A peine écloses les premières violettes que déjà fleurissent dans les journaux féminins les premiers articles sur la cellulite.
La première question à élucider, Mesdames, est de savoir si votre cellulite est fibreuse (incrustée, très dure et parfois douloureuse), adipeuse (sur les hanches, culotte de cheval, peau molle) ou aqueuse (problème de circulation mais peau souple). Bon appétit, Messieurs !
Il n'est pas en mon pouvoir de vous donner des recettes miraculeuses pour perdre ces amas disgrâcieux. Mais d'ailleurs, sont-ils si disgrâcieux ?
L'article le plus surprenant que j'aie lu est celui-ci (Grazia.fr - merci à Francesca Serra). Non, je ne suis pas une habituée des journaux féminins, je suis tombée dessus par hasard... mais qu'est-ce que le hasard, me direz-vous ?
Philosophie de la cellulite
Le syllogisme moderne "La cellulite, c'est moche / Or on a envie d'être belle / Donc on doit se débarrasser de notre cellulite" est source de multiples désagréments. Il nous condamne à un dilemme : faire du sport et manger sainement OU culpabiliser. Je me suis longuement penchée sur le problème et je suis parvenue à une solution révolutionnaire…
Il suffit de changer le premier axiome et ça donne "La cellulite, c'est beau". Évidemment, cela nous oblige à redéfinir la notion de Beau, mais bon, ça prend toujours moins de temps que de faire un régime.
1/ Socrate ou la Beauté bonne
Selon Socrate, la Beauté est la représentation du Bien. Donc la cellulite est belle et bonne. Vous savez pourquoi? Parce que, pour ne pas avoir de cellulite, il faudrait faire de la gym régulièrement.
Et la gym, c'est Le Mal.
Quand on sait comme les abdos sont heureux sous une petite couche de graisse, il faut être mauvais pour les en priver. Et foncièrement malsain pour contracter des fessiers dont la seule aspiration est de s'asseoir sur un canapé. Ou pire…PIRE… faire trembler ses gentils muscles sur un méchant Power Plate. (Suggestion de films d'horreur pour scénaristes en panne d'inspiration : "The night of the Power-Plates", "Screaming lady on a Power Plate", "Plate: the dark side of Power"…)
2/ Platon ou la Beauté pure
Selon Platon, le Beau est indissociable du Vrai. Et il se trouve que la cellulite est l'émanation d'une vérité transcendantale : les femmes stockent les graisses plus facilement que les hommes.
Ce qui est parfaitement injuste.
Donc la cellulite est belle parce que la vie est injuste (ma capacité de raisonnement m'effraie).
3/ Edmund Burke ou la Beauté sublime
Selon Edmund Burke, le Beau est harmonieux, tandis que le Sublime est disproportionné et terrible (ex : un typhon peut être sublime).
Une cuisse lisse, c'est harmonieux, c'est banal. Il n'y a rien à dire sur une cuisse lisse. C'est fade une cuisse lisse. Tandis qu'une cuisse criblée de petits trous graisseux, ça c'est terrible !
Là on accède au Sublime !
Comparé à la définition de la cellulite, le typhon peut aller se rhabiller...
Cellulite, nom féminin : lipodystrophie gynoïde ou anomalie du tissu graisseux dans sa répartition gynoïde, cloisonnée par des fibres conjonctives peu extensibles, perpendiculaires au derme.
4/ Kant ou la Beauté universelle
Selon Kant, la beauté est universelle. Ça tombe bien, la cellulite aussi est universelle : toutes* les femmes en ont.
*Je rappelle que les photos des magasines sont retouchées. Et que bien souvent, pour faire des économies de retouches - parce qu'un graphiste à plein temps sur la peau des top models, ça coûte cher - les publicitaires ont trouvé une solution : ils embauchent des mannequins de 14 ans. (Alors au lieu de jalouser les cuisses des filles sur les photos, on attend qu'elles aient passé la puberté et on en reparle après, hein…).
5/ Hume ou la Beauté subjective
Selon Hume, la beauté n'est pas une qualité intrinsèque des choses. Elle n'existe que dans l'esprit de celui qui la contemple. Il suffirait donc, pour en apprécier les charmes, de modifier notre perception de la cellulite.
Et pour cela, rien de tel qu'un changement de nom. Parce que cellulite c'est quand même connoté "moche". Et peau d'orange (saluons malgré tout la tentative poétique), c'est galvaudé. M'est avis qu'on peut trouver une dénomination plus efficace :
- version pop anglaise : l'elasticine
- version gourmande : les gelly capitons
- version indienne d'Amérique : peau vallonnée aux reliefs adipeux sous la grêle de l'hiver
- version scientifique : PEFS (pour panniculopathie oedémato-fibro-sclérotique).
J'ai de la PEFS sur les fesses, ça claque non ?
Annexes
A lire, pour approfondir le sujet :
- L'art de la mauvaise foi, Arthur Schopenhauer
- Et on tuera tous les affreux, Boris Vian
- Le crépuscule des idoles, Friedrich Nietzsche
La beauté d'une femme n'a qu'un temps. Ainsi Montesquieu a-t-il déclaré : "Dans les jeunes femmes, la beauté supplée à l'esprit. Dans les vieilles, l'esprit supplée à la beauté."
Tu parles d'une consolation ! Autant essayer de nous faire croire qu'"au lit, la bonté prime la beauté" ! On ne me fera jamais gober qu'un mec préfère une femme bonne à une femme belle. Puissé-je me tromper... Mais existe-t-il seulement des femmes bonnes ? bonnes au lit, peut-être, mais emplies de bonté... "serait-ce possible alors" ?
Je vais vous faire une confidence : moi je préfère un beau mec à un mec bon ! Mais bon, le beau mec n'est peut-être beau que parce qu'il me plaît ? Va savoir !
De toute façon, à mon âge, avec ma cellulite, comme si je pouvais me permettre de faire le héron !
Que vaut la beauté, que vaut la richesse,
Que vaut la gloire, que vaut la grandeur,
Puisque la mort, tout à sa guise,
Fait la pluie et le temps sec,
Puisqu'elle serre tout entre ses bras,
Tout ce qu'on dédaigne et tout ce qu'on apprécie ?
Celui qui a refoulé sa peur de la mort
C'est celui-là qui excite le plus la mort,
Aussi va-t-elle vers lui d'abord.
Un corps bien nourri, une peau bien douce
Vous font une chemise de vers et de feu :
Plus on prend ses aises, plus on se blesse.
Hélinant de Froidmont (v 1160-1220)
Rédigé par : Le Nain | 25 février 2011 à 11:01
6/ Nietzsche ou la Volonté de Beauté.
Ce n'est pas la cellulite qui est difficile, c'est le difficile qui est la cellulite.
Rassurez vous mesdames car nombre de mes congénères sont prêts à toutes les courtoisies à propos de vos formes, dès lors que cela reste circonscrit dans un 5 à 7 humide.
Et après il se trouvera encore des esprits chagrins pour contester que l'homme soit généreux et magnanime. Ingrates !
Rédigé par : JeanBalthazar | 25 février 2011 à 14:51
Caritate, un léger massage peut-être ? ou plus si affinités...
Rédigé par : Jean-François | 25 février 2011 à 16:22
Comment être ingrate quand des hommes aussi exquis que vous tous fréquentent mon blog ? Mon Dieu quel bonheur, mon Dieu quel bonheur, d'avoir des lecteurs qui commentent.
Mon Dieu quel bonheur, mon Dieu quel bonheur, d'avoir des lecteurs comme menteurs !
Rédigé par : Caritate | 25 février 2011 à 18:19
Il n'y a pas de mensonge qui ne soit gentilhomme.
Rédigé par : cruella | 25 février 2011 à 18:43
Pfff... chère amie, j'ai déjà vu des femmes qui ressemblaient à des guenons ensorceler un auditoire et repartir d'un dîner avec des hommes qui se battaient pour les suivre
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 25 février 2011 à 22:32
Pour de bon ? Les hommes m'étonneront toujours...
Rédigé par : Caritate | 25 février 2011 à 22:55
Les femmes sont étonnantes, à un point tel qu'elles ne laissent parfois pas d'autres choix que de décevoir ; heureusement il reste toujours une voisine de palier avec qui se consoler.
Rédigé par : JeanBalthazar | 26 février 2011 à 20:03
Mais qui sont donc ces femmes qui ont le toupet de décevoir le fils du père Fouettard ? Qu'on me les désigne, que je les châtie, les traitresses ! Mais reste-t-il encore une petite place sur ton palier ? J'en doute fort...
Rédigé par : Caritate | 26 février 2011 à 21:06