« Lorsque l’on a peur de ce que sera demain, on fait revivre un passé qui semblait prometteur » (Danielle Rapoport, sociologue).
Pas faux, ce qu'elle dit ! Mais une fois qu'on sait cela, on peut se retourner et analyser sainement ce qui nous semblait si beau hier (ou avant-hier !). L'important est de ne pas être dupe de ses actions, de ses pensées, de ses choix. Il me semble tout à fait légitime de contempler avec indulgence ce qui nous a plu dans notre jeunesse, qu'il s'agisse de vêtements, d'objets de décoration, de lieux... Il me paraît légitime de revoir des films et d'écouter avec une délicieuse nostalgie les musiques sur lesquelles nous avons dansé, ou flirté...
Ainsi un retour au pays natal, sur les traces de nos jeunes années, peut permettre de comprendre et de digérer des événements du passé dont nous n'avons jamais fait totalement notre deuil.
Depuis des années, je souhaite ce retour aux sources. Depuis des années, je diffère ce voyage. Je me racontais que je n'irais plus qu'une seule fois avant le grand saut dans l'au-delà, n'y aillant plus de famille, alors - peut-être par superstition - je remettais toujours à plus tard. Mais il est une heure où il devient nécessaire de se confronter à la réalité. Que vais-je y trouver ? J'ai encore cinq semaines devant moi et déjà ce voyage occupe toutes mes pensées. Je vais revoir ma maison (qui est à vendre), je vais revoir mon lycée, je vais boire une bière dans ce café où j'ai passé des heures alors que j'aurais dû être au bahut. Je vais flâner dans le jardin public, je vais arpenter les rues, reconnaissant tel pignon, humant telle odeur... Plus d'une fois, confrontée à des ombres, je vais éclater en sanglots, je le sais, mais comment faire l'impasse ? Pendant quelques jours, je serai cette jeune fille naïve qui croyait que ses rêves allaient se réaliser. Mais les ai-je totalement abandonnés ?
Je retournerai aussi dans ce charmant village où j'allais lors des vacances d'été à la pêche avec mon père en traversant un pâturage où paissaient quelques vaches tranquilles, qui cependant m'impressionnaient quelque peu, et j'y entendrai le carillon de l'église sonner chaque heure.
Je continuerai jusqu'à la côte, sur cette plage où, aux premières heures d'une aube estivale, j'avais rencontré Hugues Aufray. Cette seule évocation me fait sourire, près de cinquante ans plus tard ! Bien sûr, j'aurai froid, car je sais que le vent soufflera sur cette plage et que le sable me cinglera les jambes ; mais cela ne m'empêchera pas de tremper quelques instants mes pieds dans les "baches" laissées par la mer à marée basse.
Et ce sera la Toussaint, alors une visite aux morts s'imposera ; comme "avant", je détaillerai les silhouettes qui foulent les allées, espérant y rencontrer des personnes connues. Mais à moins de croire aux revenants...
Je sais qu'il y a des endroits que je ne reconnaîtrai pas. Il en est des lieux comme des gens, ils changent avec le temps ; certains ont vieilli, se sont patinés, d'autres ont trouvé une nouvelle orientation, une autre vie. Qu'importe, je les regarderai avec les yeux de mon coeur.
Et puis je rentrerai, des images plein les yeux, des senteurs plein les narines, et surtout des souvenirs plein la tête. Mon coeur, mon coeur, ne t'emballe pas...
J'aurai enfin renoué avec cette part de moi que, déchirée, j'avais abandonnée il y a tant d'années. Cette part qui me faisait peur va pouvoir renaître, enrichie de toute une vie d'expériences accumulées, de petits bonheurs et de grandes peines. Je sais qu'à mon retour je ne serai ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Et je sais surtout que je serai plus que jamais moi-même, enfin réconciliée, enfin apaisée.
Et après ? Qui sait ? Moi je sais que là où j'irai, ce sera en toute liberté et avec sérénité.
Je ne dis pas que je fais ce pélerinage à chaque fois que nous "montons" dans le nord mais souvent je pars au cimetière et je fais un tour en voiture dans le village (que tu connais) de mon enfance, surtout depuis le décés de ma maman. Personne ne le sait et je passe dans tous les endroits où j'ai tant de bons souvenirs.
Je l'avoue je pleure souvent en revenant mais je suis heureuse ; c'est un besoin et un réconfort qui me font y penser pendant plusiers jours en rentrant chez moi.
Alors tu as bien raison de vouloir retrouver les traces de ta jeunesse; fais le tu seras plus sereine,satisfaite d'avoir été au bout de ton désir
Rédigé par : Héléanne | 22 septembre 2010 à 07:33
Hughes au frais du petit matin ...
Rédigé par : Dominique | 22 septembre 2010 à 14:56
J'ai ,aussi rencontré Aufray... y a pas longtemps (le temps est assassin)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 22 septembre 2010 à 16:44
Excellente idée et bon voyage au pays de ton enfance. J'espère que tu ne repartira pas déçue.
Rédigé par : cruella | 22 septembre 2010 à 21:51
Valérie: peu me chaut que tu aies rencontré Aufray ...
Rédigé par : Dominique | 23 septembre 2010 à 13:30
je m'en serais bien passée, Dom... (caritate sait pquoi)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 septembre 2010 à 15:29
Valérie: c'était juste pour le jeu de mots ...
Rédigé par : Dominique | 23 septembre 2010 à 16:40
Et comme d'hab j'ai rien pigé #quéconnaude #tumefaismarcheràchaquecoup
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 septembre 2010 à 16:47
Valérie: donc si on te parle d'Hugues tu pousse des cris d'orfraie ...
Rédigé par : Dominique | 23 septembre 2010 à 18:25
hé hé !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 septembre 2010 à 20:54
On ne peut plus parler d'Hugo Frais, n'est-ce pas Valérie ?
Rédigé par : Caritate | 26 septembre 2010 à 10:52