Odilon Redon, peintre symboliste de la fin du XIXe siècle, spirituellement apatride, rêveur, contemplatif, coloriste hors-pair.
" L'artiste vient à la vie pour un accomplissement qui est mystérieux. Il est un accident. Rien ne l'attend dans le monde social."
... Epiphanie, la manifestation.
Venus d'Orient, trois rois se mirent en route en suivant la lumière de l'étoile qui les guida jusqu'à Bethléem,où venait de naître, dans une étable, l'enfant Jésus. L'Epiphanie commémore l'histoire de ces trois rois mages : Melchior, à la peau blanche, apporte de l'or, symbole royal ; Balthazar, à la peau cuivrée, apporte de la myrrhe, symbole sacerdotal ; Gaspard, à la peau foncée, apporte l'encens, symbole prophétique. Un conte de Noël prétend qu'il y aurait eu un quatrième roi mage, Artaban, qui apportait des pierres précieuses mais qui les donna à des pauvres rencontrés en chemin. N'étant jamais parvenu à Bethléem, on ne parla plus de lui, et il ne fit pas le fier, Artaban !
Ainsi est née la légende de l'Epiphanie, et celle de la couronne des rois, avec sa fève. Sa F'Eve ? Comme celle d'Odilon Redon ? On dirait une blague, n'est-ce pas ? Et pourtant... Eve est la matrice de la vie, elle représente la fécondation. La fève est d'abord une graine, puis elle se développe, devient une plante ; elle commence un cycle, tout comme la naissance de l'enfant divin est un commencement. Elle arrive à maturation, conjuguant les effets de l'eau et du soleil. Séchée, réduite en poudre, elle devient farine et fait le pain. Le pain qui sert à élire les rois. Lors du partage de la couronne, on peut devenir roi si l'on trouve la fève... et ainsi choisir sa reine. Un seul y parviendra ; les autres devront continuer leur recherche. Celui-là trouve son Eve et réintègre son androgynie. Mais le F, me direz-vous ? Il est la clé qui pénètre dans la serrure pour la faire tourner, la clé qui ouvre la boîte de Pandore, et indique que, derrière la porte, se trouve le chemin de la vérité. Je vous souhaite donc la fève !
Geneviève veillant sur Paris, par Puvis de Chavanne.
C’est bizarre, ce qualificatif « saint » employé au féminin., n’est-ce pas, messieurs les misogynes ? Pour ne pas vous faire honte, je ne choisis pas aujourd’hui de vous parler d’une personne, même si une vierge* chrétienne porta ce nom au IVe siècle, patronne de Lutèce qui, par ses prières, aurait détourné les armées d’Attila (Huns ?, dirait un mauvais imitateur de l’accent ch’ti). Ces Huns furent vaincus aux champs Catalauniques, ce qui inspira Musset à ces deux vers célèbres : « Les champs catalauniques sont les champs les plus beaux et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots. » Oui, je revisite les poètes en ce moment, je ne sais pourquoi, l’effet nouvelle année peut-être ? les étoiles scintillantes dans le ciel glacé ? la lune montante, la menteuse qui dessine un C inversé alors qu’elle est croissante ? Mais je m’égare, je m’égare.
Non, je vous parlerai du Panthéon. Construit au XVIIIe par Soufflot (puis Rondelet) selon le vœu de Louis XV, sur la montagne Sainte-Geneviève, à l’emplacement de l’ancienne abbaye du même nom, ce monument eut d’abord la forme d’une église aux proportions monumentales, au péristyle de colonnes corinthiennes, surmonté d’un fronton triangulaire. Enfin, il y éleva un dôme, et le Panthéon était né. Aujourd’hui, après moultes décorations successives (drapeaux, statues…), il présente cette particularité d’être un édifice républicain surmonté d’une croix chrétienne ! … et d’un paratonnerre (pour attirer les foudres de Dieu ?)
L’inscription Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante a été prise jusqu’ici au pied de la lettre. Seules deux femmes y reposent ad vitam : la première, Sophie Berthelot, y fut admise pour qu'elle ne soit pas séparée de son mari (comme c’est beau l’amour), le chimiste Marcellin Berthelot ; la seconde est Marie Curie, deux fois prix Nobel. Oui on peut, à l’instar de la cinéaste féministe Denise Brial, qualifier le Panthéon de « tombeau du patriarcat ». Pourtant, de nombreuses femmes seraient panthéonisables ; moi j’ai une préférence toute particulière pour Olympe de Gouges, Hildegarde de Bingen et Louise Michel… et aussi Jeanne d’Arc (paix à ses cendres, quoique certaines théories avancent qu’elle aurait fini ses jours tranquillement en Lorraine, et je serais assez tentée d’y croire !) Alors quand ? Je parlais de misogynie au début de ce billet, non ?
* Une petite fille très très jeune et très très laide !
Basile Valentin - son nom veut dit « régule » (puissant), dénomination du mercure en alchimie - est un alchimiste du XVe siècle, qui aurait vécu dans un couvent de Bénédictins à Erfurt. A la recherche de la pierre philosophale, il a fait des découvertes utiles et est considéré comme l’un des fondateurs de la chimie et de la pharmacie (il employa l’antimoine comme médicament), Cependant, on n’a aucune certitude sur son existence réelle, et les ouvrages qu’on lui attribue, écrits en allemand et traduits en latin et dans plusieurs langues vulgaires, ont peut-être été écrits par divers alchimistes ; ils sont du plus haut intérêt car ils expriment la conception la plus gnostique de l’alchimie et décrivent des corps chimiques nouveaux et l’utilisation de procédés (baguette divinatoire) pour découvrir les métaux cachés au sein de la terre : De la nature des métaux, Le Macrocosme, Le Char triomphal de l'antimoine… Le plus connu restant Les Douze Clefs de la philosophie (http://hdelboy.club.fr/emblemes.htm/) Pour saint Valentin, on verra en son temps, mais vous les amoureux, vous pouvez d'ores et déjà penser aux cadeaux que vous voulez offrir... ou recevoir.
Un jour sans saint, ça ne devrait pas exister; on n'a personne à fêter, alors c'est la morosité. Pas trop envie non plus de ripailler ce midi, il faut bien digérer ! Pour un peu de douceur dans cette froide journée, il ne me restera qu'à rejoindre Mry pour le goûter ! C'est une bonne idée de remettre à l’honneur ce goûter en adultie.
J'ai le souvenir d'un goûter de mon adolescence, le meilleur de ma vie ; à 17 ans, forcément ! J'étais invitée pour le goûter un jeudi printanier (en ces temps reculés, le jeudi était le jour des enfants) chez ma future belle-mère (enfin, je croyais). J'avais la trouille au ventre, elle m'impressionnait terriblement, et d’être reçue chez elle était l’événement important de ce printemps. Vous pensez, j’étais présentée officiellement à la maman de mon chéri ! J’avais passé ma matinée à me préparer, comment m’habiller pour faire bonne impression ? Un peu de poudre sur le bout du nez, les jeunes filles ne se maquillaient pas à l’époque. Cette dame était la reine de la mousse au chocolat. Pas trop sucrée, le chocolat savamment dosé, un vrai nectar sur la langue. Tous mes sens étaient en éveil : je commençais par admirer cette coupe en cristal transparent qui laissait voir les nuances moirées du chocolat. Mon nez était émoustillé par les fragrances qui en émanaient. J’avais envie d’y plonger les doigts et de m’en barbouiller. A la première cuillerée en bouche, une oreille attentive entendait l’éclatement de la mousse sur le palais. Et explosaient alors les saveurs intimement mêlées des différents composants, un moment de pur plaisir, inoubliable. Mais jamais renouvelé.
Aujourd’hui, des décennies plus tard, je rêve de renouveler cette expérience gustative, si profondément ancrée dans ma mémoire que je peux la reproduire en pensée. Mais il y a loin de la coupe de mousse au chocolat à mes lèvres ! Et aucun grand cuisinier ne pourra jamais rivaliser avec cette dame dans ce plaisir qu'elle m'a offert en cette merveilleuse journée !
anarcho-agnostique et idéaliste pessimiste... et cyclothymique
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