GG demandait à la saint Jean d'été : "Quel rapport avec le pantalon que l'on nomme jean ? Faudra-t-il attendre le 27 décembre pour le savoir ?" Je ne pouvais pas laisser GG dans un tel questionnement.
Le jean est confectionné en toile de coton au tissage très serré, fabriqué à Nîmes il y a cinq siècles. Les conquérants de l'Ouest du XIXe siècle ayant besoin de vêtements très solides, Levi Strauss eut l'idée de fabriquer des pantalons dans de la toile des tentes, qu'il avait en trop grande quantité ; puis, cette toile étant très rêche, dans du denim coloré en bleu par l'indigo. C'est ainsi qu'est né le "jean". Le jean fera son appairition en France avec les GI. Le jean sera très vite un signe de révolte chez les jeunes, avant d'être un vêtement incontournable tant chez les hommes que chez les femmes.
L'origine du mot "jean" est controversée : de l'expression soit "de Nîmes" contractée, soit "de Gênes", car il semble que la toile de tente était fabriquée dans la région de Gènes et servait aussi à la confection de pantalons, de voiles de navires... Quelle que soit la toile dont furent fabriqués ces pantalons, le nom "jean" est resté, même s'il a pris des coupes différentes, des matières différentes, des couleurs différentes.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à Jean l'Evangéliste (pardon Pilier !).
Jean est le fils de Zébédée et de Marie Salomé, et le frère de Jacques. Il est l'un des douze apôtres de Jésus. Symbolisé par un aigle* dans la tradition du Tétramorphe, il est surnommé "l'Aigle de Patmos". Il est "celui que Jésus aimait", l'apôtre préféré du Christ. Jean est animé par le foi de celui qui croit.
Ce que nous retenons surtout de Jean, c'est le Prologue de son Evangile et l'Apocalypse.
Mais qui a réellement écrit ce 4e évangile ?
L'origine de cet écrit reste floue. Une théorie voudrait que Jean l'Apôtre l'ait écrit dans sa vieillesse à Ephèse ou peut-être à Antioche. Son écriture semble s'étaler sur une longue période. Jean était peut-être un disciple de Jean le Baptiste, ou le disciple préféré du Seigneur parce que le plus savant, prêtre, prophète d'apocalypse, théologien, évangéliste, fils d'Israël versé dans les lettres hébraïques aussi bien qu'araméennes. Les cheminenents de Jean étaient ceux de la connaissance et de la vision. En ce sens, il était déjà prophète. Ce 4e évangile est très différent des trois premiers, dits synoptiques (qui permettent une vision globale de la mission du Christ). Il est beaucoup plus chronologique que ceux de Marc, Luc et Matthieu et ne saurait être mis en colonnes parallèles. Les exégètes pensent aujourd'hui que le 4e évangile est infiniment plus proche de la chronologie que les cathéchismes synoptiques. Soit il s'agit d'un texte écrit par un témoin oculaire, et historiquement vrai, soir de construction tardive, riche en enseignements théologiques. C'est le seul qui offre un caractère ésotérique et c'est pourquoi la tradition chrétienne maçonnique l'a retenu comme texte de référence. Ecrit en grec, langue de la poésie, et en hébreu, langue du dialogue, il est à la fois narratif et omni-temporel. C'est aussi pour cela que sa traduction française est difficile et qu'elle prête à multiples débats. La cohabitiation des deux langues est une nécessité pour ce texte ; le courant de pensée visionnaire et intuitif, et le courant de pensée rationaliste et dual ne sont pas séparables. Il ne faut pas être sectaires et savoir faire avancer ces deux courants de pensée à la même vitesse. L'Evangile de Jean est une méditation sur l'histoire de Jésus, une théologie qui suppose connue la prédication synoptique. La tradition évangélique synoptique ne découvrait aucun lien entre la prédication messianique de Jean Baptiste et la vision mystique de Jésus lors de son baptême. Le 4e évangile comble cette lacune.
Le court texte du Prologue porte en lui-même l'essence de la pensée divine. Différentes traductions nous en sont données :
Au commencement était la Parole et la Parole était avec la Lumière.
Au commencement était la Parole et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu.
Au cmmencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Au commencement : le Logos. Le Logos est vers Dieu. Le Logos est Dieu.
Le commencement, c'est le principe, l'origine, le fondement, la source. La tradition hébraïque commence le prologue par la lettre beth ; celle-ci se situe après le aleph, symbole de Dieu dans son unité. Par cet artifice, la langue hébraïque introduit la dualité par la symbolique des lettres. Le commencement, c'est l'entrée dans le monde de la dualité. Le logos, c'est l'intelligence, la parole, le verbe, l'information crétrice, mais aussi l'événement, le fait, l'action. Dieu vient du mot latin dies, qui signifie le jour, la lumière. Le verbe (la parole) est relié à Dieu par une conjonction (avec, auprès, vers) donc initialise l'idée de mouvement. Ce mouvement allant du Fils vers le Père est un vecteur, une entité qualifiée de Saint Esprit. Sans le logos, rien. Sans cette volonté de manifestation, l'univers n'existerait pas. La notion de Dieu est issus de deux concepts, celui de la lumière et celui de l'amour. C'est l'intelligence et la connaissance qui permettent d'appréhender cette notion de Dieu. L'amour en est le moyen. L'amour, non pas le désir, ni l'amitié, mais l'agapè, l'amour de l'autre pour lui-même, voulant son indépendance, sa liberté.
La lumière est amour et elle est connaissance. Celui qui aime aime l'autre dans sa différence, il s'avance au coeur même de l'uni-trinité. Il n'est pas loin de l'alpha et de l'omega, il demeur en Dieu et Dieu demeure en lui. C'est le rituel eucharistique cher aux Eglises christiques. Qui mange ma chair et boit mon sans demeure en moi et moi en lui.
La lumièrel uit dans les ténèbres, les ténèbres ne l'ont point reçue. Elle brille dans l'obscur. Obscurité du mal ou du péché, mais aussi condition de ce dévoilement. La notion manichéenne de mal et de bien n'est pas essentielle, elle masque le fond d'une recherche qui est celle du dévoilement, voire du révélateur.
A la différence des autres évangélistes qui annoncent le royaume de Dieu, Jean remplace le thème fondamental de la prédication de Jésus par celui de la vie éternelle, conçue comme un bien eschatologique, divin, mais qu'il est possible de posséder dès maintenant. Cette pensée met sur la voie du "ici et mantenant", thème abordé par divers courants de pensée. L'Evangile de Jean est parole d'homme, mais aussi parole de Dieu ; il ne donne pas seulement à penser mais aussi à croire et à douter, et peut-être plus encore à vivre, à pratiquer. L'homme est plus le résultat de ses actes que la conséquence de ses idées. L'évangile n'est pas un objet de connaissance livrée à la compréhension mais une réserve inépuisable de significations. La transcendance ne se révèle que dans l'effort immanent de l'interprétation, l'Etre se donne à penser dans le dialogue permanent avec l'Autre. L'évangile est non seulement révélation de Dieu, mais aussi révélation de l'Homme. L'évangile de Jean peut être lue comme un récit historique, comme un récit symbolique à portée théologique, comme un enseignement moral. Sa lecture au niveau anagogique, c'est-à-dire par l'élévation du sens littéral au sens mystique, nous met sur la voie de : "corps, âme, pensée, divinité" ; "émerveillement, émotion, engagement, foi" ; "lecture, méditation, contemplation, assimilations".
* Y aurait-il un lien avec mon attirance pour les rapaces en général, et les aigles en particulier ?
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