelquefois que plus malheureux ; on ne peut pas dire de lui qu'il a éprouvé la félicité. Il y a encore de la différence entre un bonheur et le bonheur, différence que le mot félicité n'admet point. Un bonheur est un événement heureux ; le bonheur, pris indécisivement, signifie une suite de ces événements. Le plaisir est un sentiment agréable et passager ; le bonheur, considéré comme sentiment, est une suite de plaisirs ; la prospérité, une suite d'heureux événements ; la félicité, une jouissance intime de sa prospérité...
Alors, heureux ? Dans les bras...
Ou, si vous souhaitez un peu plus d'exotisme, écoutez donc Sol y Luna, extrait de l'album Felicidad !
J'aurais pu vous parler de Sidonie Gabrielle Colette, romancière, membre de l'Académie Goncourt, à qui l'on doit la série des Claudine que toute adolescente dans les années soixante a parcourue avidement. Elle ne toucha aucune droit d'auteur pour cette série car son mari lui avait fait signer un contrat qui stipulait qu'il en était propriétaire. Malgré sa réputation sulfureuse, elle est la seule femme qui eut droit à des obsèques nationales ; elle repose au cimetière du Père Lachaise. "Une femme qui se croit intelligente réclame les mêmes droits que l'homme. Une femme intelligente y renonce." "Il y a deux sortes d'amour : l'amour insatisfait, qui vous rend odieux, et l'amour satisfait, qui vous rend idiot."
Mais il est une autre Colette que j'apprécie, une artiste aux multiples facettes, que je retiens pour ses chansons paillardes, j'ai cité Colette Renard. Pour enrichir votre vocabulaire, regardez et écoutez cette vidéo, âmes prudes s'abstenir !
Un fidèle lecteur et blogueur, j'ai nommé GG, a bien voulu apporter sa pierre au saint du jour et enrichir mon propos, avant même sa parution. Colette est issue d’une famille pauvre, logeant à Corbie en Picardie (ENCORE LA PICARDIE). Son père, Robert Boellet, maître menuisier, et sa mère, Marguerite Moyon, se dévouaient aux pauvres. Mais les années passent et ils n’avaient toujours pas d’enfant. Ainsi ils prient saint Nicolas de leur donner un descendant. À 60 ans, Marguerite met au monde une fille le 13 janvier 1381. Elle se nomme Nicolette en hommage au saint mais elle est plus couramment Colette, diminutif de son prénom. Colette reçoit une éducation très religieuse et accorde beaucoup d’importance à la Passion du Christ sur laquelle l’entretenait beaucoup sa mère, femme très pieuse qui se confessait et communiait chaque semaine. Dès sa plus tendre enfance, à 4 ans, Colette vit de prière perpétuelle et aide les pauvres. Suivant son désir, elle fut inhumée dans un tombeau, sans linceul ni bière, à même la terre, dans le cimetière de Gand. En 1471, l’évêque de Tournai entreprit une enquête suite à des miracles survenus sur sa tombe. Ainsi, on en découvrit 14 à Hesdin, 15 à Gand, 4 à Arras et encore bien d’autres à Poligny et Auxonne. Elle fut béatifiée en 1625 et fut canonisée par le pape Pie VII le 24 mai 1807. (Prononcez Pie VII "pissette", ça fait toujours rire) J'aime bien ce prénom, Colette, qui me semble délicieusement féminin dans sa consonance : Colette, zézette, fillette, quéquette, etc. Ne dit-on pas que la grande Colette elle-même y succomba, elle qui connut des amours saphiques, zézette contre zézette (d'ailleurs Colette adorait les chattes) ? (RE-LIRE LE BILLET SUR "OLIVE", comme quoi tout ce tient)
Merci GG de citer Hesdin, village où j'ai passé de délicieuses vacances avec mon défunt papa, à pêcher la truite dans la Canche après avoir traversé une prairie où paissaient tranquillement des vaches qui m'impresssionnaient un peu (j'avais 7-8 ans), et franchi un barbelé de clôture dont on disait qu'il était électrifié, mais dont je n'ai jamais subi les effets, les vaches peut-être ? Je caresse l'espoir d'y faire un petit détour cet été lors d'un séjour dans ma région de naissance. Et, comme dirait Patrice Chéreau, ceux qui m'aiment prendront le train.
Etes-vous l'heureux possesseur d'un chat ou d'une chatte ? Oui ? Avez-vous déjà expérimenté l'effet de l'olive sur ces charmantes bêtes poilues ? Ouvrez un bocal d'olives et observez son comportement : c'est de la folie, il ou elle n'a de cesse d'en attraper une, pour la renifler, la rouler entre ses pattes, la grignoter... Trempez vos doigts dans le jus du bocal ou dans l'huile d'olive : il ou elle va vous lécher jusqu'à disparition de la dernière goutte, en ronronnant de plaisir. Offrez-lui un grattoir en bois d'olivier : il ou elle passera de longs moments à se frotter dessus en relevant son arrière-train. L'olive a un effet aphrodisiaque sur les chats et les chattes, c'est une véritable drogue qui a sur eux des effets semblables au viagra ! Ah ces sacrées phéromones qui font leur perdre la tête ! Je vous souhaite, heureux possesseur d'un minou, de passer de bons moments avec votre animal de compagnie préféré !
Ce nom de Guénolé me fait irrésistiblement penser à l'huile goménolée qui, avec les sinapismes, était le remède favori de ma grand-mère. Cette solution huileuse pour instillation nasale, grâce à une pipette (comme c'est commode), a une action antiseptique. Elle est extraite des feuilles de niaouli, et mon nez a gardé le souvenir de son parfum puissant. Pouah ! ce corps gras dans les narines, cette odeur qui masquait toutes les autres, celle des aliments en particulier ; l'appétit se sauvait en courant, et ma grand-mère qui disait : "Un catarrhe, il faut le nourrir !" ; oui, mais encore faut-il pouvoir avaler quelque aliment ! Quel mauvais souvenir ! Cette grand-mère était paradoxale, quand j'y pense, car elle disait aussi : "Un rhume pas soigné dure 40 jours, un rhume soigné dure 39 jours." Vous parlez d'un gain de temps ! Alors pourquoi vouloir mettre de l'huile goménolée dans les narines encombrées et des cataplames à la moutarde qui brûlaient la poitrine ?
Allons plutôt nous régaler à la biscuiterie de Saint-Guénolé, réputée pour ses fines galettes et ses épais palets au beurre, ses madeleines, batziens, quatre-quarts, fars, cakes, et surtout son kouing-amann ! Cette pâtisserie dégoulinante de beurre et de sucre vous fait prendre quelques kilos mal placés rien qu'à la regarder ! Mais quel régal. Vous voulez la recette ? C'est un peu long à préparer mais quelle récompense au final !
Délayer 15 g de levure de boulanger dans 20 cl d'eau tiède. Réaliser la pâte en mélangeant 300 g de farine avec la levure diluée dans l'eau, laisser reposer dans une pièce chaude, la pâte doit presque doubler de volume. Pendant ce temps, malaxer 250 g de beurre demi-sel ramolli avec 250 g de sucre semoule. Quand la pâte est levée, l'étaler en rectangle et étaler dessus le mélange beurre-sucre. Rabattre. Tourner d'un quart de tour. Etaler à nouveau. Mettre au réfrigérateur pendant une heure. Sortie du réfrigérateur, faire encore deux tours, puis mettre dans le moule de cuisson beurré et sucré. Couvrir d'un torchon et laisser 20 mn dans une pièce tiède. Saupoudrer de sucre semoule. Cuire à 200° pendant 30 mn.
Il ne vous reste plus qu'à vous lécher les doigts dégoulinant de beurre sucré... Bon appétit !
"La volupté unique et suprême de l'amour gît dans la certitude de faire le mal. Et l'homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve toute volupté."
"Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille !"
J'aime tout Baudelaire. J'ai relu Les Fleurs du mal et j'ai eu un mal fou à en extraire quelques poèmes : Les deux premiers, parce que je me souviens les avoir étudiés au lycée et qu'ils me sont familiers. Le troisème, dédié aux amoureux des chats. Les deux derniers, parce que tout a une fin. Rien ne vous oblige à les lire, et vous pouvez faire votre propre choix sur l'intégralité de l'oeuvre de Baudelaire.
Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent, Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, Et d'autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
L'invitation au voyage Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ; — Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Le chat
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux Mêlés de métal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit ; son regard, Comme le tien, aimable bête, Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum Nagent autour de son corps brun.
De profundis clamavi
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime, Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé. C'est un univers morne à l'horizon plombé, Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ; Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois, Et les six autres mois la nuit couvre la terre ; C'est un pays plus nu que la terre polaire ; Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois ! Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse La froide cruauté de ce soleil de glace, Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ; Je jalouse le sort des plus vils animaux Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide. Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir plein de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux : Et bientôt un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Mes neurones connectent instantanément le nom Albin au nom Michel. Probablement parce que j'aime lire. Vous aussi ? Alors rendez-vous chez Albin Michel, qui a le bon goût d'éditer Amélie Nothomb, Bernard Werber, Eric-Emmanuel Schmitt, Calixthe Beyala, Yasmina Reza, Jean-Christophe Grangé, Eliette Abécassis, Bernard Pivot (100 Expressions à sauver, que je vous recommande vivement), et plein d'autres. Je vous laisse, j'ai un bouquin qui m'attend ! A la prochaine, si Dieu le veut !
PS : cette note n'a aucun caractère publicitaire, je n'ai pas d'action dans cette société d'édition...
A moins que vous ne préfériez Albin Mougeotte, alias Zaza Napoli, dans La Cage aux folles. Ce n'est même pas la peine que je vous en parle, c'est un incontournable, celui ou celle qui ne connaît pas n'a rien à faire sur ce blog. Vade retro ! Je ne pense même pas à tous les homophobes...
Cette année, le premier mars, jour où l'on fête des Albin, se trouve être aussi le dimanche de la fête des grands-mères. En voilà une belle invention ! La fête des mères, déjà, instaurée par Pétain, est une sacrée connerie. Enfin, pas pour les commerçants ! Ensuite, pour que règne l'égalité, fut instaurée la fête des pères, deuxième couche de connerie ! Enfin, la fête des grands-mères ; à quand la fête des grands-pères ? Une fois par an, donc, les petits-enfants rendent visite à mamy, partagent le déjeuner dominical, lui offrent le cadeau acheté par papa ou maman, et n'ont de cesse de rentrer chez eux retrouver leurs copains ou leur console vidéo. Sacré dimanche ! Une idée bizarre me traverse l'esprit, là, maintenant, en écrivant ces quelques mots : "console", c'est un terme qui va bien avec les grands-mères, qui n'ont pas à jouer un rôle éducatif, mais qui écoutent et consolent leurs petits-enfants quand ils en ont besoin, et ce quel que soit leur âge. Finalement, c'est bien de souhaiter leur fête ! Même si je reste persudée que le plus beau cadeau que puissent faire les petits-enfants à leur grand-mère est de lui rétrocéder ne serait-ce qu'une infime parcelle de l'amour qu'elle leur porte.
Je n'ai pas connu mon grand-père paternel, je sais juste qu'il s'appelait Romain. Il avait eu le "courage" d'entrer dans une famille de femmes, où régnait le matriarcat. Dans cette famille, les filles ont toujours été en large supériorité numérique. Cela ne lui a pas porté chance. Il épousa une dénommée Céline, ma grand-mère, l'aînée de quatre soeurs. Ce n'étaient pas Les Quatre Filles du Dr March mais les quatre filles du père Henri !
Le 15 septembre 1914, il est mort pour la France, à Pargny-sur-Saulx, dans la Marne, et a reçu à titre posthume la croix de guerre avec étoile de bronze. Né le 10 mai 1888 à Annay-sous-Lens, il avait donc 26 ans à sa mort, laissant une veuve de 20 ans, et deux fillettes âgées respectivement de deux ans et de trois semaines, sa seconde fille qu'il ne connut jamais, et à qui l'on attribua le prénom de Romaine ; c'était ma mère.
Je ne sus jamais si c'est en son honneur que j'eus droit durant toute mon enfance et mon adolescence à des promenades dominicales qui me faisaient "gravir en venant de la plaine de Lens une colline qui culminait à 165 mètres : la ligne de crêtes allant de Vimy à Souchez, lieu de combats acharnés en 14-18. Vimy et son célèbre monument canadien, érigé à la glore de nos alliés, où sont conservés les cratères d'obus et les tranchées (avec parfois moins de 100 mètres entre les lignes adverses), et plus loin Notre-Dame-de-Lorette, sur la commune de Souchez, et où l'on peut voir un cimetière de 19 000 tombes (22 000 soldats inconnus y sont également ensevelis." [GG, Soldat de la Grande Guerre, 1914-1918, 11 novembre 2008]. Ce que je sais, c'est que je dois l'inspiration de cette note en grande partie au Grincheux, que je remercie, que j'ai pillé tant ce qu'il y racontait correspond à ce que j'ai vécu dans ma jeunesse. Je déplore que mon grand-père, mort prématurément, n'eut jamais la possibilité, comme le sien, de nous égrener ses souvenirs de poilu, des faits épiques survenus ici et ailleurs (Chemin des Dames, taxis de la Marne, tranchée des baïonnettes, Douaumont, Fort de Vaux…)
Et il me reste aujourd'hui une certaine nostalgie de ces dimanches, alors que, adolescente, j'avais l'espoir, au milieu de ces champs de ruines, de rencontrer un ami cher, les pulsions de vie étant plus fortes que celles de mort, tout au moins quand on a la jeunesse et l'avenir devant soi !
Honorine de Brabant est le nom d'un rosier remontant à fleurs doubles d'un rose tendre tacheté et strié de lilas. Il fleurit de juin à la fin de l'automne en dégageant un parfum exquis. Il fait partie d'une variété de roses anciennes, les roses Bourbon, originaires de l'île Bourbon (actuelle île de la Réunion). C'est l'hybridation spontanée des roses de Damas et des roses de Chine, qui constituaient des haies pour protéger les cultures, qui a donné naissance aux roses Bourbon.
J'éprouve une véritable passion pour les roses. Pour leur beauté, leurs couleurs, pour leur parfum, pour leur symbolisme. Rien ne me plairait tant que d'avoir une collection de rosiers dans mon jardin. Et je rêve d'aller à L'Haye-les-Roses visiter la roseraie, par un belle journée ensoleillée. Mais pour cela, il va me falloir attendre un peu, je le crains !
Les commentaires récents