Voyou, n. m. attesté en 1830, répandu qu'à partir de 1870, le mot est dérivé de voie, la finale -ou venant peut-être de l'influence de filou. Le mot désigne originellement un chemineau, un vagabond mais, lorsqu'il est attesté par écrit (1830), il s'applique déjà à tout homme, d'une classe sociale moyenne ou basse, de moeurs et de moralité condamnables, puis il se dit (1844) d'un gamin des rues, déluré et mal élevé. L'idée étymologique de nomadisme, d'absence de domicile fixe, est présente jusque vers 1870-1880. C'est celui qui court les rues. Selon les contextes sociaux, le mot a changé de connotations : comme truand, il implique aujourd'hui la délinquance. L'adjectif (1880) est appliqué par extension (1892) à un comportement digne d'un voyou. Le féminin voyouse (1868), disparu, ou voyoute (1864), femme de moeurs douteuses, n'est plus guère employé en substantif, mais voyoute se rencontre comme forme féminine de l'adjectif.
Le composé voyoucratie, n. f;, suprématie des voyous (1865, Flaubert), de -cratie, signifie aussi bande de voyous. Son dérivé voyoucratiser, v. tr., rabaisser jusqu'à la vulgarité (1868, Barbey d'Aurevilly), est inusité. Voyouterie, n. f., acte, paroles de voyous, est formé (1884) sur le féminin voyoute [Le Robert, dictionnaire historique de la langue française].
Pouvons-nous en déduire que les gens du voyage sont des voyous ? que les SDF sont des voyous ? que les gosses délurés sont des voyous en puissance* ? etc. Mais que les hommes, d'une classe sociale élevée, de moeurs et de moralité condamnables, ne sont, eux, en aucun cas des voyous ? Un homme de pouvoir qui se comporte comme un truand sans cesse en guerre contre les bandes rivales n'est-il pas un voyou ? Un homme de pouvoir qui se comporte politiquement tantôt en homme de droite, tantôt en homme de gauche, tantôt en homme de..., qui revient sur ses pas, fait marche arrière, demi-tour... est-il intègre, se différence-t-il du vagabond qui arpente les rues dans tous les sens ?
Personne n'a pu échapper à la couverture de Marianne. Il faut lire l'article de JFK, qui a les couilles d'appeler un chat un chat. Qualifier de "voyou de la République" notre actuel président est moindre mal. La façon dont la République est mise à mal me paraît beaucoup plus grave !
* Mon fils aîné se fit un jour traiter, alors qu'il était âgé d'une dizaine d'années, de "graine de voyoucratie". Il avait eu le tort d'héberger secrètement dans un studio du village appartenant à ma mère, et vacant la plupart du temps, un gamin en fugue parce qu'il prenait des coups chez lui. Seb lui avait donc offert le gîte et le couvert, lui portant à manger matin et soir à notre insu. Comment le père du gamin eut-il connaissance de la cachette de son fils ? Je l'ignore ; ce que je sais, c'est qu'il sonna quelques jours plus tard à notre porte, accompagné de son frère, un flic armé, pour récupérer le gamin. Ce qu'il fit avec une colère manifeste, insultant au passage notre fils que nous avons félicité, aussitôt leur départ. Mon fils est aujourd'hui patron d'une entreprise, qu'il a créée de toutes pièces, et se fait un point d'honneur à embaucher le maximum de salariés en leur offrant les meilleures conditions de travail possibles. Il est réglo en tout, cette graine de voyoucratie !
Les commentaires récents