Le salon du Livre va fermer ses portes. Je n'y suis pas allée, malgré mon désir. J'avais pourtant de nombreuses personnes à y voir, d'horizons divers, toutes liées par le même amour de l'écriture et de la lecture. Des ami(e)s de longue date, des éditeurs, des auteurs, et des connaissances nouvelles que j'ai hâte de rencontrer. Et puis Paris, ville de mes rêves, où j'aimerais tant vivre ; tout ce qui peut me donner l'occasion de m'y rendre est une bénédiction !
Mais le salon du Livre me porte malheur. Il y a deux ans, mon billet de train en poche, un abcès dentaire sublime - et subliminal - me fit souffrir atrocement, m'ôtant toute envie de voyage. L'an dernier, je m'y rends, frétillante de joie. Mais très vite, un sentiment de mal-être m'envahit, l'impression d'être "déplacée", comme si j'étais là où je n'aurais pas dû être... Et Bashung décéda le samedi en début d'après-midi. Cette date restera gravée dans ma mémoire comme un moment de tristesse intense. Je n'eus plus alors qu'un désir : quitter Paris, me mettre à l'abri de je ne sais quel péril. Je précipitais mon retour. Cette année, que s'est-il passé ? Rien. La mort de Jean Ferrat il y a quinze jours peut-être... un an après celle de Bashung. Un hasard de circonstances. Un emploi du temps mal maîtrisé... Rien ne m'en empêcha réellement. Alors ? Qui peut dire exactement ce qui freine quelqu'un à réaliser ce qu'il souhaite ?
Le salon du Livre ferme ses portes ce soir. Ce blog ferme ses portes ce soir. Un grand merci à qui m'a exhortée à bloguer. Amis lecteurs, je vous donne rendez-vous slnd...
Un blog est mort. Un nouveau blog est né. Il est appelé à régner. Araignée ? Quel drôle de nom ! Pourquoi pas Libellule ou Papillon ? Un Pape est ici remplacé par un blog. Alors pourquoi pas Pépites de Soleil ou Lambeaux de Lune ? Il m'a semblé que ce jour de changement d'heure, qui semble perturber bien du monde, s'imposait pour cette métamorphose.
Mais j'aurais tout aussi bien pu vous proposer une autre chanson de Sttellla, ce groupe belge dont j'aime les jeux de mots, Il faut tourner l'Apache, qui aurait aussi été de circonstance.
C'était un petit clin d'oeil pour faire patienter mes aimables (et bien-aimés) lecteurs. En attendant l'ouverture officielle... bientôt !
C'est la journée du sommeil. Amusant de fêter le jour ce qui se passe la nuit ! A moins de dormir debout ? Cela n'aidera pas à dormir sur ses deux oreilles. Le sommeil est un état normal, et indispensable, de la vie de tous les animaux ; chez l'homme, il représente un tiers de la vie. Il est constitué de cycles, alternant sommeil lent (celui de la récupération) et sommeil paradoxal (celui des rêves). La journée du sommeil est conscacrée cette année au thème "Quand le sommeil prend de l'âge". Plus on vieillit, moins on dort. J'en sais quelque chose ! Mais la diminution de la durée du sommeil n'empêche pas de rêver... ou de cauchemarder ! Le mot "cauchemar" dérive de cauquemaire, formé de caucher et de mare. Caucher dérive de cauchier ("presser"), qui est un probable croisement entre l'ancien français chauchier ("fouler"), le latin calcare ("talonner"), et la forme picarde cauquer. Mare provient du mot picard mare, emprunté au néerlandais mare (fantôme) ; la mara ou mare est un type de spectre femelle malveillant dans le folklore scandinave (Wilipédia ).
Ce qu'un foulon ou coquemare on nomme / Surprend les yeux au milieu de leur somme (Passerat, Elegie d'amour coquemar)
Le Cauchemar de Johann Heinrich Füssli, 1802
Lorsque j'étais enfant, j'avais un cauchemar récurrent : l'impression qu'une masse énorme, sans forme, s'avançait inéluctablement vers moi et allait m'écraser, m'ensevelir, me dissoudre en elle, ou se dissoudre en moi. J'étais terrifiée, oppressée. J'ai compris depuis qu'il y avait là une analogie avec ce qui est décrit comme ce qui remplaçait un cauchemar en latin, c'est-à-dire un incube.
Puis, après la disparition d'un être cher, un autre cauchemar est venu remplacer celui de mon enfance. Le fantôme avait dorénavant un nom, il ne m'écrasait plus, mais je le cherchais partout, parcourant chaque rue de ma ville, fouillant les maisons, croyant l'apercevoir dans tel ou tel bureau. Il était passé ici, juste avant mon arrivée, mais il en était reparti. AInsi de nuit en nuit, sans que jamais je le retrouve. Ce cauchemar n'a pas de fin, il vient encore me harceler malgré mes nuits d'insomnie, entrecoupé par des sensations de suffocation, hantée par ce démon qui semble vouloir m'anéantir. Mais le pire n'est pas le cauchemar que l'on fait la nuit, car vient le moment où l'on se réveille, certes hébétée, en pleurs, tremblant de tous ses membres, le coeur battant la chamade, le souffle coupé. Le pire est celui que l'on vit le jour, bien éveillée, sans espoir d'en sortir au petit matin.
Même si, à 7 h 58, l'heure est plus au réveil qu'au sommeil, j'écoute volontiers l'canchon dormoire qui a bercé mes nuits de bébé, et aussi celles de mes enfants et de mes petits-enfants (en alternance avec Le CuréPineau)...
N'oublions jamais qu'un jour nous nous endormirons pour ne plus jamais nous réveiller, vous comme moi ! Alors faisons aujourd'hui même ce que nous avons à faire... Demain il sera peut-être trop tard !
Patrick, toi qui as converti l'Irlande au christianisme, ne veux-tu pas venir en faire de même ici ?
Puissiez-vous avoir Une maison contre le vent Un toit contre la pluie L'amour d'une famille unie.
Puissiez-vous toujours être entourés De gens joyeux et d'éclats de rire De tous ceux que vous aimez Puissiez-vous avoir tout ce que votre coeur désire.
En Irlande, la coutune veut que l'on cherche un trèfle à 4 feuilles : les feuilles représentent la foi, l'espérance, l'amour et la chance. J'ai bien envie de partir à leur recherche dans les bois, sait-on jamais ! S'il n'y a qu'à se baisser pour ramasser le bonheur, pourquoi s'en priver ? Marcher dans la merde porte bonheur aussi...
Et si je ne trouve pas de trèfle à quatre feuilles, peut-être rencontrerai-je un "lechorpan", petit lutin habillé de vert, aux oreilles pointues, ayant un sérieux penchant pour le whisky et la bière. L'équivalent d'un petit nain chez nous ? Celui qui a la chance d'en capturer un peut le forcer à révéler où il cache son trésor ; mais un conseil : si vous y parvenez, ne le quittez pas des yeux, le lechorpan est rusé et prêt à tout pour ne pas rester en captivité ! Regardez bien ce petit bonhomme, ne vous rappelle-t-il pas quelqu'un ? Mais si, voyons, cherchez bien ! Voilà, c'est lui !
L'amie qui m'a donné envie d'écrire cette note (alors que j'ai mis fin à ce blog depuis quelques jours !) fait rimer Patrick avec "vieille bique", je ne la conteste pas, et me reconnais personnellement dans ce qualificatif. Mais je préfère le faire rimer avec d'autres mots en "ique", comme "trique", "fornique", "astique", "phallique", "nique"...
Une dernière pour la route ? Il y a quelque temps, un blogueur m'a suggéré d'écrire une note sur Sainte Nitouche. Et comme c'est lui qui m'a enseigné l'art du blog, je ne peux pas lui refuser ! S'il y a plusieurs manières d'aborder cette sainte, je ne suis pourtant pas inspirée, mais ce qui est dit est dit. Et puis, comme j'ai arrêté officiellement de bloguer, personne ne lira cette note.
Réveillons nos oreilles, en préambule, avec l'Ouverture de Mam'zelle Nitouche, opérette en trois actes, livret de Meilhac et Millaud et musique de Hervé, créée au Théâtre des Variétés en 1883. Cette opérette fut adaptée plus tard au cinéma, par Marc Allégret puis par Yves Allégret (Wikipédia).
Qu'est-ce qu'une sainte Nitouche ? D'où vient cette expression ? Est qualifiée de sainte Nitouche une personne hypocrite, qui a l'air "de n'y pas toucher". Elle se donne des airs d'innocence et de pruderie. Elle feint la pureté, la chasteté. Elle est une "sainte", qui a une vie exemplaire, vertueuse, uniquement préoccupée de spiritualité. Tournant sa vie vers les autres en faisant abstraction de son propre plaisir, elle ne peut en aucun cas s'intéresser aux plaisirs charnels. Donc elle "ne touche pas". Bien entendu, l'expression "faire sa sainte Nitouche" a un caractère péjoratif à l'encontre de celle qui est montrée du doigt. C'est ainsi que sainte Nitouche est la patronne de celles qui jouent les prudes. Certains pensent que le mot "mitouche" désignerait une chatte hypocrite. Voilà qui laisse songeur ! Rabelais a utilisé l’expression “faire la sainte Nitouche” dès 1534 dans Gargantua. "Les uns cryoient : Saincte Barbe ! Les autres :Sainct Georges ! Les autres : Saincte Nytouche !"
Existe-t-il un équivalent masculin à cette expression ? Aldebert, lui, chante Saint'Nitouche, dont je vous livre ici les paroles.
C'est certain elle y pense Avec moi elle peut avoir confiance Elle ne risque rien A part un mauvais tour de rein Je suis un garçon docile Qu'on attrape en battant des cils Et qui rougit pour trois fois rien Pour un sourire en coin Je suis un "Rémi sans famille" Un Caliméro sans coquille J'attends, je cherche à petits pas Je tends des perches qu'elle ne voit pas Je suis un garçon facile Qu'on attrape en tirant sur un fil Mais qui perd tous ses moyens Dès qu'on lui prend la main Je voudrais tourner sept fois ma langue dans sa bouche Lui dire que c'est la première fois, je suis un saint' nitouche Je voudrais tourner sept fois ma langue dans sa bouche Lui dire juste une dernière fois : je suis un saint' nitouche C'est vrai je dois dire c'est pas commode De toujours courir après les codes La voilà qui passe la langue sur ses lèvres Est-ce un ange, est-ce un rêve ? Suis-je Adam, es-tu Eve ? Je suis un garçon habile Qui sans façon se faufile Qui sait jouer les puritains Au moment opportun J'aurais dû tourner sept fois la langue dans ma bouche Lui dire : "t'es pas la première fille avec laquelle je couche" J'aurais dû tourner sept fois la langue dans ma bouche Elle m'a dit : "A la prochaine fois !"... m'a laissé sur la touche.
Pour terminer, voici une histoire véridique - vous pensez bien que je n'oserais pas vous raconter des fariboles et autres calembredaines ! -, celle d'Anne, une adolescente solitaire, un peu triste souvent. Loin d'être sotte, dissimulant sa timidité sous des airs d'indifférence, on la prenait parfois pour une bêcheuse. Elle était plutôt jolie, mais n'en avait guère conscience. Les garçons lui tournaient autour, elle en était flattée mais, naïve, confondait amour et premiers émois sexuels. Elle flirtait un peu avec l'un ou l'autre, sans grande conviction, sans dépasser le french kiss, pour faire comme les autres et surtout parce qu'elle avait le sentiment d'être aimée pendant ces instants-là. Elle était, si l'on peut dire, amoureuse de l'amour. Et puis un beau matin - ou un bel après-midi, qu'importe l'heure ! -, son regard croisa celui d'Hugues. Un regard mi-tendre mi-narquois, des yeux gris-bleu qui éclairaient un visage aux traits réguliers, une belle bouche parfaitement ourlée, qui laissait apparaître quand il souriait des dents légèrement irrégulières, ce qui ajoutait encore à son charme. Elle n'aurait pu tomber amoureuse d'un homme à la beauté trop classique, ce très léger défaut l'émouvait plus que de raison. Mais qui parle de raison quand le coeur s'emballe à ce point ? Hugues, quant à lui, n'avait d'yeux que pour une jolie blonde, première de la classe, en compétition scolaire avec Anne, à laquelle allait s'ajouter désormais une rivalité amoureuse. Anne était timide mais aussi têtue, et surtout follement amoureuse. Elle était prête à tout pour le séduire. Elle, si bonne élève jusque-là, commençait à se désintéresser de ses études. Elle séchait des cours, quand elle savait qu'il était dans tel bar avec des copains ; elle s'y trouvait aussi, attablée devant un demi, comme par un étrange hasard, une fois, deux fois... Elle n'hésitait pas à troquer le bus scolaire contre la marche à pied, ou plutôt la course à pied, afin de passer sous ses fenêtres et peut-être le rencontrer sur le chemin de l'école. Entre une douce blonde qui se refusait et une brune piquante qui s'offrait, Hugues n'hésita plus très longtemps. C'est ainsi qu'Anne eut le bonheur de lui "offrir son pucelage" je jour de sa fête. Car, malgré les affirmations de certains garçons, toujours prompts à se vanter d'exploits qu'ils n'ont pas réalisés, Anne était vierge. Anne était la plus heureuse des jeunes filles, elle vivait sur un nuage, elle l'aimait, il l'aimait aussi, elle n'en doutait pas un seul instant. Mais Hugues était un coureur de jupons, il lui fallait séduire tous les jolis petits culs qui passaient dans son rayon d'action : et celui-ci était vaste. Très vite, il se désintéressa d'Anne, qui continuait cependant à croire à leur romance. Elle l'attendait, pensant qu'il était normal qu'un jeune homme passe ses soirées dans les bars avec ses potes. Pas une seconde elle n'a pensé qu'il la trompait. Elle croyait fortement à la réciprocité de ses sentiments. Mais les semaines, les mois, les années passaient ; Hugues se faisait de plus en plus rare, lui accordant cependant parfois une petite visite qui la comblait de bonheur. Elle lui pardonnait tout, il était l'homme de sa vie. Mais le destin vous réserve parfois des surprises, vous forçant à emprunter des chemins non souhaités. Elle dut quitter sa ville - leur ville - sans espoir d'y retourner un jour. Pour elle, le devoir primait sur ses désirs. Des années plus tard, quand le hasard (!) les remit en présence, elle le trouva toujours aussi beau, aussi séduisant. Il lui raconta sa vie professionnelle, sa vie familiale, sa vie sexuelle. Elle lui raconta sa vie professionnelle, sa vie familiale, sa vie sentimentale. Lorsqu'ils évoquèrent leur passé commun, elle lui fit des révélations sur cette période de leur jeunesse, mais il ne voulut pas la croire, il prononça même cette expression "sainte Nitouche". Bouleversée, elle réalisa qu'il n'avait jamais mesuré l'intensité de son amour et comprit aussi que, quoiqu'il ait pu faire et quoiqu'il fasse à l'avenir, elle l'aimerait jusqu'à son dernier souffle. Son rêve de vivre auprès de son amour ne se concrétiserait pas, mais dans sa tête de vieille folle, elle espérait qu'un jour peut-être il lui chanterait :
Est-ce là le comportement d'une sainte Nitouche ? Je vous ai raconté l'histoire d'Anne parce qu'une
telle souffrance me touche, parce qu'elle témoigne que l'on a
parfois des jugements hâtifs sur les gens, que l'on reste souvent indifférent aux sentiments d'autrui, et que l'incompréhension peut détruire une
vie.
PS : Vous pouvez lire sur ce thème le roman de Mary Wesley, Rose, sainte-nitouche, paru chez Héloïse d'Ormesson, qui raconte l'histoire de Rose qui, pour tout le monde, fut, cinquante ans durant, une épouse modèle, alors qu'elle a toujours mené une double vie, incapable de choisir entre son mari et son grand amour. Sans grand intérêt.
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