"L'if, aux frontières de la vie". C’est en voyant cette émission sur Arte que j’ai eu l’idée de rendre hommage à cet arbre auquel je dois, quinze années après avoir bénéficié de ses bienfaits, de rédiger cette note aujourd’hui.
L’if est symbole de vie et de mort. Les rapports avec l’if ont toujours été ambigus, entre fascination et destruction.
L’if est le conifère le plus toxique actuellement connu. Il cause de nombreuses intoxications en particulier dans le bétail. Sa substance toxique, la taxine, se trouve dans ses aiguilles, dans ses graines… C’est une substance cardiotoxique, à action stimulante avant d’être paralysante. L’if contient aussi des huiles volatiles irritantes pour le système digestif.
Il a de tout temps été planté dans les jardins et les cimetières, soit isolé, soit en haies. Il est particulièrement adapté à l’art topiaire, lui conférant toute sorte de formes…
Chez les Celtes, l’if était associé à la mort ; ses feuilles étaient cuites pour en extraire un poison. Le chirurgien de Néron ne dormait jamais sous un if de peur d’être empoisonné par ses feuilles.
L’if fait preuve d’une étonnante longévité, il peut atteindre deux mille ans. Ce symbole païen d’une permanence sera récupéré par l’Eglise, en particulier en Bretagne, Normandie, Grande-Bretagne… Il est coutumier de voir des ifs plantés à l’entrée des cimetières, en signe de bienvenue (?) comme c’est le cas en Provence à l’entrée des maisons.
Son bois, souple et robuste, imputrescible, est utilisé dans la fabrication des arcs et du célèbre longbow anglais. Sa belle couleur orangée est appréciée des ébénistes et des luthiers, malgré son prix élevé. Il a aussi servi autrefois à confectionner des cercueils, et ce n’est pas un gag !
L’écorce d’une variété d’if, Taxus brevifolia, est utilisé pour ses propriétés anticancéreuses, en particulier contre le cancer du sein, de l’ovaire, du poumon. Mais il faut de grandes quantités d’ifs pour quelques grammes de taxol. Après avoir extrait une substance voisine des aiguilles d’une autre variété d’if, Taxus baccata, la recherche médicale s’est orientée sur la synthétisation d’une molécule aux propriétés similaires, pour éviter la déforestation de certaines contrées. La question qui se pose est : faut-il préserver la nature ou sauver des vies humaines ?
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