J'ai eu l'immense privilège de connaître Bruno Etienne, d'assister à ses cours et conférences, de travailler pour lui sur ses ouvrages, et même de partager avec lui le verre de l'amitié. L'approche d'un tel homme compte dans une vie. C'est avec beaucoup d'émotion que j'assistais à son enterrement, le 4 mars dernier. Je souhaite, à l'occasion de la saint Bruno, lui rendre cet hommage.
Bruno Etienne est né le 6 novembre 1937 à La Tronche (Isère). Il effectue une partie de sa scolarité à La Seyne-sur-Mer (Var) au collège Sainte-Marie, puis au lycée Thiers à Marseille. Il fait des études de droit et de science politique à Aix-en-Provence. Il est diplômé de l'Institut d'études politiques d'Aix et diplômé d'arabe de l'Institut Bourguiba des langues (Tunis).
En 1965, il soutient, sous la direction du professeur Maurice Flory, une thèse intitulée Les Européens et l'Indépendance de l'Algérie, et obtient le grade de docteur d'Etat en droit public et en science politique (Ier prix de thèse de la faculté de droit d'Aix-en-Provence et médaille de la Ville).
En 1962, il intègre le CNRS comme chercheur et y restera attaché jusqu'en 1965. De 1966 à 1974, il part en Algérie comme coopérant technique ; il enseigne notamment au sein de l'Ecole nationale d'administration et exercera diverses charges de conseiller technique auprès des autorités algériennes. En 1974, il rentre en France et prépare le concours de l'agrégation en science politique, qu'il décroche en 1975. De 1977 à 1979, il est maître de conférences en droit public et science politique à la faculté de droit de l'université de Marrakech.
Rentré définitivement en France en 1980, il succède à Maurice Flory à la direction du Centre de recherche et d'étude des sociétés musulmanes (CRESM) d'Aix, qu'il va diriger jusqu'en 1985. Professeur en science politique, il est brièvement rattaché à l'université Lyon-2, avant d'intégrer définitivement l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence. Pendant plus de vingt ans, il y dispense un enseignement en science politique et en anthropoligie religieuse comparée. En 1992, il crée l'Observatoire du religieux qui fédère, au sein de l'Institut d'études politiques, toutes les recherches en science politique, en sociologie et en anthropologie sur le phénmène religieux.
Il était membre de l'Institut universitaire de France de 1996 à 2004. Il a été visiting professor en Tunisie, Egypte, Turquie, Syrie, Israël/Palestine, Etats-Unis, Japon.
Il était aussi franc-maçon, membre du Grand Orient de France depuis 1960.
Il s'est éteint le 4 mars 2009 à Aix-en-Provence.
[In Le fait religieux comme fait politique. Mélanges en hommage à Bruno Etienne, sous la direction de Franck Frégosi, éditions de l'Aube, 2009.]
Vous trouverez dans cet ouvrage l'intégralité de sa bibliographie, trop importante pour être rédigée dans cette note. Je retiendrai quelques ouvrages,parus aux éditions de l'Aube :
Le temps du pluriel :
Une grenade entr’ouverte, essai d’anthropologie complémentariste, 1999.
Les amants de l’Apocalypse, 2002.
Les combattants suicidaires, 2005.
Les constitutions d’Anderson, documents commentés, 2007.
Bel hommage. Je ne connaissais rien de lui. A présent, c'est réparé. Comme quoi, à chaque jour suffit son petit cadeau du ciel !
Rédigé par : Cath | 06 octobre 2009 à 12:32
J'ai peut-être croisé Bruno E. à l'IEP d'Aix où je fus étudiant. Il y a longtemps...
Je parlais de Bruno Giordano (mon mess d'hier) parce que c'est le seul nom qui me vient immédiatement à l'esprit. Voir wikipedia. Mais pour moi c'est la pièce de l'ami Bénedetto, fondateur du Off d'Avignon. Très perso tout cela.
PS: dans la bibliographie un titre m'intrigue car "la miougrano entre-duberto" ("la grenade entr'ouverte") est une oeuvre de Théodore Aubanel. Etienne aurait-il copié ?
Rédigé par : Roberto | 06 octobre 2009 à 13:24