Geneviève veillant sur Paris, par Puvis de Chavanne.
C’est bizarre, ce qualificatif « saint » employé au féminin., n’est-ce pas, messieurs les misogynes ? Pour ne pas vous faire honte, je ne choisis pas aujourd’hui de vous parler d’une personne, même si une vierge* chrétienne porta ce nom au IVe siècle, patronne de Lutèce qui, par ses prières, aurait détourné les armées d’Attila (Huns ?, dirait un mauvais imitateur de l’accent ch’ti). Ces Huns furent vaincus aux champs Catalauniques, ce qui inspira Musset à ces deux vers célèbres : « Les champs catalauniques sont les champs les plus beaux et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots. » Oui, je revisite les poètes en ce moment, je ne sais pourquoi, l’effet nouvelle année peut-être ? les étoiles scintillantes dans le ciel glacé ? la lune montante, la menteuse qui dessine un C inversé alors qu’elle est croissante ? Mais je m’égare, je m’égare.
Non, je vous parlerai du Panthéon. Construit au XVIIIe par Soufflot (puis Rondelet) selon le vœu de Louis XV, sur la montagne Sainte-Geneviève, à l’emplacement de l’ancienne abbaye du même nom, ce monument eut d’abord la forme d’une église aux proportions monumentales, au péristyle de colonnes corinthiennes, surmonté d’un fronton triangulaire. Enfin, il y éleva un dôme, et le Panthéon était né. Aujourd’hui, après moultes décorations successives (drapeaux, statues…), il présente cette particularité d’être un édifice républicain surmonté d’une croix chrétienne ! … et d’un paratonnerre (pour attirer les foudres de Dieu ?)
L’inscription Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante a été prise jusqu’ici au pied de la lettre. Seules deux femmes y reposent ad vitam : la première, Sophie Berthelot, y fut admise pour qu'elle ne soit pas séparée de son mari (comme c’est beau l’amour), le chimiste Marcellin Berthelot ; la seconde est Marie Curie, deux fois prix Nobel. Oui on peut, à l’instar de la cinéaste féministe Denise Brial, qualifier le Panthéon de « tombeau du patriarcat ». Pourtant, de nombreuses femmes seraient panthéonisables ; moi j’ai une préférence toute particulière pour Olympe de Gouges, Hildegarde de Bingen et Louise Michel… et aussi Jeanne d’Arc (paix à ses cendres, quoique certaines théories avancent qu’elle aurait fini ses jours tranquillement en Lorraine, et je serais assez tentée d’y croire !) Alors quand ? Je parlais de misogynie au début de ce billet, non ?
* Une petite fille très très jeune et très très laide !
Moi aussi, je m'appelle Geneviève, pourquoi n'avez-vous pas parlé de moi ?
Rédigé par : Geneviève | 03 janvier 2009 à 17:47
"C'est pour ces morts dont l'ombre est ici bienvenue
Que le haut Panthéon élève dans la nue
Au dessus de Paris, la ville aux mille tours,
La reine de nos Tyr et de nos Babylone,
Cette couronne de colonnes
Que le soleil levant redore tous les jours.
Gloire à notre France éternelle !
Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
Aux martyrs, aux vaillants, aux forts,
Qui veulent place dans le temple
Et qui mourront comme ils sont morts."
De mémoire, ponctuation fantaisiste, Victor Hugo, Aucune idée du titre du poème ou de l'œuvre, ma pauvre dame, tout se perd. Cette récitation pavlovienne apparait à chaque vision du dôme fameux derrière le Luxembourg ou à l'évocation du nom fameux... Victor, tais-toi !
Rédigé par : Ardalia | 04 janvier 2009 à 00:00