"Le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde" (Berthold Brecht).
L'homme se distingue-t-il toujours de la bête ? Réponse de Wolinski : Ce qui distingue l'homme de la bête, c'est que la bête n'est pas toujours obligée de lutter pour ne pas se comporter comme un homme !
Relisons Zola, et La Bête humaine, l'un des ouvrages de la série des Rougon-Macquart.
Ce roman met un scène Jacques Lantier, conducteur d'une locomotive, la Lison, qu'il aime passionnément ; il est porteur d'une tare héréditaire, provenant de l'alcoolisme de ses ancêtres, qui le pousse à tuer les femmes qu'il séduit. Il n'arrive pas à échapper à ses pulsions meurtrières liées au désir sexuel qu'il a d'une femme. Quand il se croit guéri, la bête reprend le dessus.
C'était le galop tout droit, la bête qui fonçait la tête basse et muette, parmi les obstacles. Elle roulait, roulait sans fin, comme affolée de plus en plus par le bruit strident de son haleine.
Rappelons-nous de La Bête du Gévaudan.
A la fin du XVIIIe siècle, la bête du Gévaudan a tué une centaine de personnes, des femmes et des enfants. Mais quelle est cette bête capable de décapiter les gens ?
A cette époque, si l'on croit en Dieu, on croit aussi au Diable, aux sorciers et aux loups-garous. Si certains meurtres sont effectivement commis par des animaux, d'autres sont perpétrés par un pervers sexuel qu'on appelle aujourd'hui un serial-killer. Son dernier meurtre - une fillette avec qui il était ami - provoquera chez lui un électrochoc, lui faisant découvrir l'horreur de ses fantasmes pervers ; il tuera lui-même la bête qu'il avait dressée pour se laver de ses fautes.
Cette bête, initialement appelée la "beste", a de tout temps existé. Cet animal fantastique, voire sanguinaire, révèle notre peur de l'inconnu. Ce monstre invincible est associé à un démon envoyé par le diable.
Apocalypse selon saint Jean – Chap. 13
Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est :
666
L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête (Blaise Pascal).
Bien des animaux qui pullulaient autrefois ont disparu; les vierges ne recontrent plus de faunes cornus ni de satyres aux pieds fourchus, les licornes n'accompagnent plus les dames dans leur tente, Saint Michel recherche vainement un dragon à pourfendre, les coquecigrues et les catoblépas ont cessé de hanter nos campagnes et les dahus, gênés par les skieurs, ont abandonné les montagnes.
Mais il est une bête dont je souhaite vous entretenir, car elle me paraît fort menacée. Il s'agit de la Chicheface, dont le dernier portrait connu date des années 1480 et qui se trouve au château du Plessis-Bourré, dans le Maine et Loire.
Cette bête n'est pourtant pas difficile à nourrir, car elle ne mange que les femmes obaissant à leur mari. Sur la peinture la représentant, elle est pourtant d'une maigreur terrifiante et la légende dit que la pauvre bête n'arrivait à manger qu'une fois tous les deux cents ans, ce qui est peu, convenons-en.
Mesdames, vous que je sais attachées au bien être des pauvres animaux, je vous en supplie, obéissez à vos époux, et laissez vous croquer. La bio-diversité et la planète vous en remercieront.
PS: La peinture existe bien, et la légende aussi.
Rédigé par : Le Nain | 27 février 2010 à 17:31
Le Nain, je vous suis reconnaissante de m'obliger à des recherches après lecture de certains de vos commentaires. J'apprends ainsi que la bigorne est le parfait pendant de la Chicheface. Elle dévore les bons maris, les pauvres cocus, ceux qui sont soumis à leur femme. On la représente souvent en lion, et bien gras ! Pauvre maris victimes de leurs épouses et... de la bête !
Un site intéressant sur le bestiaire fantastique normand : http://lacotentine.over-blog.com/article-32610354.html
Rédigé par : Caritate | 27 février 2010 à 17:45
Douce amère mon humeur à la lecture de ton excellentissime billet (à coller dans le top 10 du calendrier 2010 justement à mon sens).
Car si je fais mon affaire de la bête, je suis encore et toujours terrassée par l'incommensurable bêtise de l'humain. Je sais, c'est facile. Mais parfois, 'tin, faut expirer un peu.... la semaine a été rude...
Bisous Carrie ♥
Rédigé par : Cath | 27 février 2010 à 19:03
Il faut bien que ce soit moi qui me dévoue pour évoquer le film LA BETE, forcément, puisque c'est une oeuvre érotique. Il y avait là-dedans quelques scènes de masturbation féminine, qui est l'un des deux ou trois sujets de prédilection avec lesquels j'occupe mon cerveau quand il n'a plus rien de sérieux à se mettre sous la dent. LA BETE était un film du Polonais Walerian Borowczyk. Mais un film français. En ce temps-là le cinéma français osait s'attaquer à des sujets costauds. En 2010 il ose rarement s'éloigner du thème un homme aime une femme qui le trompe, ou lycée de Versailles. Pourquoi ? Parce que son financement comprend comme condition 'ciné qua non' un passage en prime time à la télé. Alors, c'est des divorces, des jalousies, des courses de gendarmes après les voleurs, l'histoire d'un maître-nageur qui veut aider un immigré clandestin à traverser la Manche, etc. La masturbation de la femme, connaît pas, veut pas le savoir. Dommage, parce que c'est bien beau.
Rédigé par : Grincheux Grave | 27 février 2010 à 21:16
Grincheux: J'ai ouï dire, mais pas par Seb, que Monica Belluci n'est pas fana d'onannisme féminin ... Donc pas de regrets !
Rédigé par : Dominique | 01 mars 2010 à 11:35
Re-Grincheux: je comprends mieux ton aversion pour la burqa ...
Caritate & Grincheux:
ne pas confondre ce bougre de Seb avec un bouge de serbes !
Rédigé par : Dominique | 01 mars 2010 à 11:59
Voir une excellente note de Fromageplus :
http://fromageplus.wordpress.com/2010/02/27/de-toutes-les-couleurs/
Rédigé par : L'éphéméride de Caritate Libertine | 02 mars 2010 à 17:39