Pour fêter le solstice d’été, voici quelques réflexions sur saint Jean le Baptiste.
Jean le Baptiste et les Esséniens
Fils d'Élisabeth, femme réputée stérile, et du prêtre Zacharie, sa naissance fut annoncée par l'ange Gabriel. Jean, d'origine sacerdotale, porte ce prénom alors qu'il était inusité chez ses ancêtres et qui signifie Dieu fait grâce.
Adolescent, il se rend dans le désert où il rencontre probablement des Esséniens qui vont fortement l'influencer. S'il fut novice essénien, il devint ensuite dissident.
Les communautés d'Esséniens vivaient en marge du judaïsme officiel, c'étaient des moines vivant en communauté ou dispersés en petits groupes étroitement unis. Libres, s'entr'aidant, détachés des biens matériels, partageant leurs biens, consacrés au sacerdoce, ils étaient les serviteurs de Dieu. Ils vivaient dans le respect de leurs rites :
– entrée du postulant soumise à un vote ;
– baptême d'eau pure marquant l'entrée au noviciat ;
– port d'habits blancs ;
– repas en commun de caractère sacré ;
– assemblées secrètes.
Cela constitue l'essentiel de leurs rites en analogie avec ce que la franc-maçonnerie a pu en retenir : l'entrée du postulant, le baptême initiatique, le port de l'habit, le repas à caractère sacré et les assemblées secrètes. Mais cette notion n'est pas une exclusive des francs-maçons. Elle est commune à certaines églises ainsi qu'à certaines sectes. Une grande différente certes, c'est la liberté permanente qui leur est offerte de quitter l'assemblée sans jugement ni opprobe ; la reconnaissance de la fraternité reste acquise dans toutes les circonstances. Une autre similitude avec les Esséniens et la tradition de Jean le Baptiste est que la hiérarchie n'y a pas de caractère permanent, elle est une charge et non un titre.
Les Esséniens pratiquaient la communion par le partage du pain qui deviendra plus tard eucharistique. Cettre communion partagée à l'identique procède de la même intention de : être avec, partager l’esprit.
Ils étaient astreints en permanence à un travail intellectuel, étudiant l'histoire de leur communauté afin de tirer l'enseignement des écritures. Le souci permanent des francs-maçons de puiser dans leurs rites et dans leur histoire les enseignements de l’évolution procède aussi de la même intention, les textes sont le support de la réflexion sans en revêtir le caractère sacré.
Leurs prières demandaient à Dieu d'être épargnés lors du baptême du feu que subirait le monde. Cela sépare un peu la franc-maçonnerie de l'esprit essénien ; en effet, l'appréciation de la rémission divine est affaire de conscience et de liberté individuelles, même si les textes maçonniques ont en filigrane cette tendance, ils n'en ont pas le caractère dogmatique.
Le baptême
L'essentiel des actes effectués par Jean était le baptême par immersion ; cela peut sembler anodin, il a par contre une importance capitale pour être le baptême des prosélytes païens entrant dans le judaïsme :
– le baptême provoquant une renaissance (métanoia) encore plus qu'une purification ;
– la préparation au baptême du feu, qui réduira l'univers en cendres.
Jean Baptiste était prophète, il prêchait la conversion en vue de l'avènement du royaume messianique.
« Un plus grand que lui viendra qui baptisera dans l'esprit saint (pour les justes) et le feu (pour les méchants). »
Le baptême de Jean est un baptême de conversion, disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c'est-à-dire en Jésus.
Il réclame aux convertis de croire, le moyen qu'il leur donne, c'est l'ascétisme ; son but, c'est de se préparer au jugement dernier par la pénitence et la prière, afin de traverser l'Apocalypse et d'atteindre Dieu.
Avant le baptême, Jean avait reconnu en Jésus un Maître incomparable, celui qui recevra, puis donnera le baptême dans l'Esprit.
Au-delà de l'esprit manichéen du noir et du blanc, Jean présuppose la venue de ce qui peut être la continuité da la pensée essénienne, il en présuppose les limites et il annonce un porteur de l'Esprit qui ira plus loin que le manichéisme et qui sera Amour.
La franc-maçonnerie peut se retrouver dans le symbole de la Lune et du Soleil, du précurseur et du messie, du Baptiste au Christ. La lune brillant d'une lumière qui n'existe pas encore.
Jean est l'annonciateur de la Lumière victorieuse, lors du combat au terme duquel Dieu devait remporter la guerre des Fils de la Lumière contre les Fils des Ténèbres. Jean appelle Jésus agneau de Dieu, non pas victime pascale, mais roi apocalyptique. Chez les Esséniens, l'agneau est le triomphateur du ciel et l'image du messie glorieux. Ce passage de l'état de victime, c'est-à-dire celui qui va subir, à l'état de roi, c'est-à-dire celui qui va dominer le combat et le transcender dans l'esprit, est bien la grande séparation d'avec l'esprit judaïque ; il est proche de l'esprit maçonnique.
Le caractère de combat dans le désert entre royaume de Dieu et royaume de Satan, disant qu'on ne peut résister aux puissances du mal qu'avec l'aide de Dieu, n’affronter Satan que dans la certitude de rencontrer Dieu, animer ce combat dans un corps affamé plus apte à recevoir les nourritures divines, adresser des prières de caractère eschatologique et apocalyptique, serait là l'ensemble des caractères de l'enseignement de Jean le Baptiste s'adressant à l'hérésie protestante, aux intégrismes religieux ou bien encore à ce qui en a été le prolongement...
La mort de Jean, décapité par Hérode Antipas pour plaire à Salomé, marque la fin de l'Ancien Testament et l'ouverture des temps messianiques. La politique l'emporte sur le spirituel. Jean fut un serviteur souffrant comme le sera le messie qu'il était chargé d'annoncer. Il laisse des disciples qui allaient contribuer fortement à ébranler le judaïsme et à favoriser la naissance et l'épanouissement de l'Église chrétienne.
Cette décapitation revêt un caractère symbolique, Jean n'aurait pas pu mourir de vieillesse dans un lit, serein, sa fin n'aurait pas été digne de sa vocation, le décollement de la tête nous enseigne la spiritualité transcendée par le principe féminin, celui de l'intuition de l'avenir, illustré par Salomé, femme et principe.
Jean est bien une borne de l'esprit maçonnique, il sépare de l'anecdote de l'Ancien Testament pour positionner les francs-maçons dans un esprit chrétien débarrassé de son église. À ce titre, la franc-maçonnerie peut y retrouver ses marques.
Jean le Baptiste, qui fonde sa vie sur le devenir, est le porteur de l'Espérance.
Certes oui. Mais quel rapport avec le pantalon que l'on nomme jean ? Faudra-t-il attendre le 27 décembre pour le savoir ?
Rédigé par : Grincheux Grave | 24 juin 2009 à 09:28
Aucun, puisque le Jean en question portait juste un tablier de peau blanche. Donc ni un pantalon en toile de Nîmes, ni un pantalon couleur bleu de Gênes...
Rédigé par : Caritate Libertine | 24 juin 2009 à 09:52
Ben, et les feux de la Saint-Jean dans tout celà ? Il paraît que celui du Canigou, célèbre dans toute l'Occitanie, se voit par temps clair de Marseille...
Rédigé par : Roberto | 24 juin 2009 à 18:47
Et moi qui croyait que la franc-maçonnerie se trouvait tout entière dans les voyages d'Ulysse, donc interprétable sans la référence judéochrétienne pour le moins dogmatique (la référence, pas le judeochristianisme, quoique !).
@Roberto : en effet, mais auparavant il faut que le pastis se soit obscurci et que les chiens se mettent à hurler de faim.
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 24 juin 2009 à 23:13