Dans le livre de l'Humanité, livre ouvert depuis l'origine et rempli au long des millénaires, il ne peut être écrit que ceci : "Au commencement était... le nouveau-né" ! Cette phrase, si elle semble une boutade sur nos origines, peut nous donner à réfléchir et nous amener à penser que : "au commencement était la mort", ou "au commencement était le désordre".
L'hypothèse la plus avancée des scientifiques actuels est que la naissance du Monde serait due à une conjonction physico-chimique où la température et la pression jouent le plus grand rôle. Qui dit température et pression voit se dessiner l'image de la respiration (expansion et compression du poumon), de la circulation, principe même du premier souffle de vie, à l'origine de toute naissance, qu'elle soit celle d'une étoile, de la Terre ou d'un être humain. La vie n'est-elle que ce seul principe scientifique basé sur la rigueur mathématique, qui serait capable de créer la vie par combinaison des divers éléments qui lui sont nécessaires, mais où l'esprit ne participe en aucune manière ? Existe-t-il un esprit immanent ?
Au départ, l'être humain se développe à partir d'une seule cellule qui, par divisions et multiplications successives, aboutira à un être complet. L'nfiniment grand naît de l'infiniment petit.
Le désir d'enfant répond à différentes lois : à une loi biologique immuable pour que l'espèce se perpétue. Qu'il s'agisse du monde végétal, du monde animal, l'appel de la nature est toujours pressant. Certains confient cette pulsion au seul hasard, l'appelant instinct, sans en rechercher un sens plus intellectuel, sans en comprendre les mécanismes plus complexes. Cette loi biologique base la fécondation sur la notion de continuité ; l'enfant, c'est l'avenir, c'est une part de soi qui se retrouvera en partie dans l'enfant de l'enfant ; c'est une part de vie que l'on veut préserver pour qu'elle continue au-delà de sa propre mort.
Ce désir d'enfant répond également à une loi psychologique pour reproduire le modèle que la mère a donné. Les femmes ne sont-elles pas, par leur capacité à matérialiser la vie, le point commun de l'humanité au-delà des civilisations, des races et des traditions ? Cette capacité ne les rend-elle pas initiées à la vie ? La tranmission des unes aux autres en fait une chaîne de l'Humanité dont les maillons sont les enfants, éléments de la transmutatin du microcosme à la vie. La naissance n'est-elle pas un passage donnant lieu à une transformation, que l'on pourrait appeler initiation à la vie ?
Si la femme a conscience, de manière forte ou diffuse, de sa place en tant que maillon, il est facile de comprendre l'angoisse qu'elle éprouve devant la possibilité de faillir à sa tâche, de ne pas jouer son rôle, de ne pas donner la vie mais au contraire d'engendrer la mort ; la continuité n'existe alors plus, la chaîne est brisée ; elle a trahi sa mère, sa grand-mère, toute son ascendance.
Certains théoriciens ont avancé l'hypothèse qu'à l'origine la mère et l'enfant ne feraient qu'un. L'enfant se développerait à partir du corps de la mère, ne procéderait que d'elle. L'origine serait l'Un, le Bon, le Vrai, le Juste..., mère et enfant imaginairement ne faisant qu'un ; le mythe obstétrical se révélerait alors comme le fantasme de complétude, et naître ne serait qu'être séparé de sa mère. La place du père est alors éliminée. Et que fait-on de l'amour, de la jouissance, de l'échange, de la plénitude ? Comment cette grossesse peut-elle être puissance, fécondité, épanouissement ? Cette thèse nie la notion de polarité. Elle nie même la notion de compression et d'extension. Elle nie la notion de conjonction d'éléments. Elle tourne le dos à la dimension ésotérique de l'Humanité. Ne serait-elle pas née d'une réaction à un mal-vécu ?
Si l'on veut pousser cette thèse jusqu'à l'absurde, la mère ne devrait donner naissance qu'à des filles, chair d'elle-même, identitié de l'identité.
Il faut casser ces querelles de chapelle...
La naissance n'est qu'un passage. C'est le premier moment, la première minute sur le chemin qui nous mène à la mort. Omnia vulnerant, ultima necat disaient déjà les Romains. Mais si le rôle de la mère est évidemment incontournable, il ne faut pas négliger celui du père, du moins de celui qui prend, accepte et parfois subit ses responsabilités, car il pourrait se contenter de dire comme Nietzsche dans un aphorisme d'ainsi parlait Zarathoustra: Vénérez la maternité, le père n'est qu'un hasard. Mais beaucoup sont prêts à se comporter comme le pélican de Musset, car tous les hommes ne sont pas des salauds, comme le laissde à penser les temps présents.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;
En vain il a des mers fouillé la profondeur ;
L'Océan était vide et la plage déserte ;
Pour toute nourriture il apporte son coeur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Rédigé par : Le Nain | 09 février 2010 à 09:31
Courbet. Un homme audacieux !
Rédigé par : Gilles | 10 février 2010 à 08:48
Le caractère insolent du tableau est renforcé le cadrage du modèle, qui le réduit à la partie comprise entre les seins et le bas des cuisses. Le bout de l'un sein en érection et les lèvres rouges témoignent de l'activité du modèle dans les instants qui ont précédé. L'artiste, qui a osé ainsi montrer le désir et l'excitation, a réalisé une oeuvre quasi pornographique aux yeux de ses contemporains.(extrait Insécula)
Rédigé par : Danielle | 10 février 2010 à 08:49
Je connais cette femme, j'ai son nom sur le bout de la langue...
Rédigé par : Grincheux Grave | 10 février 2010 à 17:07
http://www.youtube.com/watch?v=Qwn_nMSZa9o
Rédigé par : Caritate | 10 février 2010 à 17:21
Ah ! C'est donc à ça que ça ressemble, une femme ?
Rédigé par : porcoleader | 11 février 2010 à 21:39