Tel le temps, je suis cyclothymique ! Et cela me convient, je détesterais être un monolithe, d'humeur toujours égale, sans manifestation de joie ou de colère, lisse et sans passion, impassible contre vents et marées. Morte, en quelque sorte ! Je pleure quand je suis triste et je ris quand je suis gaie ; un rien me met en joie, un rien me désespère... Mais le fond est ne varietur.
Tout dans l'univers - à ma connaissance tout au moins - est régi par des cycles.
La Terre, dans sa révolution autour du Soleil, nous promène de saison en saison, depuis la nuit des temps et pour encore pas mal de temps, sauf catastrophe qui remplirait de joie les prédicateurs de fin du monde... en 2012 !
La Terre, en tournant sur elle-même telle une toupie sans fin, rythme nos jours et nos nuits, qui se succèdent bon an mal an avec des durées variables selon la saison et l'endroit du globe où l'on se trouve. Les ténèbres laissent place à la lumière, peu à peu recouverte à nouveau par les ténèbres, intimement liées. De midi à minuit, de minuit à midi... inlassablement.
La Lune met son grain de sel, nous offrant parfois un croissant, parfois un petit pain tout rond, parfois rien du tout. Elle nous attire, nous repousse, nous attire à nouveau, jouant avec les liquides de notre corps comme avec l'océan, de 28 jours en 28 jours, le temps d'une fécondation. Il fut un temps où la lune m'intimidait, à cause d'une rencontre une nuit de pleine lune avec cet astre qui remplissait le chemin qui menait chez moi. Jamais je ne l'avais vue si grosse, et j'ai compris à cet instant à quel point l'être humain n'est qu'une infime particule dans l'univers immense. Depuis, je l'ai apprivoisée, ou peut-être est-ce elle qui m'a apprivoisée ? Elle est devenue mon amie.
Les animaux suivent le rythme des saisons. Seul l'homme voudrait pouvoir vivre identiquement été comme hiver, il se plaint du froid en hiver, du chaud en été... Prétentieux, il ne parvient que difficilement à se plier à l'alternance du chaud et du froid, des brûlures du soleil et des frimas venteux ; il aimerait régner en maître sur dame Nature. Quel imbécile ! Il cherche des explications à tout : les météorologues parlent de réchauffement climatique, pourquoi avons-nous de la neige en décembre ? En Provence, après une période de froid intense, peu habituel il est vrai en novembre, quelques jours d'une température printanière nous ont surpris... et enchantés. Puis le froid est revenu, apporté par le vent du Nord (qui vient s'écarteler). Y a-t-il lieu de s'en étonner ?
Les végétaux, comme les animaux, ont plus de sagesse. Le jardin a pris ses quartiers d'hiver, arborant un aspect racorni et givré. Les vivaces referont leur apparition au printemps, pour notre plus grand bonheur. Les annuelles nous auront enchantés toute une saison, c'est leur vocation.
Les plantes courbent l'échine, épuisées de leurs éclats passés. Leur tête s'est inclinée vers le sol, comme un signe de remerciement d'avoir été si belles.
Ici et là, quelques bouquets fleuris résistent aux intempéries. Mais plus pour longtemps.
Bientôt ne subsisteront que les squelttes décharnés des arbres, se détachant, lugubres, sur le ciel encore bleu, maintenus en vie par le vent qui fait tintinnabuler les cloches et les gongs qui y sont accrochés.
Chaque jour, je contemple le paysage qui subit une alchimie permanente, et je compte les jours...
Je compte les jours qui nous séparent du printemps, de la renaissance ; c'est cette espérance seule qui nous fait accepter le gel, le vent, la neige, la pluie, le verglas, tous ces aléas de l'hiver sans lesquels aucun renouveau ne serait possible.
Cette attente me rend parfois morose il est vrai, mais parfois aussi me remplit d'espoir.
Mon cycle est celui des saisons, celui des jours et des nuits, celui des émotions qui s'enchaînent, se superposent, s'annihilent ou se contrebalancent.
Mon cycle, c'est ma vie.
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