"Le désir est sensuel, une manifestation du libre choix ; l'attachement au contraire est l'ennemi du libre choix." Toni Bentley, Ma reddition.
Lorsque j'ai publié il y a quelque temps une note sur l'envie, j'ai promis d'en écrire une sur le désir. Je suis quelqu'un qui tient ses promesses, du moins tant qu'elles n'engagent que moi !
Mais quelle idée ai-je eue là ! Je tourne et retourne ce mot "désir" dans ma tête (oui, vous avez bien lu, dans ma tête), et des questions s'y succèdent, mais où sont les réponses ? L'âge aidant, je me pose de plus en plus de questions et j'ai de moins en moins de réponses, en tout cas de certitudes.
Comment distinguer le désir du besoin ?
Le désir est-il un besoin éventuellement vital, une envie de plaisir, de bonheur, une pulsion qui demande à être satisfaite ?
J'ai besoin de manger, j'ai envie de fraises, je désire me régaler d'un baba au rhum. J'ai soif, j'ai envie d'une téquila, je désire partager une bouteille de Chiroubles entre amis...
Le désir est l'essence de l'homme. Sans lui, pas de vie ; sans lui, pas de mise en mouvement ; sans lui, pas d’action ; pas de recherche non plus, ni d’interrogation, donc pas de connaissance. Le désir peut être latent, c’est sa prise de conscience, à laquelle s'adjoint notre volonté, qui va lui donner vie.
Notre désir est-il d'avoir ou d'être ? Analyser notre désir nous incite à savoir ce que nous voulons être, c'est-à-dire être soi, et à persévérer dans cette démarche. Vu ainsi, le désir n'est pas un manque mais un moteur qui contribue à notre réalisation.
Le désir peut être positif, si ce que l’on désire peut être source de plaisir, ou de contentement, une approche de ce que l’on est véritablement. Il peut être négatif s’il engendre une insatisfaction. S’il est des désirs nécessaires - satisfaction de besoins vitaux -, il en est aussi d’irréalisables - l’immortalité.
Le désir a été traité par tous les philosophes (de Platon à Onfray en passant par Spinoza), par tous les psychanalystes, par tous les sociologues et autres -logues et -istes... Alors, comment oser s'aventurer plus avant sur ce terrain ?
A moins de se risquer à évoquer le désir dit sexuel, plus concret, encore que ! Celui-là aussi me semble multiple.
Désir de séduire, il peut traduire un manque de confiance en soi, mais parfois tellement développé qu'il en devient pathologique.
Désir de donner (sous-entendu du plaisir), mais qui donne n'attend-il rien en retour ? Peut-on être uniquement dans le don ? J'aimerais tant le croire...
Désir brutal, bestial pourrait-on dire, désir de possession de l'autre et/ou d'être possédé par l'autre. Ce désir qui fait trembler, qui contracte certaines parties du corps, qui coupe la respiration... Mais sa source n'est-elle pas le plus souvent dans le fantasme ?
Désir tendre, comme de passer la main dans ses cheveux, de caresser ses lèvres du bout du doigt, d'enlacer sa main à la sienne, de se noyer dans son regard. Ce désir qui se déclenche au seul son de sa voix, à la seule vision d'un détail de son physique - les mains souvent, pourquoi ? objet de fantasmes, elles aussi ? - ou d'un accessoire porté, tel qu'une montre, une bague, un vêtement... Ou leur simple réminiscence.
Ou mieux, la succession d'un désir tendre et d'un désir brutal, à nouveau d'un désir tendre... encore et encore, jusqu'à l'apaisement, jusqu'à la prochaine fois.
Mais je m'emballe, je m'emballe...
Désir, besoin, envie : des angles de vue différents d'une même contingence ? Celle de palpiter pour se sentir exister ?
La frustration aurait elle d'insupportable ce refus qui nous est fait de pouvoir se ressentir, hors de toute considération (fantasmatique ?) de partage et uniquement inscrite dans le plus naturel égoïsme ; vivre ?
Les volontés s'affrontent sur un objet commun ou s'accordent sur des objets distincts. Vaincre ses passions ou soumettre ses volontés est un renoncement, ascétique ou compassionel pour les uns, esthétique pour les autres.
Quelque soit la posture, nous ne sommes que l'objet de notre propre désir.
Rédigé par : JeanBalthazar | 11 avril 2011 à 08:41
Peut-on envisager le désir (sexuel, sauf à considérer tous les désirs comme sexuels, merci Freud) comme une sorte de masturbation intellectuelle, prémisse à une masturbation à deux narcissique ?
Rédigé par : Caritate | 11 avril 2011 à 09:18
Désir vient du latin Desiderarium, qui signifie aussi bien l'envie et le désir que le regret. Est-ce pour ne pas regretter qu'il faut mettre un frein à ses désirs ?
Rédigé par : Le Nain | 11 avril 2011 à 11:51
Ce qui est primordial, c'est d'identifier ses désirs avec justesse, ne pas se tromper afin que, si l'on y met un frein, ce soit en toute liberté et en en connaissant la raison. C'est le meilleur moyen de ne pas avoir de regret.
Rédigé par : Caritate | 11 avril 2011 à 17:29
"... en toute liberté (ie par choix) et en connaissance de cause (ie avec un discernement éclairé)" ; pour ma part c'est ce qui me pose le plus question à propos de mes congénères.
A considérer l'agitation vaine, l'émoi facile, la révolte creuse, le mystère convenu, il est difficile d'imaginer que tout cela participe d'une volonté affermie. Tout au plus quelques soubresauts arrachés à la petite maison dans la prairie ou quelques bidochoneries déguisées par l'aventure d'arrière-boutique.
Rédigé par : JeanBalthazar | 11 avril 2011 à 18:50
Je te souhaite de faire la distinction parmi tes congénères entre ceux qui sont dans l'agitation vaine (et son cortège de simagrées) et ceux qui sont dans la tentative d'une construction solide.
Rédigé par : Caritate | 11 avril 2011 à 19:49
La sexualité chez la femme est intimement liée à son esprit, chez les hommes les deux sont distincts. Le désir une fois assouvi libère l'homme, le corps est soulagé, le cerveau reprend le contrôle. En ce qui concerne la femme,le désir et l'intellect vont de pair.
Il n'y a pas plus lucide qu'un homme qui vient de jouir. Et il n'y a pas plus troublée, fanatisée, hypnotisée qu'une femme qui vient de jouir. L'orgasme rend l'homme civilisé, il rend la femme sauvage.
Rédigé par : cruella | 11 avril 2011 à 19:59
"[...] La pénétration d'une femme ne concerne pas que son vagin, mais toute son âme."
Cruella, c'est ce que j'ai longtemps cru, mais parfois je me demande si c'est vrai pour toutes les femmes.
Et si le mâle passe de l'état d'animal à celui d'homme civilisé, et la femme l'inverse, j'espère qu'il y a une fraction de seconde où ils se peuvent se rencontrer... Sinon la chair est bien triste !
Rédigé par : Caritate | 11 avril 2011 à 20:36
Putain ! Faudra bientôt passer une agreg de psycho pour tirer sa crampe !
Rédigé par : JeanBalthazar | 12 avril 2011 à 00:24
Eh oui !
Rédigé par : Caritate | 12 avril 2011 à 05:32
Hé, hé...!
Rédigé par : cruella | 12 avril 2011 à 19:48
Heureusement, qu'il reste des femmes qui se contentent d'un bac. Ce que l'on perd en élaboration spéculative, on le gagne en temps opératif.
Ceci dit vous devez connaître de sacrés bons moments avec vos agrégés de psycho. En plus on doit se sentir plus intelligent après coup.
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 08:44
Mais qui parle d'après coup ?
Rédigé par : Caritate | 13 avril 2011 à 09:05
Désolé, je ne connais pas exactement les moeurs des agrégés de psycho et de leurs hiérodules.
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 12:14
Mais qui parle de prostituées, fussent-elles sacrées ?
Rédigé par : Caritate | 13 avril 2011 à 14:24
Aha...?!
Rédigé par : cruella | 13 avril 2011 à 20:03
Vos agrégés m'ont tout l'air de hiérophantes, donc ...
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 20:07
Avec un "H", cruella !
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 20:19
Hi, hi, hi!
Rédigé par : cruella | 13 avril 2011 à 21:08
Caritate, tu constateras que toutes les femmes n'ont pas besoin d'un agrégé de psycho ; certes cela manque de jubilation, mais question décharge ça suffit.
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 21:23
Je ne connais pas toutes les femmes, et je n'ai pas pour coutume de parler de ce que j'ignore. Personellement, seule la jubilation m'intéresse... la jubilation du partenaire...
Rédigé par : Caritate | 13 avril 2011 à 21:29
Bougresse ! Caritate, tu es une affaire : je suis sûr qu'une configuration planétaire a prévu notre complémentarité : la seule jubilation qui m'interesse est la mienne ... je suis donc ton partenaire idéal.
Goût fraise ou banane ?
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 21:36
Chocolat, mais un chocolat très particuler, difficile à trouver !
Rédigé par : Caritate | 13 avril 2011 à 21:44
Je devine l'affaire pétillante ...
Rédigé par : JeanBalthazar | 13 avril 2011 à 22:01
... comme un Dom Pérignon ?
Rédigé par : Caritate | 13 avril 2011 à 22:13
...le "beau mec"...?
Rédigé par : cruella | 13 avril 2011 à 23:09