Il faut cesser ces querelles de chapelle. L'homme et la femme sont des êtres de chair composés d'éléments positifs et d'éléments négatifs ; les uns et les autres emprisonnent en eux une part d'éléments féminins et une part d'éléments masculins. Leurs réactions au-delà des complexes nous le démontrent à chaque instant. La seule complémentarité véritable est que l'homme est patrimoine génétique donneur, la femme est patrimoine génétique porteur et passeur ; elle assure l'élaboration et la liaison au monde réel.
Dans la communauté contemporaine, le médecin apparaît avec son discours scientifique, sa rationalité matérielle, son objectifvité, sa verticalité. Il est l'homme de la science. Il médicalise un acte naturel. Pourquoi ? Peut-être que notre civilisation n'est plus en capacité de concevoir ou de comprendre la mort. A l'exclamation "Il est mort !" suit toujours l'interrogation "De quoi est-il mort ?" Jusqu'au XIXe siècle, la mort en Europe côtoyait sans cesse la naissance. La communauté, parallèlement au rôle qu'elle devrait jouer lors de la mort de l'un des siens, pourrait très bien faire naître et aider la parturiente dans son travail nécessaire à la venue au monde de son enfant. Cet acte communautaire ferait que l'ensemble accueillerait l'Unique.
La naissance n'est pas un acte banal. C'est un moment d'importance, une situation modèle où le rationnel et l'irrationnel interfèrent et où les éléments subjectifs et objectifs sont difficiles à séparer a priori. La notion de société archaïque n'a d'archaïque que le fait d'être opposée aux rationalistes. Ceux-ci ont empêché, par la démonstration de l'évidence, la possibilité de mieux comprendre les mécanismes humains et éventuellement remettre en cause leur pouvoir.
Les "faiseuses d'anges", appellation populaire pour celles qui prenaient en responsabilité la notion de mort, montre bien toutela symbolique portée par ce terme. La notion d'ange s'apuie sur l'iédée que cet enfant veut tuer, symbole de la viiolence subie, est une figure chargée de toutes les vertus.
Le corps médical freine de tout son pouvoir la notion d'avortement. Cette notion n'est-elle pas la relation à la mort ou la survivance d'un type d'archaïsme ?
La femme n'a-t-elle pas choisi ce moyen pour contourner l'omniprésence du corps médical, l'ingérance qu'il fait en elle-même ? Une femme qui a recours à l'avortement est-elle une femme coupable ou une femme qui a suivi une démarche psychanalytique où toute vie passe par un processus de mort ; cette renonciation par l'avortement à l'enfant des rêves ne lui donne-t-elle pas la possibilité que d'autres enfants soutenus par un désir "viable" voient le jour ?
L'avortement comprend un élément religieux, rituel et sacrificiel ; il s'agit du culte qui remémore le sacrifice d'un fils premier-né par son père, c'est le meurtre/sacrifice d'Abraham.
C'est, dans la mythologie grecque, au temps du chaos, Chronos qui mangea un à un tous ses enfants.
A travers toutes ces analogies, n'est-ce pas la rencontre de nos propres archaïsmes et leurs propres survivances ?
N'essayons-nous pas de démontrer notre évolution par notre pensée ? La rhétorique a changé, les moyens de notre technologie aussi, mais nous sommes et serons les mêmes êtres qui, à l'origine, peuplaient la Terre. Nos fantasmes de fécondation orale, boulimie, nausées, envies, en sont une preuve évidente. Au commencement était le verbe, et le verbe s'est fait chair.
Le moment de la naissance s'inscrit dans le passage lent et complexe de l'accouchement...
Moi qui suis de la DASS, abandonné à la naissance par une femme ayant accouché sous X à une époque où l'avortement était condamné par les moeurs et par la loi, il est évident que je ne peux pas être favorable à celui-ci.
Certes, j'ignore où sont mes racines, mais j'ai fait mienne celles des gens qui m'ont adopté.Certes, il subsite une fêlure latente, qui surgit aux moments difficiles, mais je me dis qu'après tout, je vis, et que ce serait aujourd'hui, je n'aurais pas cette chance, et que je ne serais qu'un amas de cellules indifférenciées promises à l'incinération.
Rédigé par : Le Nain | 10 février 2010 à 12:14
Difficile problème que celui de l'adoption
Difficile problème que celui de l'avortement
Difficile problème que celui de la maternité
Dans de nombreux cas, il y a fêlure. Il n'y a pas de solution miracle.
Rédigé par : Caritate | 10 février 2010 à 15:16
De toutes façons, c'est reculer pour mieux sauter.
Memento homo quia pulvis es et in pulverem reverteris.
Non fui, fui, non sum, non curo
Il suffit de retirer le "fui". Ce serait si simple....
Rédigé par : Le Nain | 10 février 2010 à 18:15
Euh... mais encore ?
Rédigé par : Caritate | 10 février 2010 à 19:07
Considérer l'avortement comme un geste criminel revient, si l'on pousse plus loin la réflexion, à considérer une branlette comme un génocide et la fellation comme de l'anthropophagie.
Rédigé par : alius | 13 février 2010 à 10:28