"C'est une immense preuve d'infériorité chez un homme que de ne pas savoir faire de sa femme sa maîtresse." Honoré de Balzac, La Cousine Bette.
Je ne vous raconte pas l'histoire, vous connaissez vos auteurs classiques en général et Balzac en particulier avec sa Comédie humaine.
Il a établi dans La Cousine Bette le portrait d'une femme profondément destructrice, rancunière et laide, l'apparentant à un animal malfaisant :
"Ses sourcils épais réunis par un bouquet, sa face longue et simiesque laissent deviner derrière la paysanne des Vosges un caractère de sauvage."
Et c’est bien une sauvage dont il s’agit. Bette est animée d’une rage et d’une passion impuissante qui gaspille une énergie folle à nuire sans recueillir les fruits de ses intrigues, pourtant patiemment élaborées, telle une araignée tissant sa toile.
Bette se rend à Paris chez sa cousine Adeline, une femme admirable qui supporte les infidélités de son mari, le baron Hulot*, grand libertin. Aigrie, laide, sèche, maladivement jalouse, elle n'aura de cesse de faire le malheur de sa cousine. Elle mourra de rage de voir échouer ses plans machiavéliques.
Bette, pauvre cousine réduite progressivement à la portion congrue, porte un prénom qui est un diminutif, celui de Lisbeth, lui-même déjà diminutif d'Elisabeth ! C'est dire le peu d'intérêt qu'offre cette pauvre femme.
On n'est pas loin de penser que Balzac a sciemment appelé cette cousine "Bette" en référence à l'adjectif "bête", tant il est vrai que les autres méprisent ou traitent avec condescendance cette femme qu'ils jugent bête ; restée vierge qui plus est.
Ce que Balzac ne nous dit pas, c'est si sa chair, avec le temps et ses aléas, s'était ramollie et tachée, comme celle des poires, bref si Bette devint blette.
Autre Bette, autre tempérament : Bette Davis fut une véritable bête de scène ; née en 1908 dans le Massachusetts, décédée à Neuilly en 1989, elle a tourné plus d'une centaine de films durant ses soixante ans de carrière cinématographique.
* J'ai connu dans ma jeunesse un certain M. Hulot (non, pas celui de Jacques Tati), un descendant peut-être ? C'était un fou de trains électriques.
Le prénom Elisabeth m'évoque une personne qui fut malheureuse, et qui mourut aussi tristement, assassinée par un anarchiste un sombre matin sur les bords du lac Léman.
Soleils couchants de Verlaine me parait tout indiqué pour évoquer da mémoire:
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.
Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.
Ah, il s'agit d'Elisabeth von Wittelsbach, épouse de François-Joseph, et qui fut Impératrice d'Autriche, Reine de Hongrie.
Voici, à titre informatif, la titulature de François-Joseph:
François Joseph 1er, par la grâce de Dieu empereur d’Autriche, roi de Hongrie et de Bohême, de Dalmatie, de Croatie, de Slavonie, de Galicie, de Lodomélie et d’Illyrie, roi de Jérusalem, archiduc d’Autriche, grand-duc de Toscane et de Cracovie; duc de Lorraine, de Salzbourg, de Würzbourg, de Franconie, Styrie et Carinthie, de Kraina et de Bukovine; grand-prince de Transylvanie, marquis de Moravie; duc de Haute et de Basse Silésie, de Modène, de Parme, de Plaisance, de Guastalla, d’Auschwitz et de Zator, de Teschen, du Frioul, de Raguse et de Zara; comte princier de Habsbourg et du Tyrol, de Kybourg, de Görz et de Gradiska; prince de Trente et de Brixen; de Berchtesgaden et Mergentheim, margrave de Haute et de Basse Lusace, margrave en Istrie; comte de Haute Ems, de Feldkirch, de Bregenz, de Sonneberg; seigneur de Trieste, de Cattaro et de la Marche de Windisch; grand voïvode de la voïvodie de Serbie.
Je suis nostalgique de cet empire, je ne sais pourquoi.
Rédigé par : Le Nain | 24 février 2010 à 10:53
Damnède, tant de poésie ! Dommage qu'on nous ait demandé d'apprendre de la poésie à l'école que dans le but humiliant de nous planter en les récitant devant tout le reste de la classe... J'imagine que ça a dû dégoûter un tas d'élèves comme moi. Il va falloir que je me mette un peu à la littérature française aussi. J'attends la mise en ligne des bibliothèque des lecteurs d'ici et de pas loin pour essayer d'emprunter un peu, vu que je n'ai presque plus rien à part quelque Stephen King, la trilogie Millenium et toute la série d'ouvrages rédigés par les membres de Sauver les lettres ( www.sauv.net )!
Rédigé par : porcoleader | 24 février 2010 à 11:50
Le Nain: toujours égal à vous même !
Et ce pour notre plus grand plaisir ...
Vous m'aurez appris le mot titulature (non Caritate pas tutlatriture), et en l'occurence celle-ci n'était pas évidente à caser sur une carte de visite.
Encore qu'à l'époque il n'y avait ni téléphone, fax, cellulaire et courriel à mentionner, ce qui laissait un peu de place ...
Rédigé par : Dominique | 24 février 2010 à 19:32