J'avais soulevé une question à la fin de ma note sur le Plaisir... Voici la réponse.
Le dilettante est celui qui envisage les choses du point de vue du plaisir esthétique, celui qui fait les choses, non pas en professionnel, mais en amateur. Qui dit "amateur" dit quelqu'un qui aime une ou plusieurs choses, un art (amateur de musique, amateur de chevaux, amateur de jolies filles...) ; ou aussi une personne qui effectue une tâche sans rémunération, au contraire d'un professionnel.
Dilettante vient de l'italien dilettante, "celui qui trouve plaisir à quelque chose", plus spécifiquement "amateur d'art" ; ce participe présent employé en substantif correspond au français "délecter".
Ce mot a vu son sens évoluer : d'"amateur de musique italienne", il est passé à "amateur de musique", puis à "amateur d'art". Aujourd'hui, le dilettante est celui qui exerce une activité comme un passe-temps, quelquefois avec une nuance péjorative - en "amateur" ; ou lorsqu'il s'applique à un esthète qui vit au gré de sa fantaisie - un dandy en tant qu'attitude sociale. [Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, sous la dir. d'Alain Rey].
Si l'on remonte aux étymologies latines, ce mot a la même origine que les mots dilection (amour tendre, ça m'inspire...), prédilection et se délecter.
Je suis donc une dilettante, et j'en suis fière !
"Quand Rabourdin le faisait venir en bas pour lui expliquer un travail, Phellion tendait son intelligence, il écoutait les moindres paroles du chef comme un dilettante écoute un air aux Italiens" [Balzac, « Les employés »].
Combien de gamins sont traités de dilettante, sur leur bulletin scolaire, par des profs ignorant le sens des mots qu'ils utilisent, ce qui est un comble !
Pour moi, le meilleur exemple de dilettante me semble être un chat. Je découvre avec surprise qu'une maison d'édition a dû penser la même chose...
Le dilettante met de la légèreté dans l'esprit de sérieux, mais n'en cherche pas moins de la profondeur, là où la docte assemblée de peigne-culs qui lui tient lieu de congénères se repait de sa propre épaisseur.
Est-ce une posture ? Je ne le pense pas, plutôt une position délicate à tenir tant la vanité est prompte à tendre la main à notre estime de soi.
Est-ce une affectation ? Je ne le crois pas non plus, tant ceux-là sont le plus souvent affectés naturellement d'un vice rédhibitoire : se taire sur l'essentiel.
Faut-il être "dandy" pour être dilettante ? Croyez-vous qu'il faille être ivrogne pour être amateur de bons vins ?
Faut-il être esthète pour être dilettante ? Juste se souvenir que "le Beau est toujours bizarre".
Pour moi aussi, le chat ...
Rédigé par : JeanBalthazar | 19 avril 2011 à 09:19
Parfois, j'ai le désir d'arrêter ce blog, pour des raisons diverses et variées : manque d'inspiration, coup de blues, colère... J'avais ainsi prévu l'arrêt dans trois jours, considérant que l'heure de la retraite (et de la retraite) avait sonné. Mais ce serait me priver de vos commentaires, et cela je ne le peux pas ! Merci de me "motoriser" (sans jeu de mots)
Rédigé par : Caritate | 19 avril 2011 à 09:59
Le dilettante est comme le chat, il promène sur le monde un oeil apparemment désintéressé, mais il voit tout, entend tout, et bondit d'un seul coup si ça en vaut la peine.
Rédigé par : Le Nain | 19 avril 2011 à 10:10
"Cattus quia videt"
Rédigé par : JeanBalthazar | 19 avril 2011 à 10:55
Le dilettante est peut-être seulement celui qui veut se protéger de la passion, celle qui consumme, de l'érudition, celle qui ennuie, de la technicité, celle qui se distille comme on dispose un rayonnage d'épicerie.
Le dilettante est un vaincu insoumis dans un monde conquis par Ingalls & Bidochon ; ils triomphent car ils sont le nombre et il a choisi le palier.
Le dilettante a un faible pour les chemises blanches, mais sait qu'il s'expose à la moindre tache.
Charles & Caroline, Robert & Raymonde, le dilettante ne viendra même pas cracher sur vos tombes. C'est dire ...
Rédigé par : JeanBalthazar | 19 avril 2011 à 13:54
Je vois le dilettante comme un être à la fois léger et profond, gai et sérieux, tolérant et ouvert, permissif et autoritaire, libertin et pudique... un funambule qui maintient son équilibre sur le fil de sa vie, mais surtout un être insaisissable. Un chat, je ne trouve pas mieux pour le décrire !
Rédigé par : Caritate | 19 avril 2011 à 16:56
Miaou !
Rédigé par : Alain | 19 avril 2011 à 18:59
Ron ron ron ron...
Rédigé par : Caritate | 19 avril 2011 à 23:56